POURQUOI
PAS LE GENRE POUR TOUS ?
Mots clés : idéalisme,
matérialisme, esprit, matière, particularisme, relativisme, nihilisme,
universalisme, éthique, les Lumières, Kant, French philosophy, déconstruction,
idéologie, métaphysique, aliénation, espèce, binarisme, théorie du genre,
genrisme, wokisme, aliénation, eugénisme, transhumanisme, désir, plaisir, Epicure,
Rabelais, Socrate.
1. Sur le plan matériel, biologique et naturel un genre particulier est
assigné à chacun à la naissance, masculin ou féminin. C’est la nécessité de la
perpétuation des espèces par voie sexuée. Il existe pourtant des espèces, voire
des individus hermaphrodites à divers degrés. Ils possèdent les deux sexes et
peuvent parfois se reproduire par les deux voies avec un partenaire. Il y a
donc dans la nature non-binarité sexuelle individuelle comme exception au sein
de certaines espèces.
Ceci porte à réfléchir à la
matérialité de la chose. Y compris pour l’humanité.
2. A côté de la matérialité,
il y a l’esprit qui lui est néanmoins nécessairement lié. Allant au-delà et
envisageant le caractère « spirituel » particulier aux hommes, on constate
l’infinie souplesse et la grande disponibilité de l’esprit et du psychisme
humains tels qu’illustrés dans les arts et l’inventivité dont fait preuve, par
exemple, la multitude des morales des différents groupes humains.
A partir de là tous les points
de vue, tous les particularismes, idéologies et métaphysiques sont concevables.
Ils s’expriment à profusion dans les religions et littératures du monde entier.
Le romantisme en est un exemple patent. La question n’est-elle pas alors de
déterminer si, pour l’espèce humaine, l’éthique a un caractère universel tel
que le prône par exemple Kant et les Lumières. Ou si elle est particulière,
plurielle. Et sous quelles conditions.
3. Sur le plan pratique de la
vie en société et en politique, on incite aujourd’hui à « s’éveilller »
(le « wokisme ») au caractère possiblement suranné de la culture et
de l’éthique dominantes de la philosophie des Lumières fondée sur la raison
positive. Il s’agirait de « prendre conscience » des particularismes
qui s’opposeraient à l’universalisme rationnel unifiant l’espèce humaine.
- Tout d’abord quelles sont les causes de cette
mouvance ? Ses origines remonteraient à la réaction romantique du XIXe
siècle aux Lumières, l’énonciation du principe d’incertitude-indétermination de
Heisenberg de la mécanique quantique, l’irruption des désastres mécaniques,
chimiques et biologiques des nouvelles guerres et des développements
technologiques échevelés des dernières décennies … Elles remonteraient aussi
aux bouleversements socio-culturels issus de l’absurde oxymore de 1968
« Il est interdit d’interdire », traduit par les instances
dirigeantes par « Tout est permis » ; sauf de changer le
principe existentiel du pouvoir, à savoir la concentration des profits
autoréalisateurs de ce pouvoir multiforme structurant le monde.
- Après la critique des causes du phénomène, on peut se
demander comment s’en traduisent les résultats et les dérives, eux aussi
critiquables. Cette critique vient en complément des points précédents, à
savoir que les particularismes minoritaires ne sauraient prévaloir ni sur la
volonté de la plus vaste majorité (mais simplement bénéficier d’une
bienveillance relative) ni sur l’universalisme de l’espèce.
Ce qui suit obéit-il à ces
deux critères éthiques opposés à tout absolu idéaliste ? Ou ne verse-t-il
pas plutôt dans le relativisme totalitaire du « Tout se vaut »
conduisant au « Rien ne vaut » (nihilisme nietzschéen) qui dès lors
laisse place à « Le plus fort emporte tout ». C’est tout
naturellement ce que poursuivent assidûment les puissants qui encouragent les
composantes du « wokisme », initiées au moins dès les revendications
pulsionnelles jeunistes de « Mai ‘68 ». Les dominants ne se
disent-ils pas : « Donnons-leur – et même inventons-leur,
enseignons-leur – tous les choix et libertés factices possibles pour qu’ils s’y
aliènent pleinement dans un vide de valeurs éthiques déconstruites par une
confusion mentale orchestrée. Fournissons-leur tous les choix marchands par lesquels
se laisser aller à leurs pulsions multiples et particulières toujours
renouvelées. Ceci à notre plus grand profit marchand et politique. Dès lors
qu’ils fassent leurs choix sans cesse renouvelés par l’offre du marché. Choix
que nous leur offrirons par le biais d’une théorie critique et pratique de la société
« patriarcale et genriste » que, précisément, nous avions promue à
toute force pendant l’ère précédente.».
Le « wokisme » définit le « genrisme » ou
binarisme de genre comme un système de croyance social et culturel selon lequel
le genre serait binaire et que les aspects genrés seraient intrinsèquement liés
au sexe, lui-même univoquement assigné à la naissance et strictement déterminé
par la biologie de l’individu. Le genrisme se définit aussi comme incluant
l’aspect physique, le comportement, l’orientation sexuelle, les noms et prénoms
ou toute autre qualité attribuée à la représentation du genre à la naissance.
A contrario
du genrisme ainsi défini, la théorie des choix de genre inclut diverses
sexualités telles que homo-, bi-, hétéro- et a-
sexualités ou encore les omni- et alter- sexualités, plus les infinies
orientations romantiques. Cela renvoie à un sentiment d’identité sociale et
personnelle basé sur des attirances et des comportements. In fine on
constate qu’au-delà de l’hermaphrodisme naturel d’exception chez les hommes,
les choix de genre sont effectivement non seulement socio-politiques, mais
aussi le plus souvent incohérents avec la matérialité du sexe à la naissance.
Un comble ? Pas pour tous, loin de là !
4. Par analogie abusive et fallacieuse
avec des exceptions au sein de l’espèce (nécessaires parce que naturelles) on
changera matériellement de sexe à volonté (trans-sexualité), on s’orientera
« au fil de l’eau » et au gré des préférences individuelles vers un
redoutable eugénisme transhumaniste. On dériverait ainsi selon notre vain désir
(ni nécessaire ni naturel, cf Epicure) vers une factice modification matérielle
de l’espèce, une transmutation programmée en une ou plusieurs espèces
post-humaines.
Paraphrasant François
Rabelais, on dirait aujourd’hui que « sciences et technologies sans
conscience éthique (Kant) ne seraient que ruine de l’âme ». Ou plus
simplement que « un mauvais gars ne saurait atteindre la sagesse » et
que « savoir sans comprendre ruine l’entendement, déconstruit l’esprit et
trouble le psychisme des hommes ». La « French philosophy »
(Deleuze, Foucault, etc.) de la deuxième moitié du XXe siècle, reprise par les
campus étatsuniens et qui nous revient aujourd’hui en plein buffet, s’oppose à
la matérialité de la raison positive, aux sciences, aux philosophies
matérialistes. Mais cela n’est que peu perçu par les contemporains.
Epicure, reviens !
Rabelais écrivait en 1532 dans La vie très horrifique du
grand Gargantua, père de Pantagruel, jadis composée par M. Alcofribas
abstracteur de quintessence. Livre plein de Pantagruélisme : « Mais,
parce que selon les dires du sage Salomon, Sapience et Connaissance n’entrent
point en âme malveillante, il te convient servir, aimer et craindre Dieu, et
lui remettre toutes tes pensées et tout ton espoir ; et par une foi
charitable lui être fidèle, en sorte que jamais tu ne t’en écartes par
péché. »
Sacré François, toi aussi comme Giordano Bruno et Galileo
Galilei des Renaissance, Inquisition et guerres de religion, tu crains pinces,
écartèlements et bûcher ! Pour nous, c’est plutôt le mode économique,
social et politique actuel qui fait barrage. Il en confine beaucoup en
« Asilie » d’aliénés courant en liberté. Si la théorie des genres est
issue de ce mode, ne le conforte-t-elle pas aussi en retour par une fallacieuse
prétention à un progressisme ultime, oublieuse de sa collaboration à la
main-mise des dominants ? Nous y opposer confinera sans doute bientôt à
l’ostracisme social (à l’instar de Socrate) et sans doute à pire encore*. Sauf
à carrément l’affronter. Avant qu’il ne se fasse tard ...
* Des sources estiment
le coût annuel des « discriminations genristes » en France en 2022 à
118 milliards d’euros (sans plus d’explications) !