dimanche 25 mars 2018

Sujet du Merc. 28 Mars 2018


Dans quelle mesure le travail est-il constitutif de l’homme ?

 
La conscience de l'homme  se déduit de son existence au lieu de l'inverse (comme l'admettait initialement  l'idéalisme allemand) car l'homme doit d'abord se nourir, se vêtir et avant de penser à faire de la politique, de la science, de l'art, de la philosophie, etc…. La  prise de conscience sensorielle humaine du monde  n'est pas une action  abstraite humaine, mais un trait caractéristique inné de l'homme conduisant à l'activité humaine,  à l'oeuvre, au travail dont le principe consiste en un mouvement constant pour changer le monde et l'adapter dans un long processus (qu'on nomme l‘Histoire humaine) aux besoins du genre humain (au lieu de s'adapter aux réalités  du monde existant en tant que tel. C'est ainsi que l'homme se crée progressivement lui-même. Cette auto-production est le propre du genre humain qui le différencie de tout autre être vivant.
         Hegel ne reconnaissait le travail de l'homme qu'en tant que processus le conduisant vers lui-même (ce qui veut dire pour Hegel vers la conscience). Marx connait la conception du travail an tant que projet générique de l'homme qu'il ne partage avec aucun autre être vivant au monde. Si bien que  l'homme finit par arriver à travers son activité qui le transforme et fait de lui en même temps un éducateur de lui-même et d'autrui. Pour cela les hommes ont besoin  de leurs semblables sans lesquels ils ne peuvent pas satisfaire leurs besoins. Au fur et a mesure que la societé devient complexe, l'assistance mutuelle des hommes est nécessaire. L'homme possède la langue comme moyen le plus sophistiqué de communication Une langue qui n'est parlé et comprise véritablement que par un seul homme est un non-sens (Robinson Crusoe qui a quand même un esclave à sa disposition doit recommencer pour survivre  lá ou les humains étaient arrivés déja quelques  millénaires auparavant.) En entrant mutuellement en communication les hommes ont pu s'entraider avec leur travail et progresser. L'Histoire humaine progresse de facon dialectique, si bien que l'esclavage peut  être considéré comme un progrès par rapport au „Urkommunismus“ („communisme primitif“) et Louis XIV qui favorisait la manufacture et accordait un  rôle important au roturier Colbert  comme véritable initiateur de la révolution Francaise au lieu de certains philosophes des lumières.
         Le progrès le plus énorme a eu lieu en France a la fin du 18ième siècle lors de l'abolition de la noblesse  en mettant fin a ce qui restait de superstitions et toute sorte d'írrationalité  du Moyen âge et qui signifiait  une barrière  a toute production efficace ,  empêchant les sciences naturelles, et le matérialisme et la connaissance de la  dialectique allemande conduisant vers un autre mouvement des sciences, comme la découverte du radium, l'elektronique, etc…. Cela avait des conséquences pour la société humaine en passant par l'accroissement du capitalisme nécessaire á toute productivité vraiment  supérieure et vital pour la survie de l'humanité qui est menacée par une autodestruction par des crises de plus en plus inquiétantes. Mais une formation sociale ne finit jamais avant qu'elle n'ait développé la totalité de ses forces productives, avant que ces dernières ne soient développées entièrement au sein de l'ancienne société et de la société active majoritaire.et donc nouvelle. C'est pourquoi on a dit que l'humanité ne se pose que des tâches qu'elle peut résoudre. Ou qu'elle doit résoudre sous peine de sa disparition finale.

lundi 19 mars 2018

Sujet du Merc. 21/03 : Conséquences de la déconstruction des valeurs.


     Conséquences de la déconstruction des valeurs.

L’humain est un animal grégaire assez remarquable. Chaque individu agit au sein d’une société en interaction les uns avec les autres. « Ces relations entre individus sont des « relations sociales ». Les relations sociales forment les « valeurs sociales » et celles-ci se manifestent sous la forme de « normes sociales » qui, inscrites au plus profond de la conscience des gens, servent à orienter leur comportement dans la société. » (Diogène, 2008/1 (n°221), p.73)
Ces valeurs sociales sont donc des attributs et des perceptions qu’une personne partage avec des membres de son groupe social. Elles peuvent être constitutives d’une morale qui peut permettre de juger des actes et construire une éthique personnelle. Elles ont un double statut à la fois subjectif, car elles sont constitutives d’un ressenties par les individus, mais aussi d’une certaine manière objectives, car partagées socialement.
Dans leurs ouvrages De la justification (Gallimard, 1991), le sociologue Luc Boltanski et l’économiste Laurent Thévenot considèrent qu’une valeur ne peut avoir un statut universel, mais au contraire tout un système de valeurs relativement disjointes, qu’ils appellent des « cités » et qui constituent des ensembles cohérents de référentiels, normes, figures, etc. Ils estiment que chaque individu n’est pas enfermé dans un système de valeurs, mais qu’il peut mettre en place plusieurs d’entre elles en fonction des situations.
Cette première approche d’une définition de la valeur nous permet de mettre en évidence que celle-ci peut varier dans l’espace et dans le temps.

Pour Montaigne, il y a avant tout une somme d’usage et de tradition à laquelle une société adhère, car cela lui donne une cohésion dans l’espace et dans le temps et le fait d’affirmer que cette tradition relèverait d’une morale, et donc d’une somme de valeurs, serait une forme de justification apostériori de quelques choses qui est déjà là, une justification politique. Si nos usages sont les nôtres, qu’ils sont déjà là et nous permettes de vivre ensemble, c’est que c’est bien. C’est pour cela que les doctrines politiques reposant sur la morale sont bien souvent conservatrice, elles font l’apologie de ce qui est toujours en place. L’apologie de la tradition sur l’invention.
Les progressifs sont parfois vus par les personnes qui leur sont opposés, comme des personnes immorales à cause de leurs désirent de changement, du fait qu’ils bouleversent l’ordre établi, la tradition déjà présente et donc le système de valeur en place.

Nous vivons à une époque où nos sociétés sont en pleine mutation. L’éclatement de nos institutions traditionnelles ainsi que l’émergence des effets de la philosophie libertaire sur les individus ont induit des conceptions différentes de la société et par conséquent des valeurs politiques. La déconstruction des valeurs ne serait-ce donc pas plutôt une reconstruction des valeurs qui correspondrait à ces nouvelles conceptions de la société? Pour autant, les débats qui rythment notre société depuis plusieurs années montrent un clivage important entre les personnes qui sont toujours dans le prisme des valeurs traditionnelles et ceux qui rejettent ces anciennes valeurs.
L’idée d’une société partageant dans son ensemble des mêmes valeurs semble être une idée utopique. Mais est-il encore possible de construire des consensus politiques responsables sans mettre en avant des valeurs et sans céder à une panique morale, car c’est comme cela que devrait fonctionner la démocratie? Une société des valeurs ne saurait être une société de droit et cela serait l’inverse de la démocratie.

lundi 12 mars 2018

Sujet du merc. 14 Mars 2018 : Bienveillance et exigence au café philo.



Bienveillance et exigence au café philo

PAR ALICE CHALANSET ( " Café philo Vavin " à Paris )
Philos n' 57 - Août-Sept. 97

[La question a bien été posée à Marseille] de la balance entre bienveillance et exigence [de la part de l'animateur d'un café philo]. J'élargirais simplement un peu le débat en disant qu'il ne s'agit pas de la relation entre animateurs, qui est finalement marginale, mais de la relation à l'inté­rieur des cafés entre animateurs et "public". C'est là peut-être qu'existe quelque dissonance ou dissension entre nous, même s'il m'a semblé [ ... ] que la (re)conciliation s'avérait à tous souhai­table et possible, à condition que chacun témoigne d'un minimum de tolérance à l'égard de la pra­tique des autres.     

Entendre toute parole en la tenant par principe comme égale à toute autre me paraît relever, non de la tolérance (il y a des maisons pour ça disait Claudel) mais d'une condescendance.

Une telle position me paraît anti-philosophique, contraire à la mission de chaque philosophe (ou animateur non philosophe de métier), mission merveilleusement définie par Spinoza sous le nom de "générosité" : "aider les autres et se lier avec eux d'amitié," Je ne saurais me lier de la moindre amitié avec celui dont je reconnaîtrais, ou sentirais l'erreur, ou l'approximation (car il y a sinon du vrai, du moins du faux en philosophie, et toute la philosophie s'emploie à le combattre (préjugé, illusion, projection, idée reçue, etc.) me refusant à lui donner, à rectifier, par peur de passer pour pédante, je laisserais se perpétrer la doxa, ce qui témoignerait du plus grand mépris pour les autres. Ils ne savent rien, mais je dois respecter leur parole, et œuvrer pour leur joie de parler, sans être corrigés ni interrompus.       
        

Chacun est égal devant la pensée. Mythe destructeur.   

 
Je veux bien qu'à chacun soit donnée la parole, mais il y a d'autres lieux pour ça, le poétique, le politique, le psychanalytique, etc. Et n'appelons pas café "philo" ces lieux où de la parole libre circule, sans critère d'évaluation, sans références, sans travail de la raison, sans exigence.
Car en philosophie en tout cas, il y en a qui sont "plus égaux que d'autres". Pas forcément les plus "savants" mais ceux dont la pensée est claire, qui savent s'exprimer dans un ton qui n'est ni prophétique ni lyrique ni apocalyptique, ni affectif, mais dans le ton de la philosophie, plus proche du ton de la pensée rationnelle, scientifique (même s'il y a un plus, la référence aux valeurs) que dans le ton de l'affect (enthousiasme ou indignation pour dire court).





La parole spontanée est émouvante certes, en tout cas à mes oreilles, mais elle est souvent sans rigueur.  

Elle risque de n'être entendue aussi que d'une façon purement affective, et projective, approuvée ou rejetée sans intervention de la rationalité, d'où le conflit. Et elle se trouve donc privée de toute efficacité dans le champ de la philosophie et dans le champ de la politique. "Faut pas rêver", comme dit l'autre, je peux être sensible au rêve mais je ne le confonds pas avec les exigences de la philosophie, moins encore avec celle du champ de la politique.
1   - Il n'y a pas d'opposition entre bienveillance et exigence. Si je veux vraiment le "bien" philo­sophique de l'autre, et le mien propre, qui se confondent, c'est à dire l'avancée dans la pensée, je souhaite qu'il progresse dans la pensée, la cohérence, la rigueur, et pourquoi pas la "culture".
2    - Ce que j'appelle philosophie a son territoire spécifique, défini par les modalités de la parole et de l'échange. Cette parole se distingue en tout cas clairement de la parole du sujet dans les lieux où elle sert d'exutoire, et où il s'agit d'accéder à la vérité du sujet.
En philosophie on vise tout de même une certaine vérité sur l'objet (objet de pensée, de réflexion), une parole philosophique distincte de la parole politique directement ordonnée au pouvoir. Pure technique de persuasion. La parole philosophique se distingue encore de la parole poétique.       


Le passage de la "philosophie spontanée" à la "philosophie réfléchie"
J'ai pour ma part le souci, dans mon café, comme dans mon enseignement, de permettre aux gens qui n'y sont guère préparés par ailleurs, d’accéder à ce territoire propre de la philosophie, à ce type de parole et d'approche du monde, à ce type d'échange. Il y a d'autres types de parole, d'ap­proche du monde et d'échange, et je reconnais leur légitimité, mais en tant qu'animateur de café philo, je suis là pour faire connaître ce qui est le territoire propre, le style propre et les valeurs de la philosophie.
3     - D'où une dernière remarque the last but not the least, sur les modalités de la distribution de la parole au café philo. Une simple juxtaposition d'énoncés commandée par le principe du rendement (que le maximum de gens s'expriment, dans le minimum de temps), ne me paraît pas relever de ce que j'appelle philosophie.
Chaque intervention est respectable certes, mais elle mériterait un approfondissement, un pro­longement, un commentaire, une réponse. Et donc il faudrait que chaque fois puisse s'engager un vrai dialogue à partir d'une intervention, ce qui permettrait d'avancer dans la pensée et de constituer du philosophique (passage de la "philosophie spontanée" à la "philosophie réfléchie" dont parle Gramsci).
II n'y a de progrès pour chacun que par le dialogue. Or curieusement, c'est ici le dialogue qui se trouve interdit ou impossible.
Peut-être faudrait-il alors être moins nombreux, ou que certains acceptent de renoncer à la prise de parole par respect du progrès de la pensée, et parce qu'ils comprennent que l'enjeu, est, encore une fois, le progrès de la pensée, de la connaissance, et non la liberté pour chacun de s'exprimer et d'être écouté - encore une fois il y a d'autres lieux pour ça.

Sujet du merc. 09/10/2024 : Quand on nait, qu’est ce qu’on est ?

  Quand on nait, qu’est ce qu’on est ? «  Il y a le gène de la méchanceté et celui de la bonté, celui de l’intelligence et celui de la b...