La responsabilité amène-t-elle la confiance ?
« Dans un
monde où la confiance n’existe pas, les devoirs de loyauté tombent en
désuétude. » (Kant Mét. des mœurs). Tout s’écroule, le lien social, les
institutions politiques, les liens entre individus quand il ne peut y avoir de
confiance. Pour que le lien social soit possible, nous devons chacun d’entre
nous efforcer d’être dignes de confiance, mais pas seulement.
Pour Kant, la
confiance s’élabore dans la force morale et impérative de la parole donnée.
« Je m’engage à tenir parole» suppose que « tu t’engages à ton
tour ». Tous les impératifs catégoriques de Kant pourraient être
interprétés comme l’injonction de se montrer digne de confiance. Mais
l’impératif le plus catégorique rejoint la prudence : ne pas faire de
fausses promesses, bien mesurer ce sur quoi on peut s’engager ou non.
La confiance
comme la responsabilité impliquent donc la prudence, mais aussi la réciprocité. Cette réciprocité est fondamentale, elle suppose un
engagement respectif. La confiance engage et lie les deux partenaires, celui
qui est dépositaire de la confiance mais aussi celui qui se fie à l’autre. La
responsabilité se trouve être partagée, elle se trouve être engagée des deux
côtés. De quelle manière ?
Évidemment celui
qui est dépositaire de la confiance est responsable devant les autres et de
lui-même de ne pas la trahir, de répondre aux attentes, mais la construction de
la confiance tient encore davantage à l’esprit responsable de celui qui accorde
sa confiance. Celui qui accorde sa confiance doit assumer son choix, et ne s’en
prendre qu’à lui-même s’il s’est trompé, s’il s’est laissé berné. Il doit
assumer la responsabilité de son choix, en répondant de lui-même et de son
discernement.
Autant il faut
être digne de la confiance de l’autre, autant il n’est pas obligatoire
d’accorder sa confiance, nous dit-il.
Prudence, prudence ! Rien ne nous oblige à faire confiance à, de manière
inconsidérée. Il y a comme une asymétrie dans l’engagement, si quelqu’un
m’accorde sa confiance, je ne peux pas le décevoir, mais à mon tour, je dois
regarder de très prés avant d’accorder ma confiance.
En fait, il s’agit
davantage de défiance, de méfiance que de prudence, on est un peu au-delà de la
simple prudence.
On pourrait
dire de manière paradoxale, la confiance ne s’institue qu’à partir d’une
défiance nécessaire. Méfions nous
les uns les autres, serait le précepte premier de toute « prise de
confiance ». Avant d’accorder notre confiance à quelqu’un, mesurons sa
capacité à répondre de, et à .
Sujets à venir :
Mercredi 02 décembre
La critique est
aisée mais l’art est difficile.
Mercredi 09 décembre
Le complotisme.
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