dimanche 29 novembre 2015

Sujet du Mercredi 02/12/2015 : La critique est aisée mais l’art est difficile ?



                              La critique est aisée mais l’art est difficile ?
« La critique est aisée, mais l’art est difficile » : Cette locution proverbiale remonte à 1782, où elle figure dans la pièce de théâtre « Le glorieux » de l’auteur et comédien Philippe Néricault, dont le nom de scène était Philippe Destouches ; il a lui-même emprunté cette expression (en la traduisant) à l’historien  grec Polybe.

Pour le sujet traité ce soir, qui est à la forme interrogative, le terme « art » renvoie à une généralité : la maçonnerie, la cuisine, l’écriture, la mécanique, etc…. peuvent être considérés comme des arts au sens grec du terme « Tekne ».
La question est donc, dans le cadre du café philosophique, de savoir si cette locution est aussi évidente qu’elle en a l’air. 

La critique permet un contrôle et une réaction contre la crédulité. Elle est un des éléments essentiels de la philosophie, c’est-à-dire ne pas accepter une assertion sans contrôle, sans l’expérience qui valide. Donc, c’est réagir ; ce n’est pas : « je sais tout, j’ai raison ». 

Quant à « pourquoi critiquer ? », on peut imaginer trois réponses : 


  • 1 - Critiquer pour quelque chose, avec raison, pour l’intérêt que l’on porte à la chose, à une idée, un comportement, un concept, et enfin, déjà comprendre le sens qu’apporte cette chose comme avantage, ou comme inconvénient.

  • 2- La critique  qu’elle permet d’ouvrir un dialogue qui va permettre de tenter d’admettre ou de rejeter une interprétation initialement adoptée.

  • 3 - La troisième raison, qui est moins noble, est celle qui émane d’un esprit trivial malsain qui utilise la critique dans l’intention de diminuer celui à qui elle s’adresse, pour nuire ou détruire.

Mais ce troisième point tombe e lui-même si on exige que la personne qui émet une critique ait, fasse la preuve, démontre, qu’elle a une connaissance du sujet que l’on veut critiquer.

Quant au « comment critiquer ? », deux manières au moins se dégagent.

  • La manière positive qui consiste à donner son avis, un jugement  d’évaluation, ou de valeur qui n’engage que ses idées ou les goûts de celui qui s’exprime. Ce n’est pas parce que j’émets une critique que je suis absolument sûr d’avoir raison, et je ne critiquerai pas pour démolir une personne, mais pour ouvrir un dialogue.

  • La seconde négative, c’est quand on critique dans le but d’avoir raison à tout prix, et qu’on réfute tous les arguments sans démonstration; cela se réduit au final à un monologue, il n’en ressort rien.

Je ne peux m’exprimer et critiquer que sur un sujet que je connais bien, que je maîtrise un peu.
La critique s’adresse à des individus, un public. Le « pourquoi critiquer »  met en relief aussi le danger de ne pas critiquer et de risquer de consentir à l’inacceptable. Ne rien dire, peut être ressenti comme consenti, « qui ne dit mot, consent ». Le « comment critiquer ? » suggère que nous devons préparer notre critique, consciencieusement, en choisissant bien nos mots, arguments, et expressions, afin qu’elles soient acceptées par tous, et ainsi franchir des lignes de résistance, et que chacun la reçoive pour se protéger des influences extérieures, plus ou moins nocives
.
Critiquer est une liberté, mais pour cela il faut avoir l’esprit critique. Pour l’acquérir, il faut se frotter aux paroles et aux mots des autres, à la lecture ; il faut chercher à s’informer. Cela se fait aussi grâce aux médias, sachant que souvent l’information est réservée à des…. « experts », de là, leur critique peut-elle être considérée comme objective ? 

Il est intéressant pour cela de voir le film « Les nouveaux chiens de garde » (tiré de l’essai de Serge Halimi) ; le synopsis nous dit (Source : RMC.fr) : « Les médias se proclament contre-pouvoir. Pourtant, la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations prémâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur. En 1932, Paul Nizan publiait « Les chiens de garde » pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en gardiens de l’ordre établi. Aujourd’hui, les chiens de garde, ce sont ces journalistes, éditorialistes et experts médiatiques devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social. Sur le mode sardonique, « Les nouveaux chiens de garde » dressent l’état des lieux d’une presse volontiers oublieuse des valeurs de pluralisme, d’indépendance et d’objectivité qu’elle prétend incarner. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d’une information pervertie en marchandise. » 

Comment exercer notre critique face à ce maillage des « experts » ? D’où provient leur savoir ?
Il y là une orchestration de la critique qui n’est que fausse critique, et qui nous abuse. Ceci n’empêche pas que, dans son fonctionnement, la critique est la confrontation du discours qui appelle l’échange. C’est un discours qui corrige l’autre discours ou qui le refuse ; c’est donc une  nécessité humaine. La critique est un impératif, puisque c’est la recherche d’une vérité honnête. Ainsi, la critique est un éclairage du genre humain et c’est un moteur du lien social. Probablement aussi la base de l’exercice philosophe : « douter de tout »

“Le doute est la clé de toute connaissance.”

« C’est une honte de se taire et de laisser parler les Barbares. » Euripide.

« Ayez le culte de l’esprit critique ». Pasteur, dans son discours d’inauguration de l’Institut Pasteur le 14 novembre 1918    .

« C’est bien le moins qu’un cul-de -jatte ait le droit de critiquer un champion cycliste. »
Louis Scutenaire, dans Mes inscriptions.   
                                              
                                                     SUJET A VENIR :
                                                  Mercredi 09 décembre
                                                     Le complotisme.         

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