dimanche 25 juillet 2021

Sujet du Merc. 28 Juill. 2021 : Diaboliser le CO2, c’est odieux ! L’homme zéro carbone.

 

Diaboliser le CO2, c’est odieux !

L’homme zéro carbone.

 

Il y a actuellement beaucoup de gens qui voudraient « sauver la planète ». Et puis quoi encore ? Ils feraient mieux d’essayer d’abord de se sauver eux-mêmes, ce serait toujours çà de gagné pour boucher le trou de la sécu. Je parle bien sûr de tous ces mystificateurs qui voudraient nous culpabiliser, au prétexte que l’évolution climatique est directement liée à l’activité humaine, particulièrement celle qui génère le fameux CO2.

 

 Il est pourtant évident que notre bonne vieille terre subit actuellement les effets tangibles d’un cycle thermique qui se manifestent, entre autres, par le recul de certains glaciers. Car il faut savoir que l’accroissement actuel de l’activité solaire est directement responsable de ces phénomènes comme ce fut jadis souvent le cas par le passé. Sinon comment expliquerait-on autrement l’augmentation actuelle de la température sur toutes les planètes de notre système, ou bien comment rendrait-on compte de l’existence de vignes en Ecosse au moyen âge, ou de la culture du blé par les Vikings au Groenland quelques siècles plus tôt. 

Quant à l’effet de serre peu de gens peuvent définir ce qu’est vraiment ce phénomène et expliquer s’il est cause ou effet du réchauffement. En effet n’est-ce pas parce que le soleil est plus actif que la température augmente, et qu’ainsi davantage d’eau s’évapore et donc que l’atmosphère se charge ? Précisément se charge en vapeur d’eau, premier gaz, et de loin, responsable du fameux « effet de serre ». Et en ce qui concerne le dioxyde de carbone, avec lequel on nous satanise, par exemple dans le débat sur la fameuse taxe, il n’est qu’un composant très marginal du mélange des gaz atmosphériques (0,038%) et même si son augmentation conjoncturelle est réelle, elle ne saurait aggraver son rôle de manière sensiblement significative, ni par conséquent étayer le moindre début preuve de son influence éventuelle sur l’augmentation infime de la température moyenne du globe. Alors, à qui profite la clim ?

 

Il ne fait plus de doute qu’une pensée unique s’est installée dans les esprits sur la responsabilité des hommes dans l’évolution du climat. Dogme qui justifie que la culpabilisation qu’on leur fait porter doit être à la mesure des pressions que l’on va exercer sur eux. Car on va le payer cher, évidemment si nous sommes solvables et parce que tout le monde ne pourra pas, ou ne voudra pas, participer à l’effort «  vert ». Le prochain sommet de Copenhague est couru d’avance, comme ce fut le cas pour Kyoto.

 

Derrière toute cette agitation entretenue par les prêtres subventionnés de la nouvelle religion, qui doivent bien justifier leur pain quotidien, pavane, fièrement adoubée par un jury scandinave, l’institution papale du nouveau Vatican : le GIEC bras armé de l’ONU. Par un modèle d’imposture scientifique (qu’heureusement on commence enfin à décoder) cet organisme déclare sa loi suprême sur l’obligation de réduire drastiquement les « gaz à effet de serre », sans autoriser la moindre contestation. Toute la hiérarchie écologiste relaye avec le plus grand zèle cette position officielle, et les gouvernements y vont de leur démagogie plus ou moins accentuée pour rester au diapason d’une opinion publique apeurée par les zozos Gore, Hulot, Bertrand et Cie. 

On a alors des illuminations grenellistiquement correctes comme la « taxe carbone » à efficacité plus que douteuse, des  «  éoliennes » ridicules, des « politiques de transport en commun » stupides, des « énergies renouvelables » absurdes, des « bio carburants » lamentables, des « ampoules basse consommation » cancérigènes, des  «  isolations thermiques » comiques, des  «  ventes de permis d’émission de CO2 » grotesques, des « subventions diverses pour équipements domestiques « citoyens » » incohérentes et démagogiques etc… etc…

Car il faut, non seulement « sauver la planète », noble mission de la nouvelle église, mais aussi sauver l’homme qui vivra avec. Tout un programme. 

Alors, au lieu de s’emparer et de s’atteler aux vrais problèmes de l’humanité ( gestion mondiale de la ressource en eau, lutte contre le sida, faim dans le tiers monde, développement des terres cultivables, réduction de l’illettrisme, traitement des déchets urbains …), on nous amuse avec des gadgets comme le passage de 130 à 110 km/h sur les autoroutes , l’heure d’hiver, l’obligation de pisser avant de prendre l’avion, au prétexte que çà réduit les « bilans carbone », ou, mieux encore, d’ aller, la nuit, aux toilettes sans allumer le couloir.

 

Si l’on n’a pas trop de difficultés à deviner comment les hommes s’adapteront aux évolutions de l’exploitation des ressources de la planète, en particulier par la progressivité de l’épuisement des stocks d’énergies fossiles, et dans le contexte du rattrapage par les pays « émergents » de leur propre développement, justement au moyen de ces énergies, on a, par contre, beaucoup plus de mal à imaginer comment sera «  l’Homme Zéro Carbone ».

 

L’ « Homme Zéro Carbone » sera, sans nul doute, un vrai zombie. Vivotant dans une grotte et ses environs immédiats comme un troglodyte efflanqué, ayant supprimé les élevages intensifs de bovins et ovins pétogènes, il erre dans la campagne fleurie, cherchant des champignons hallucinogènes et des protéines de substitution, trottinant à pied dans les hautes herbes et il tire avec son arc  des flèches en bambou sur les étrangers parvenus à maturité qui ont encore l’audace de se balader avec leurs 4X4 rescapés des réquisitions préfectorales. Immigrés qui bravent en permanence les lois sécuritaires de son beau pays malgré les risques de subir les violences de la féroce répression policière. Les lapins de garenne qui prolifèrent grâce aux protections qu’ils ont obtenus pour leur « développement du râble », lui chapardent les salades de son jardin bio, un potager qu’il essaye de cultiver avec les obligations éthiques de n’y utiliser, pour nutriment, qu’un compost naturel fermenté sans le moindre dégagement de carbone gazeux. 

Pour se chauffer et se couvrir par temps froid, il fait des joggings en hululant, même de nuit (surtout s’il y a la pleine lune), et se vêt comme il peut. Car il n’a pas droit aux fibres textiles hautement carbogènes, le mouton sauvage étant une bête à poils laineux, à poils haineux, à poil. Pour sa reproduction autocloonique, c’est encore plus difficile. Pas question de faire des photocopies à cause de l’encre carbonée. 

Non, l’Homme Zéro Carbone ne se reproduit que de bouche à oreille, un comble de l’érotisme. Son système sexué ayant en effet perdu toute vigueur, il faut bien qu’il y substitue un ersatz aqueux, ce qui lui donne tout de même l’assurance de ne pas rester en panne sèche, dans les moments les plus décisifs du tirage aléatoire de sa courte paille.

 

Bref, toute une nouvelle existence, difficile, il faut en convenir, attend le nouveau messie. Zéro carbone ou Zorro carbone, il y a du justicier dans le personnage, il faut lui reconnaître un certain courage. Mais sans doute un courage que ne s’imaginaient pas ses pères concepteurs. 

Toutefois, il convient de noter une consolation dans cette vie d’ascète des temps post modernes à connotation rousseauiste rétroactivement typique : la température de la planète n’a augmenté que de 0,0006 °C depuis trois siècles alors qu’elle aurait augmenté de 0,0008°C si les pionniers du Nouveau Monde n’avaient pas veillé sur lui. Il est sauvé et il sait à qui il le doit.



 

dimanche 18 juillet 2021

Sujet du Merc.21 Juil. 2021 : La science est-elle la panacée qui va sauver le monde ?

 

La science est-elle la panacée qui va sauver le monde ?

 

Tout d'abord définissons le domaine de validité du « monde » pour cette problématique : il s'agit du monde des Hommes, l'environnement, les interactions et les questions.

 

Une panacée c'est un remède universel qui soigne tous les problèmes.

 

La science c'est l'ensemble des travaux et des résultats des sciences. C'est la connaissance exacte, universelle et vérifiable exprimée par des lois.

 

La science repose sur des principes rationnels immuables. Elle seule peut appliquer au monde la connaissance du réel et la rigueur mathématique qui sauve de l'absurdité de sens. Elle n'avance jamais rien qui ne puisse être prouvé.

Or, la vocation de la science n'est pourtant pas de donner une représentation ultime du monde et qui nous sauverait. Elle permet à l'Homme de comprendre un peu mieux le fonctionnement du monde mais elle ne répond pas à ses questions existentielles.

La réalité ne se réduit pas à des phénomènes physiques et biologiques.

Ici donc, se pose un problème conceptuel : la science est-elle la seule à fournir une représentation du monde qui serait la panacée qui le sauverait ?

 

Dans un premier temps nous verrons que seule la science atteint à la panacée qui sauve le monde car elle est objective.

Puis dans un deuxième temps nous montrerons que la philosophie, la connaissance peuvent sauver le monde.

 

La science sauverait-elle le monde ? :

 

1- La raison scientifique est universelle et immuable. La constitution d'une mathématique rationnelle dont l'origine remonte aux grecs a établi une représentation du monde que personne ne peut nier.

A partir de Leibniz notamment, les penseurs vont définir la raison comme un système de règles formelles dont on use avant même d'en avoir conscience.

Les nécessités exemplaires de la science montrent que les lois de la raison sont invariables et se situent bien au-delà de l'aspect subjectif de la pensée individuelle.

 

2- La connaissance est le dernier lieu de sens. Berthelot, chimiste et homme politique du XIXème siècle, affirmait que le monde est aujourd'hui sans mystère. En effet, les progrès dans la connaissance, les méthodes rigoureuses que la science développe et son objectivité permettent à l'Homme de résoudre d'une façon rationnelle certains problèmes qu'il se pose.

Ainsi, la connaissance est le dernier lieu de sens. Elle est une sauvegarde contre les instincts, les opinions, le fanatisme et l'intolérance. Elle permet à l'homme d'accroître sa liberté et de prétendre au bonheur.

 

La science n'est pas une panacée :

 

1- Or, il faut tenir compte des limites de la science.

Weber affirmait que la science n'a pas pour vocation de donner une représentation totale du monde.

EX : La médecine qui a le devoir de sauvegarder la vie et de diminuer la souffrance mais qui ne répond pas à la question de savoir si la vie mérite d'être vécue et dans quelles conditions.

 

2- Il existe une panacée qui sauve le monde et qui n'est pas scientifique.

 

En effet, il est impossible d'étudier l'Homme comme on étudie la matière et le vivant. Pourtant la philosophie et les sciences humaines sont parvenues à fournir des représentations du monde sur des manières de penser et d'agir.

Mais les représentations du monde sur le bien et le mal sont hors de portée des sciences « exactes ».

 

 

En conclusion, La science fournit aux Hommes des certitudes démontrées sur la représentation du monde constituant une panacée qui sauve de l'absurdité de sens. En dehors d'elle, ce qu'on appelle « panacée » renvoie à de simples convictions.

C'est par la rationalité et une éthique de la connaissance que l'Homme peut espérer donner du sens au monde.

 

Mais, le scientifique ne doit être ni un prophète, ni un démagogue. La véritable vocation de la science n'est pas d'indiquer à l'Homme ce qu'il doit faire, mais plutôt d'éclairer sa réflexion.

Certaines sciences (humaines et sociales) peuvent en effet répondre à des questions que se posent les Hommes. Mais les sciences dites « exactes »(mathématiques, physique, chimie,...) ne s'occupent que des faits et des lois et ne tiennent pas compte de l'aspect humain.

La science, dans son ensemble ne peut donc pas être une panacée qui peut répondre à toutes les problématiques humaines......

 

lundi 12 juillet 2021

EXCEPTIONNELLEMENT Sujet du Jeudi 16 Juillet 2021 : Pourquoi pousser à la performance ?

 

Pourquoi pousser à la performance ?

 

 

La philosophie ne pousse-t-elle pas la pensée à la performance radicale d'une perpétuelle remise en question? Ne faut-il pas rechercher et réaliser le meilleur de soi en actes sans transcender l'humain par aucune prothèse qu'elle soit médicamenteuse, génétique ou autre? Ne faut-il pas rechercher le meilleur de la performance collective dans des limites acceptables?

 

Allons aux origines. Depuis toujours on arrange des mariages pour améliorer un patrimoine social, culturel ou génétique. Depuis ses origines, le vivant n'a été qu'«erreur» de réplication génétique et lutte, sélection et prédation pour la survie. L'aptitude à une performance adaptative est inscrite dans l'évolution génétique et culturelle. De là à imaginer un but ultime est une erreur métaphysique.

 

Pour Platon, «éduquer les hommes c'est les élever, c'est-à-dire leur apprendre à renoncer aux séductions du sensible pour réaliser le meilleur d'eux-mêmes qui participe de la divinité». A cet égard, n'y a-t-il pas une contradiction logique entre la finitude postulée de l'humain enserrée dans des bornes et le supposé infini de ses capacités? Si les limites de l'humain existent, nous pouvons le définir; mais si nous ne pouvons pas le définir, le voilà illimité. C'est ce dernier choix philosophique que poursuit majoritairement l'Occident considérant que l'humain change si souvent et tant qu'il excède toujours ce que l'on croit savoir de lui et que les multiples façons de le penser requièrent de le re-penser toujours dans le questionnement continu de la philosophie.

 

Mais alors, si la pensée n'a pas de fin et qu'on ne peut la borner, la philosophie peut-elle logiquement critiquer la recherche partout présente d'une performance toujours supérieure? D'emblée, toute performance requiert un référent. Mais quelle norme apposer à l'humain, comment échapper à cette exigence? Reconnaissons qu'une norme n'est pas en soi une et absolue mais évolutive. Un homme se définit-il une fois pour toutes ou bien émerge-t-il à l'existence par les actes qu'il pose? Ne se mesure-t-il pas à ses actes librement consentis face à une situation toujours changeante? Poser une norme, un objectif ou une fin prédéterminés est attentatoire à la dignité et participe d'une démarche fascisante, totalitaire. Le nazisme décréta le handicap «hors norme», à éradiquer. Les performances aryennes supposées visaient la transcendance du surhomme (Nietzsche), sans confirmation aux jeux olympiques de 1936 ni dans la guerre ou la supériorité génétique.

 

Avec la supposée «fin de l'Histoire» dès 1989 (Fukuyama), l'«élite» ploutocratique des profits croissants tend à se constituer en surhommes génétiquement probables. Leur pendant obligé est la constitution de masses infrahumaines génétiquement programmées à la docilité.

 

Ainsi se réalise en parcs humains obéissants le rêve des camps du «Arbeit Macht Frei» tendant vers le «zéro humain» que ces camps avaient vainement approché par une sublime performance de déshumanisation (Primo Levi).

 

Le projet de transformation génétique de l'humain vise à neutraliser les velléités révolutionnaires des multitudes généralement plus inutiles que laborieuses et assurer l'Eden des princes du profit et de la bio-informatique. La démocratie nous y conduit irrésistiblement parce que les gens veulent la meilleure progéniture possible, comme lors déjà des mariages arrangés (système hindouiste des castes). D'où la dérive autoritaire précitée du pouvoir absolu sur les choses et les êtres (Descartes) car cette volonté de maîtrise génétique développe des contrôles pour un prétendu bénéfice collectif. Il y a menace sur les libertés par conformisme des buts collectifs, sur l'égalité via la hiérarchie qui sortira des ordinateurs des généticiens, et sur la fraternité parce que l'autre deviendra celui que la génétique définit et débusque dans le génome.

 

Mais cette performance inouïe a-t-elle le moindre sens? Ce qui en aurait ne serait-ce pas l'usage qu'on veut faire d'un quelconque sur­ou sous-homme à construire pour une utilisation précise? A cet égard, qui spécifiera la norme qui présiderait au choix :

 

1-    entre la quête métaphysique de la transcendance, du divin et de l'impossible dans le fantasme de l'idéal et celle de la compréhension du monde tel qu'il est ?

 

2-    entre la course au progrès infini et la recherche de l'humainement raisonnable et réalisable ?

 

3-    entre l'objectif absolu de l'efficacité prédictive de la science qui veut tout connaître et tout expliquer, même l'homme, et celui de servir celui-ci dont la science ne saurait déterminer le sens ?

 

4-    entre la société concurrentielle de marché, guerre, profits infinis, et argent roi et celle du partage libre, équitable, solidaire et économe des efforts des hommes et des ressources naturelles ?     

5-     entre l'acharnement thérapeutique, la «passion» papale et une mort dignement consentie-     

6-    entre la performance physique par le dopage et la liberté de l'épanouissement personnel, convivial et fraternel

7-    Le problème n'est-il pas de savoir s'il faut fixer une norme pour que l'homme se construise en conséquence et si faire cela n'implique pas de savoir s'il faut penser l'homme et particulièrement chercher sans cesse comment le penser ?

Ce qui est proprement philosopher.

 

 

dimanche 4 juillet 2021

Sujet du Merc. 07 Juillet 2021 : Les petits secrets d'Orwell.

 

                               Les petits secrets d’Orwell.

 

1984. Orwell. Il suffit de prononcer cette date et ce nom pour qu’aussitôt la bien pensance dominante s’illumine. De « droite »  ou de « gauche » ces deux termes font l’unanimité (preuve peut être de l’inanité des concepts même de droite et gauche ?).
C’est quasi pavlovien.           
           
J.C Michéa un des grands défenseurs d’Orwell peut-il ainsi écrire :          
           
« Telle est donc, en dernière instance, la raison pour laquelle les critiques libéraux, qu’ils soient de droite ou de gauche, tiennent tellement à réduire la critique orwellienne du totalitarisme et de la « double pensée » à sa seule dimension antistalinienne (critique dont on pourrait, tout au plus, utiliser certains aspects pour ironiser sur les « vérités alternatives » du pauvre Donald Trump, mais en aucun cas pour s’interroger, par exemple, sur les pratiques – pourtant autrement plus proches de celles du ministère de la Vérité de 1984 – des propagandistes de France Inter ou de France Info).       
C’est que si la thèse récurrente d’Orwell (toute tentative de construire une société libre, égalitaire et décente sera toujours vouée à l’échec tant que les classes populaires n’auront pas réussi à se soustraire à l’emprise politique et culturelle des nouvelles classes moyennes métropolitaines et de leur intelligentsia « moutonnière » – selon la formule, chaque jour plus pertinente, de Guy Debord) demeure globalement exacte (et Orwell ne faisait ici, en somme, que reprendre sous une autre forme le principe socialiste, et populiste, selon lequel « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »), alors le temps n’est certainement pas venu où – comme l’écrivait Simon Leys dans son petit essai fondateur sur Orwell ou l’horreur du politique – « l’évolution politique et la marche des événements auront finalement réussi à faire d’Orwell un écrivain définitivement dépassé ». C’est même, en réalité, tout le contraire qui est en train de se passer. Car à l’heure où le système capitaliste mondialisé prend désormais l’eau de toute part – emportant malheureusement sur son passage tout ce qui rend encore cette planète habitable et la vie humaine digne d’être vécue – comment ne pas voir, en effet, que le jugement que formulait Simon Leys – il y a de cela déjà trente-six ans – au terme de son magistral essai, est lui-même devenu, en 2020, plus pertinent et actuel que jamais ? « Aujourd’hui – écrivait-il ainsi – je ne vois pas qu’il existe un seul écrivain dont l’œuvre pourrait nous être d’un usage pratique plus urgent et plus immédiat. »       

À nous, dans ces conditions, de savoir enfin faire des écrits de George Orwell l’usage révolutionnaire et émancipateur qu’ils appellent depuis si longtemps. Sous peine de voir advenir beaucoup plus tôt que prévu, ce que Victor Serge appelait, en 1939, « minuit dans le siècle ».
 » (Orwell, la gauche et la double pensée).

Alors Orwell « dépassé » ? ou faire d’Orwell une « usage révolutionnaire » ?  Michéa a choisi. Mais que sont les propositions d’Orwell ? Qui fut-il vraiment ? Comme on dit aujourd’hui : « d’où parle-t-il ? ».

Michéa avec Orwell nous propose une synthèse en trois points :   
-    Rompre avec la notion de « sens de l’histoire » (dont, c’est toujours vers la civilisation occidentale – avec ses « droits de l’homme », son économie marchande mondialisée et sa culture hollywoodienne – qu’il devrait nous acheminer).

-     Le « mythe moderne du progrès » : « Si chaque époque est forcément meilleure que la précédente, alors tous les crimes et toutes les folies qui peuvent faire avancer le processus historique peuvent être justifiés. […] Le crime succède au crime, une classe dirigeante en remplace une autre, la tour de Babel s’élève puis s’effondre, mais on ne doit pas résister au processus – en réalité, on doit même être prêt à applaudir chaque nouvelle crapulerie (scoundrelism) – car, par quelque détour mystique, du point de vue de Dieu, ou peut-être de Marx, c’est là le Progrès » Catastrophic Gradualism (1946).

-     L’invasion systématique de notre vie quotidienne par les nouvelles technologies, L’idéal d’autonomie (que ce soit sur le plan individuel ou collectif) est en effet voué à demeurer purement rhétorique et formel si on ne restitue pas en même temps toute sa dimension philosophique au sens de l’effort (sachant qu’une vie plus libre et plus heureuse ne signifie pas nécessairement une vie plus facile).         

Michéa, en bon moraliste, ne se pose pas la question du « programme » réel de son maître. Pourtant habile écrivain il ne perçoit pas que lorsqu’il déclare : « Comment pourrait-on ignorer, en effet, que l’intelligentsia de gauche actuelle a depuis longtemps rompu avec tous ses anciens démons totalitaires ? Et qu’elle est même devenue (grâce, entre autres, à la salutaire thérapie de choc imposée par la « nouvelle philosophie » de BHL et par les années Delors/Lang/Mitterrand) la seule véritable gardienne de ces valeurs « citoyennes » sur lesquelles est censée reposer toute démocratie libérale digne de ce nom – comme en témoigne suffisamment, du reste, son combat inlassable (et d’ailleurs célébré comme tel par tous les grands médias modernes) « contre toutes les formes d’exclusion et de discrimination » – de l’« hétéro-patriarcat » au « privilège blanc », en passant par la fessée, l’orthographe classique et l’élevage « contre-nature » des brebis et des vaches ? »(Id. supra) qu’il décrit, on ne peut mieux, ce à quoi la pensée pratique de son mentor conduit.          

C’est la vieille et toujours vivace critiques des Lumières (reprise par Michéa lui-même), la nostalgie - qui sait - d’un âge perdu où nous étions tous frères, partageant le leit motiv orwellien de la « common decency ».

Celle d’une révision de la Révolution Française à la Furet. Celle, en pleine guerre, des alliés soviétiques qu’Orwell n’hésite pas à discréditer dans la « ferme des animaux » (A sa publication, en 1945, le roman a été censuré à de nombreuses reprises, notamment en Europe, avant d’être à nouveau autorisé petit à petit. A l’inverse, sa promotion fut assurée par la CIA, qui finança un film d’animation destiné à assurer sa diffusion ).

Outre les trois « points/programme » qui nous fourniront matière à discussion, il sera bon de préciser :

-   Qu’en 1996 : The Gardian révéla qu’il avait livré, en 1949, une longue liste de noms de journalistes et d’intellectuels « cryptocommunistes », « compagnons de route » ou « sympathisants » de l’URSS à l’Information Research Department. C’est-à-dire à la section anticommuniste et antisoviétique créée en 1948 par le très droitier secrétaire au Foreign Office travailliste Ernst Bevin. Y compris sur l’effarante « liste d’Orwell », riche en remarques, antisémites, antiNoirs et anti-homosexuels, la réalité est bien pire sur cet ancien policier colonial (en Birmanie), aussi violent que requis par la fonction, déjà très avancé dans les années 1930, malgré sa démission officielle de 1927, dans la chasse aux dissidents rouges sous couvert de haine du stalinisme, « pacifiste » spectaculaire mais employé depuis 1941 par le « service oriental » de la BBC, curieux « patriote » que cet antisoviétique toujours notoire alors qu’officiellement, Londres aimait les Soviets depuis juin, agent de l’IRD, etc. Les révélations ont afflué depuis le pavé jeté dans la mare par la Britannique Frances Saunders, avec The cultural Cold War : the CIA and the world of art and letters, New York, The New Press, 1999, étude qui, comme les suivantes, apparente le tandem Orwell-Arthur Koestler.   

Saunders a été impitoyable sur leur collaboration avec l’IRD et avec la CIA. Laquelle, via les rééditions (de son éditeur-paravent Praeger), le cinéma et la bande dessinée (indispensable pour les peuples colonisés analphabètes), forgea après le décès précoce d’Orwell (1950), , avec sa veuve Sonia, l’immense carrière « occidentale » des Animaux de la ferme et 1984 – et poussa celle de Koestler, qui se vendit au mieux (jusqu’en 1983), aux services anglais et américains, pour devenir « l’homme [officiel] de la droite » (Tony Shaw).

Alors, moraliste Orwell ? Ou habile double jeu d’un intellectuel au programme éculé ?  
           
Bibliographie (un seul ouvrage a été traduit en français) : 
Richard Aldrich, The hidden hand : Britain, America, and Cold War secret intelligence, London, John Murray, 2001
Hugh Wilford, The CIA, the British Left and the Cold War: Calling the Tune?, Abingdon, Routledge, 2003, rééd. 2013
James Smith, British Writers and MI5 Surveillance, 1930-60, Cambridge, 2012 (fabuleux chapitre sur Orwell et Koestler, p. 110-151)

Andrew Defty, Britain, America and anti-communist propaganda 1945-53 : the Information Research Department, London, Routledge, 2013
Tony Shaw,        
https://researchprofiles.herts.ac.uk/portal/en/persons/tony-shaw(d6062eb5-b560-4803-b267-7b568a0b81e6)/cv.html?id=943264


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