samedi 26 août 2023

Sujet du Merc. 30/08/2023 : La guerre peut-elle avoir des lois ?

                          La guerre peut-elle avoir des lois ?

" Ecrit sans Chatgpt, sans me précipiter pendant 15 jours sur Wikipédia, sans plagiat de Clausewitz, Sun Tzu, De Gaulle et ses "mémoires", Thucydide, le Général Giap, ou Che Guevara (Journal de guerre) "

 

En faisant abstraction de l'explication théologique du supposé "instinct du Mal" dans l'hypothétique "Nature" de l'Homme (Instinct ? Nature ? autant de mots à définir), la Guerre reste un champ difficile et complexe à explorer…Un tel, auteur de 4 crimes, qualifié de "TUEUR en série" croupira en geôle, jusqu'à la fin de ses jours. Un tel, organisateur de massacres, restera dans l'Histoire, comme un héros, honoré jusqu'au nom de nos avenues, de nos lycées, de notre Arc de Triomphe.

 

 Lors de mon enfance algérienne, je vivais dans un monde où les villages se nommaient "Bugeaud", "Lamoricière" et autres, en réalité des bouchers génocidaires…Ecoutons Bugeaud (1840):" Le but n'est pas de courir après les arabes, ce qui est fort inutile, il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, et de jouir de leurs champs. Allez tous les ans leur bruler leurs récoltes, exterminez-les jusqu'au dernier.SI ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Shebas ! Fumez-les à outrance comme les renards !" (Enfumages des grottes de Dahra, embryon des chambres à gaz modernes)

 

Rassurons-nous la République, même "socialiste", fidèle aux traditions de la Monarchie et de l'Empire, continuera la politique des massacres coloniaux (100.000 Malgaches tués en 1947, massacres de Sétif, Guelma, Kherrata, en 1945,102 européens tues, environ 8000 algériens tués, on ne connait pas le chiffre exact, situé en 8000 et 20.000)).

 

Aujourd'hui, Bugeaud a sa plaque Quai Voltaire à Paris, son tombeau aux Invalides. Et sa statue à Exideuil, dans le Périgord.

Dans certaines villes, nos Maires se préparent à ouvrir des Musées, pour faire honneur aux "bienfaits de la présence française en Algérie"...…La pudeur ou la crainte du scandale a obligé à remplacer le mot "colonisation" par "présence", plus neutre et moins polémique.

 

Oublions Bugeaud, dont la chute de la statue, justifierait à elle seule, l'acquittement en procès de la fameuse "déconstruction"....

 

Mais nous viendrait il à l'idée de traiter de criminels, ces millions de soldats de l'union Soviétique, en lutte contre l'envahissement et la destruction programmée de leur nation, et de leur Révolution, en 1942/45 …..

Nous viendrait-il à l'idée de considérer comme des "criminels", ceux que les spectres vivants de Birkenau, Auschwitz, Sobibor, virent arriver en libérateurs des camps ?  Evidemment, non …. Qui, de nos jours, oserait traiter d’assassin», Missak Manouchian, grand résistant, auteur de déraillements qui envoyèrent à la mort, des dizaines d'allemands ? Qui oserait traiter de "criminels", ceux qui écrasèrent avec leurs chars, les soldats de la Wehrmacht, à Koursk, Stalingrad ou autres villes martyrs ? Evidemment, personne !

 

Nous voyons cette donnée essentielle de la guerre…Elle nous somme de nous situer, de choisir nos martyrs, de retourner le cadavre avant de nous réjouir ou nous lamenter. Aucun monument, aucune cérémonie ne commémorent les centaines de civils tués sur la façade Atlantique, lors des bombardements alliés anglo-américains dans les années 44-45....Quant aux 200.000 vendéens exterminés de 1793 a 95, il n'y aura jamais de repentance, ni de reconnaissance. Pourquoi ?   La réponse en est simple :les premiers sont des victimes collatérales de la libération de notre territoire, les seconds s'armaient contre la Révolution. Aujourd'hui, les documents attestent, que ce fut bien un génocide programmé par la Convention (discours de Barére, colonnes de feu de Thureau ….).Le général Dumas, le père d'Alexandre, que l'on nommait par dérision" Monsieur Humanité", envoyé pour mater la rébellion vendéenne ,fut effrayé du comportement des troupes de la Convention. Authentique révolutionnaire, descendant d'esclave, il fit un rapport accablant, qui lui fit frôler la guillotine.

 

La notion d'une guerre classique, avec un rapport de force, l'anéantissement de l'ennemi, la capitulation et la conclusion d'un traité semble se dissoudre. Les guerres "asymétriques ou pas " de notre temps, sont interminables et les armes non conventionnelles qui permettraient de les conclure (nucléaire) n'étant pas utilisées, elles se "décomposent "et s'étendent dans le temps. Chacun sait que jamais l'armée russe ne défilera dans Kiev, avec un régime à sa solde, et jamais aucune armée ukrainienne ne défilera dans Moscou, ni POUTINE, ni aucun de ses successeurs n'osera bombarder les bases de l'OTAN…Et nous assistons à ce long conflit où, tel dans les Guerres de Rabelais, chacun se vante d'avoir pris un village, au prix de centaines de morts. Nous sommes loin de la "guerre absolue" de Clausewitz. Et de ces guerres qui suscitaient des réactions mondiales, soit pour les dénoncer, ou les soutenir.

 

Une vision romantique a inventé cette expression" la nuit des temps", associée à une supposée barbarie…Mais lisons ce texte bref, vieux de 3800 ans. Un prince éthiopien, en guerre contre Pépi 1 er, Pharaon, écrit à ses commandants :" Que l'on n'attaque pas de nuit, mais suivant les règles, à vue, annoncez à l'ennemi le combat, de loin. S'il dit que les soldats ou la cavalerie de quelque autre ville est en retard, alors demeurez jusqu'à ce que son armée soit arrivée. Vous combattrez QUAND L'ENNEMI VOUS LE DIRA.SI ces alliés se trouvent en quelque autre ville, que l'on retarde pour eux. Les princes qu'il amène pour l'aider, laissez-les arriver " (Sous Pepi 1 er 3 me millénaire). Il n'y a pas d'"âge heureux de la Guerre", mais il y a 2500 siècles, en pleine guerre du Péloponnèse, les autorités ennemies peuvent se rendre dans les cités adverses, quand aujourd’hui, ni Poutine, ni Zelenski, ne pourraient se rendre visite dans leurs capitales respectives, et revenir libre ou vivant...….

 

La guerre, cet acte institutionnel, qui est celui de tuer en masse, peut-il tirer ses racines et tracer des pistes à partir de la Philosophie ?

Pouvons-nous "choisir" nos morts et croire encore que "l'homme n'est pas un moyen, mais une FIN " ?

 

 

                        Blog du café philo  http://philopistes.blogspot.fr/

samedi 5 août 2023

Sujet du Merc. 09 Aout 2023 : L'apport d'Averroès ?

 

       L'apport d'Averroès ?

 

Averroès  (Ibn Rushd) est né à Cordoue en 1126 ( 520 de l’ Hégire). Il est successivement Cadi de Séville puis de Cordoue. En 1195 il est banni de cette ville par les autorités royales car des soupçons pèsent sur sa pratique religieuse.

 

Ses fonctions politiques dans les cités de l’Espagne conquise par les arabes ne sont qu’un des aspects de son œuvre et de sa curiosité. Il étudiera la médecine et surtout la philosophie. Il ne faut toutefois pas se méprendre ou faire des contresens historiques. Ibn Rushd est un  penseur de son temps, c'est-à-dire un homme qui utilise les outils intellectuels et conceptuels de son époque.

Mais il reste intransigeant sur une chose la primauté de la philosophie sur toute interprétation littérale des textes sacrés, révélés et en particulier le Coran.

 

Il est connu pour, en qualité de Cadi, avoir rendu des jugements au nom du Coran mais en se déprenant de l’interprétation littérale du texte.

 

Cette méthode qu’il érigea contre des théologiens classiques qui traitaient son œuvre « d’incohérente » ( ce qui aurait pu lui couter la vie !) elle lui vient de l’héritage antique. Ibn Rushd (Averroès) est essentiellement le grand commentateur d’Aristote, c’est lui aussi qui fit connaître Platon dans le monde arabo-musulman.

 

«  Nous disons donc : quant aux philosophes, ils s'attachent à la connaissance des êtres en faisant usage de leur intellect, sans s'appuyer sur les discours de ceux qui les invitent à y adhérer sans démonstration. Ils vont parfois même à l'encontre des choses sensibles. Car ils se sont aperçus que les choses sensibles qui se trouvent sous la sphère [de la lune] se répartissent en deux sortes : les choses animées et les choses inanimées. Et ils ont trouvé que toutes celles d'entre ces choses qui sont générées l'étaient par  quelque chose, qu'ils ont nommé « forme », qui est l'entité par laquelle [la chose] devient existante après qu'elle a été non existante ; et de quelque chose qu'ils ont nommé « matière », qui est ce de quoi [la chose] est constituée. Car s'étant aperçus que tout ce qui est généré ici-bas est généré d'autre chose, ils ont appelé cela « matière », et s'étant aperçu aussi que [tout ce qui est généré] l'est par l'action de quelque chose, ils l'ont appelé « agent » ; et en vue de quelque chose, ils l'ont appelé « fin ». Ils ont donc ainsi prouvé qu'il y avait quatre causes. Et ils ont trouvé que ce par quoi se constitue la chose, à savoir sa forme, et ce par l'action de quoi elle se constitue, à savoir son agent prochain, étaient une seule et même chose, soit en espèce, soit en genre : en espèce, comme dans le cas où un homme engendre un homme, ou un cheval un cheval ; en genre, comme lorsqu’un mulet est engendré à partir d’un cheval et d’un âne. » Grand Commentaire de la Métaphysique d’Aristote.

 

Naturellement, le message d'Ibn Rushd, la relégitimation de la Lettre contre l'abus interprétatif (l'« innovation blâmable »), ne saurait, sans contradiction, être directement adressé à la foule : celle-ci en est la bénéficiaire, non le premier destinataire, autrement dit l'agent ou l'instrument. Le message ne peut être adressé qu'au souverain politique, capable de l'imposer aux théologiens sectaires ou, du moins, d'agir désormais contre eux en pleine connaissance de cause, les réduisant au silence pour de bonnes raisons, s'il ne peut les contraindre à opter intimement pour la « voie moyenne ».

 

La justification théorique de la croyance est une justification politique de la réforme. L'objectif du philosophe intervenant en théologie, une fois posé le diagnostic selon lequel, interprétant ce qu'il n'y a pas lieu d'interpréter, la théologie sectaire éloigne les masses de la croyance et les pervertit – ce qui, bien sûr, n'est pas son seul défaut, puisqu'elle interprète aussi ce qu'il y a lieu d'interpréter, mais sans avoir les moyens de l'interpréter correctement, ne peut être que, du même geste, politique et religieux. En exposant et en argumentant une théologie de la « voie moyenne », Ibn Rushd réalise le tour de force dont son œuvre avait proclamé l'urgence et la possibilité. En ce sens, la théologie proposée par Averroès est, dans la tradition musulmane, le prototype d'une théologie qu'on pourrait dire aussi bien « forte » que

« réformée ».

Sujet du Merc.06 Novembre 2024 : Le crime ordinaire.

                                            LE CRIME ORDINAIRE  «  Par crime ordinaire il faut entendre un crime qui ne dit pas son nom, qui...