lundi 23 novembre 2015

Sujet du Merc. 25/11/2015 : La responsabilité amène-t-elle la confiance ?



La responsabilité amène-t-elle la confiance ?

« Dans un monde où la confiance n’existe pas, les devoirs de loyauté tombent en désuétude. » (Kant Mét. des mœurs). Tout s’écroule, le lien social, les institutions politiques, les liens entre individus quand il ne peut y avoir de confiance. Pour que le lien social soit possible, nous devons chacun d’entre nous efforcer d’être dignes de confiance, mais pas seulement.

Pour Kant, la confiance s’élabore dans la force morale et impérative de la parole donnée. « Je m’engage à tenir parole» suppose que « tu t’engages à ton tour ». Tous les impératifs catégoriques de Kant pourraient être interprétés comme l’injonction de se montrer digne de confiance. Mais l’impératif le plus catégorique rejoint la prudence : ne pas faire de fausses promesses, bien mesurer ce sur quoi on peut s’engager ou non.
La confiance comme la responsabilité impliquent donc la prudence, mais aussi la réciprocité. Cette réciprocité est fondamentale, elle suppose un engagement respectif. La confiance engage et lie les deux partenaires, celui qui est dépositaire de la confiance mais aussi celui qui se fie à l’autre. La responsabilité se trouve être partagée, elle se trouve être engagée des deux côtés. De quelle manière ?

Évidemment celui qui est dépositaire de la confiance est responsable devant les autres et de lui-même de ne pas la trahir, de répondre aux attentes, mais la construction de la confiance tient encore davantage à l’esprit responsable de celui qui accorde sa confiance. Celui qui accorde sa confiance doit assumer son choix, et ne s’en prendre qu’à lui-même s’il s’est trompé, s’il s’est laissé berné. Il doit assumer la responsabilité de son choix, en répondant de lui-même et de son discernement.

Autant il faut être digne de la confiance de l’autre, autant il n’est pas obligatoire d’accorder sa confiance, nous dit-il. Prudence, prudence ! Rien ne nous oblige à faire confiance à, de manière inconsidérée. Il y a comme une asymétrie dans l’engagement, si quelqu’un m’accorde sa confiance, je ne peux pas le décevoir, mais à mon tour, je dois regarder de très prés avant d’accorder ma confiance.

En fait, il s’agit davantage de défiance, de méfiance que de prudence, on est un peu au-delà de la simple prudence.

On pourrait dire de manière paradoxale, la confiance ne s’institue qu’à partir d’une défiance nécessaire. Méfions nous les uns les autres, serait le précepte premier de toute « prise de confiance ». Avant d’accorder notre confiance à quelqu’un, mesurons sa capacité à répondre de, et à .

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