dimanche 23 février 2020

Sujet du Merc. 26/02/2020 : PEUT-ON APPRENDRE A MIEUX VIVRE ET A MIEUX ETRE ?


   PEUT-ON APPRENDRE A MIEUX VIVRE ET A MIEUX ETRE ?

Voilà un thème où la philosophie peut vraiment nous répondre et nous être utile !
Les Grecs nous ont conseillé de « penser mieux pour vivre mieux ». Pour Epicure la philosophie nous aide à interpréter nos tourments et nos désirs confus. Celui qui prétend qu’il n’est pas encore prêt pour la philosophie ou au contraire qu’il est trop tard pour lui est semblable à celui qui croit qu’il est trop jeune ou trop vieux pour le bonheur !

« S’élever au-dessus des contingences extérieures » nous souffle Socrate. Il faut avoir la lucidité de voir le monde tel qu’il est et après tenter d’élaborer une éthique, une règle de vie qui oriente notre action. Pour Socrate c’est mettre à l’épreuve les idées reçues, les mettre à l’épreuve de la raison. Donc la nécessité de s’appuyer sur de solides connaissances qui reste le seul moyen de dépasser nos passions.
La démarche philosophique nous permet d’aller mieux mais aussi de devenir meilleur parce qu’elle remet sans cesse en question nos façons de penser et d’agir. Elle nous propose le doute.

La fonction critique conduit à une quête perpétuelle de la connaissance et nous libère des préjugés et des croyances.

Apprendre à être lucide donc savoir prendre du recul.
Et pour mieux vivre et mieux être, une solution apprendre à mieux penser ! Et pour mieux penser il est indispensable d’aimer la vie. D’abord pouvoir s’émerveiller de l’infiniment petit qui contient le tout dans un atome ou une cellule.
Il faut jouir pleinement: savoir saisir le meilleur de l’instant pour ne pas gâcher sa vie d’inutiles tourments. Le bonheur est accessible maintenant et ici. Etre capable de se satisfaire de ce que l’on a et d’abord de VIVRE : le bonheur et le mystère d’exister. Alors apprendre à savoir vivre en visant la volupté et en dédaignant la tristesse.
Cette recherche du mieux vivre donc d’un certain bonheur consiste à se réconcilier avec le réel et à l’apprivoiser au présent.
Il faut ajouter à la connaissance et au savoir vivre la tolérance et le respect c’est-à-dire s’accepter tel qu’on est et accepter l’autre tel qu’il est. Ainsi Albert Camus nous dit : « pour se connaitre il faut s’accepter donc être soi-même. Ne pas s’accepter c’est devenir malheureux, semer le désaccord et rendre malheureux ceux qui nous entourent ».

« L’homme est désir et conscience » Spinoza. L’essence de l’homme est le désir d’être heureux, de bien vivre et de bien agir !
Pour mieux vivre l’homme doit se sentir libre, conscient de ses affects et de ses passions sinon il prend le risque de rester aliéné particulièrement s’il n’en connaît pas les causes. La libération devient possible par l’autonomie et  cette autonomie mène à la joie.

Descartes dit la même chose : « je fermerai mes yeux, je boucherai mes oreilles, j’effacerai même de ma pensée toutes les images des choses corporelles et ainsi m’entretenant seulement avec moi-même et considérant mon intérieur, je tacherai de me rendre peu à peu plus connu et plus familier à moi-même ».
« Bien faire et se tenir en joie » Spinoza
Il faut tenter de surmonter la tristesse et la haine qui est en nous. Surmonter ne signifie pas combattre. Dans l’éthique Spinoza nous propose de surmonter par la présence d’esprit, par la force de l’âme et l’apprentissage de la connaissance. L’éthique est un art de la joie pour entretenir les affects joyeux. La haine peut être vaincue par l’amour et la générosité.

« Si vous voulez que la vie vous sourit, apportez-lui d’abord votre bonne humeur »
« La satisfaction intérieure est d’abord ce que nous pouvons espérer de plus grand ».
Pour Albert Camus las 4 conditions du bonheur :
-La vie en plein air
-L’amour d’un autre être
-L’absence d’ambition
-La création

Ce concept de créativité donne la possibilité d’offrir à l’homme une valeur universelle et beaucoup de responsabilité puisqu’à partir de son intelligence et de ses capacités il peut créer le meilleur et ne pas capituler dans le chaos …
On peut alors se demander pourquoi tant de haine, tant de guerre, tant de souffrance, tant de tristesse
Sommes-nous capables de mieux penser pour mieux être ? Il en y va de l’avenir de la condition humaine.

 Il y a une nécessité de plus en plus essentielle de la connaissance de l’histoire, de la philosophie, de l’écologie pour savoir mieux partager et savoir mieux vivre ensemble. D’où l’importance primordiale de la pédagogie, de l’enseignement et de l’éducation afin de nous permettre de mieux penser.

Je terminerai par cette phrase de Samuel Beckett :
« Vivre c’est bien. Savoir vivre c’est mieux. Survivre c’est sans doute le problème des hommes de demain ».

dimanche 16 février 2020

Sujet du 19 février 2020 : "La bouffe vient d'abord, ensuite la morale" Brecht – Opéra de quat’sous -


                  "La bouffe vient d'abord, ensuite la morale" Brecht
                                                      – Opéra de quat’sous -

Quatre sous pour un opéra. Quatre sous pour cette forme de spectacle – art luxueux par excellence – Quatre sous pour ôter les apparats et avoir une scène théâtrale dépouillée, voici l’opéra de Bertolt Brecht et Kurt Weill attaquant au vitriol les valeurs d’une société naufragée.

Nous sommes en 1928, l’Allemagne jouit d’un essor artificiel fondé sur les prêts bancaires de l’étranger, un déficit commercial chronique et la liquidation physique, par le parti socialiste de l’époque (assassinat commandité par Ebert de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht) de toute opposition ouvrière. C’est la fin des « années folles ».
           
Dans cette lente agonie qui vit une spectaculaire inflation du Mark, c’est toute la société allemande qui part à la dérive. La crise des valeurs surgit sur la scène de Brecht comme dans le quotidien des allemands.     
Un an plus tard :1929 et la fragile Allemagne – entre autres - s’effondre.

Que valent donc nos si chères valeurs ? Au pic de l’euphorie, elles se vendent au prix fort. Au cœur de la crise, elles tombent à trois fois rien. Sous les ors illusoires du capitalisme triomphant et de la bienséance bourgeoise, grondent la misère, le malheur et la faim. Que monte ou chute la bourse, la vie se révèle sans fard – réduite à la survie….

Mais que viendrait donc faire une morale dans cette tempête ? Survivre est la devise. Ventre affamé n’a pas d’oreilles. Brecht dépeint une décomposition sociale.

L’Opéra de quat’sous se fonde sur l’affrontement entre un petit-bourgeois du crime aux grands airs, Mackie-le-Surineur, gentleman serial murder, et un grand-bourgeois de la truanderie, Jonathan Peachum, très respectable chef des mendiants. L’un vit du vol artisanal, l’autre de la charité industrielle. Mais expropriation ou imploration, extorsion physique ou morale, tous deux grappillent les miettes du grand banquet bourgeois – tout en reproduisant l’organisation capitaliste….

Il y a Mackie, le prince des voleurs et des maquereaux :  « Mesdames et messieurs, vous voyez devant vous l'un des derniers représentants d'une classe appelée à disparaître. Nous autres, petits artisans aux méthodes désuètes, qui travaillons avec d'anodines pinces-monseigneurs les tiroirs caisses des petits boutiquiers, nous sommes étouffés par les grandes entreprises appuyées par les banques.
Qu'est-ce qu’une passe partout, comparé à une action de société anonyme ? Qu'est-ce que le cambriolage d'une banque, comparé à la fondation d'une banque ? Qu'est-ce que tuer un homme, comparé au fait de lui donner un travail rétribué ? »
Il y a Peachum, le roi des mendiants : « Il faut que cela change. Mon métier devient impossible; il consiste à éveiller la pitié chez les gens. Il existe bien quelques trop rares procédés capables d'émouvoir le cœur de l'homme, mais le malheur est qu'ils cessent d'agir au bout de deux ou trois fois. Car l'homme possède une redoutable aptitude à se rendre insensible pour ainsi dire à volonté.

C'est ainsi, par exemple, qu'un homme qui en voit un autre tendre un moignon au coin de la rue, sera prêt, dans son saisissement, à lui donner dix pennies la première fois, mais la deuxième fois, plus que cinq pennies, et, s'il le rencontre une troisième fois, il le livrera froidement à la police.

Il en va de même des armes psychologiques. A quoi bon peindre avec amour les devises les plus nobles et les plus convaincantes sur les plus ravissants panonceaux ? Elles perdent tout de suite leur force de persuasion. Dans la Bible, il y a peut-être quatre ou cinq maximes qui parlent au cœur, quand on les a épuisées, on se retrouve sans gagne-pain.
 Tenez, par exemple, cet écriteau: « Donne et il te sera donné », depuis trois malheureuses semaines qu'il pend ici, il ne fait plus aucun effet. Le public veut toujours du nouveau. Évidemment, je vais encore mettre la Bible à contribution, mais combien de temps cela suffira-t-il ? ! En cinq minutes, je fais de n'importe qui une épave si affligeante qu'un chien fondrait en larmes en le voyant. Que voulez-vous que j'y fasse, si ça ne fait pas pleurer un homme
».

La désintégration du peuple en tant que classe, son émiettement en voyous, maquereaux, mendiants, putains, dealers, braqueurs, assassins ; ne doit pas nous étonner.

Si les lois sont l’instrument de quelques-uns pour asseoir leur domination et non l’expression d’une règle à la validité absolue, la révolte est normale. Mais il ne faut pas attendre de comportement moral de la part de ceux qui n’ont pas le nécessaire pour vivre.
           
Ce qu’on appelle « l’ordre moral », que seule sa durée a transformé en quelque chose qui serait intangible, n’est pour Brecht, que la preuve de l’habileté des oppresseurs qui sont parvenus à le faire reconnaitre par leurs victimes mêmes comme sacré pour mieux asseoir leur domination.

Il faut alors décrypter ce monde où faux mendiants et vrais bandits sont manipulés par bourgeois et forces de l’ordre, et en appeler à le transformer :        

« Qu’est-ce que le cambriolage d’une banque comparé à la fondation d’une banque ? », interroge Mackie.
           
Truands, mendiants, policiers et prostituées forment au fond un seul et même monde, guidé par un seul et même principe – la survie par le profit, sans foi ni loi.

 « Beaux Messieurs, qui venez nous prêcher de vivre honnête et de fuir le péché, Vous devriez d'abord nous donner à croûter. Après, parlez : vous serez écoutés.       Vous aimez votre panse et notre honnêteté, Alors, une fois pour toutes, écoute z:      
Vous pouvez retourner ça dans tous les sens, La bouffe vient d'abord, ensuite la morale.     
Il faut d'abord donner à tous les pauvres gens Une part du gâteau pour calmer leur fringale
. »
Conclusion de ce spectacle réjouissant : « Ne jetez pas la pierre sur les opprimés » (Opéra de Quat’sous).

dimanche 9 février 2020

Sujet du Merc.12 Fev. 2020 : ENSEIGNEMENT OU EDUCATION ?

ENSEIGNEMENT OU EDUCATION ?

« C’est à la maison que votre enfant doit apprendre les mots magiques : bonjour, bonsoir, s’il vous plaît, est-ce que je peux, pardon et merci beaucoup ».

En janvier dernier, des enseignants suédois (quelque peu excédés comme on peut l’imaginer) se sont permis de poster sur Face book ce petit « rappel » à l’attention des parents d’élèves, non sans une touche de remontrances. Soit un petit rappel qui relève de l’évidence. En tout cas pour moi. Évidence qui ne semble pas être partagée ou du moins qui semble avoir été oubliée pour certains. Et vous ?

« Ici, à l’école, nous lui apprenons les mathématiques, le portugais, l’histoire, les sciences, la géographie, l’anglais et l’éducation physique et ne faisons que renforcer l’éducation que votre enfant a reçue à la maison »
Le post n’a pas tardé à être relayé sur l’ensemble de la toile, ce qui a bien sûr alimenté -pour ne pas dire envenimé- un débat déjà délicat : quelle est la véritable posture d’un enseignant ?
  • Un transmetteur de savoirs et de connaissances ? Pas uniquement
  • Un expert disciplinaire ? De moins en moins alors que la transdisciplinarité est à l’œuvre dans les formations professionnelles, mais remise en cause dans l’élaboration des programmes et des emplois du temps scolaire
  • Un éducateur social ? Mais ces jeunes professionnels n’ont pas forcément « signé » pour ça, ou n’en ont pas vraiment eu conscience. Reste encore à savoir comment ces futurs enseignants conçoivent effectivement leur « vocation » professionnelle.

Et qu’en est-il alors de leur formation à éduquer convenablement et pertinemment ces élèves, au delà d’une transmission de connaissances ?

Comment désigner et expliquer cette situation en France ?
Certains prendront le chemin de la facilité en dénonçant une « crise de l’éducation en France » sans vraiment l’expliciter, ni la dénouer, comme nouveau symptôme de lassitude.

D’autres accuseront d’emblée le Ministère de l’Éducation Nationale qui « a tué l’enseignement public à coups répétés de réformes », selon une opinion que je ne cesse d’entendre personnellement sous différentes formulations.

Les uns rejetteront la faute en masse sur le corps professoral ou sur la médiocre formation qui leur serait réservée.

Les autres admettront que les parents ont pris de mauvaises habitudes, et délaissent entièrement ou partiellement l’éducation de leurs enfants aux maîtres et maîtresses d’école.     

Voilà une situation bien délicate et inquiétante alors qu’on ne cesse de prôner toujours plus l’éducation comme une arme d’empowerment, comme bouclier contre l’incivilité et la radicalisation.

 Et que dire de l’image du professeur : admiré et respecté par ces parents d’élèves auparavant ; aujourd’hui en conflits avec ces derniers, et à la merci du regard de la société, réduit à un simple « fonctionnaire fainéant, toujours en vacances, au service de l’instrument politique et responsable de l’uniformisation et de l’alignement des petits français sur un seul modèle, comme coulés dans le moule de l’école Républicaine » (je n’ai pas inventé ces propos, je les ai entendus pas plus tard qu’hier soir).

1979 : depuis quelques années, une réforme des programmes d’histoire peine à s’instituer. A l’école primaire, les activités d’éveil ont remplacé les cours disciplinaires et, dans le collège unique à peine naissant, le ministre René Haby tente de faire admettre un enseignement de sciences sociales qui mêle histoire, géographie et économie. L’association des professeurs d’histoire-géographie s’alarme dès 1976 de cette dissolution disciplinaire. C’est le rôle d’une association corporatiste d’exercer une vigilance sur les changements d’une discipline.

En octobre de la même année, Alain Decaux, féru d’histoire, fait une conférence à Vichy. Ses yeux croisent ceux d’une auditrice : «  C’était à Vichy. Au grand casino. Je venais de prononcer une conférence ; parmi les habituelles vieilles dames qui dans ces sortes d’affaires viennent féliciter le conférencier, j’aperçus une jeune femme qui, sans hâte, attendait son tour. Charmante, quand elle souhaita s’entretenir avec moi, je dois avouer que je ne me suis pas fait prier ». 

A la romance se mêle ensuite la tragédie d’une révélation : « Monsieur, mes élèves viennent en classe d’histoire comme ils iraient à l’abattoir » lui annonce la dite « charmante » jeune femme.



dimanche 2 février 2020

Sujet du Merc. 5 Février 2020 : Se dirige-t-on vers la marchandisation de l’Education ?


        Se dirige-t-on vers la marchandisation de l’éducation ?

Dans un environnement changeant et imprévisible, l’apprentissage constitue la condition de la survie d’une espèce. D’une façon moins utilitaire, l’apprentissage est, entre bien d’autres choses l’une des clés de la compréhension du monde, de soi et de notre place dans le monde. C’est aussi l’apprentissage d’un savoir-faire pratique. L’étymologie du mot apprendre provient du latin appréhende qui signifie saisir ou prendre. Cependant, l'étymologie ne paraît nous livrer qu'un aspect tronqué de ce que signifie apprendre. En effet, apprendre c'est certes acquérir une connaissance ou un savoir-faire, mais c'est aussi enseigner, c'est-à-dire faire acquérir une connaissance ou un savoir-faire . Cette relation réciproque s’observe dans l’éducation scolaire entre celui qui enseigne, le professeur et celui qui apprend, l’élève. Mais alors qu’en disent les philosophes ?


L’Education pensée par quelques philosophes

Pour Platon, L’éducation doit rendre l’homme meilleur et l’amener à penser par lui-même. Platon part du principe que pour apprendre, il faut d’abord « désapprendre », s’affranchir de nos opinions et inclinations pour s’éveiller à ce qu’il appelle la Réalité et le Vrai. Il faut apprendre à aller au-delà des apparences.

Aristote considère que l’homme heureux est un homme éduqué et que seul l’homme vertueux peut être heureux et seule l’éducation permet d’acquérir la vertu. Ce n’est que par l’éducation que le bonheur devient accessible. Ainsi, le bonheur s’enseigne.

Rousseau, dans l’Émile et de l’éducation s’attache à la liberté de l’enfant, il considère alors que le rôle de l’éducateur ou des parents n’est pas d’instruire l’enfant, mais de le guider. L’enfant s’instruit par lui-même en regardant la nature. Il est important qu’il apprenne à se débrouiller seul, ainsi deviendra-t-il un homme libre et autonome.

C’est également par le chemin de liberté que Kant justifie le dessein de l’éducation. Pour lui, L’éducation a précisément pour but de conduire l’homme vers sa propre humanité. Elle lui permet de faire l’apprentissage de la liberté

Une relation intime entre l’Éducation et le marché

Il pourrait bien y avoir autant d’écoles que de thèses philosophiques sur l’Éducation qui, même si elles se rejoignent ou se complètent, peuvent aussi diverger. Mais quand l’on quitte le monde des pensées et que l’on met l’Éducation scolaire en perspective dans nos sociétés contemporaines, on peut dresser un constat majeur : aujourd’hui, Les institutions scolaires et les services liés à l’enseignement émanant du privé, détenus par des entreprises, se multiplient à travers le monde.

L’Éducation est alors progressivement considérée « comme une marchandise, un bien privé, un produit se faisant le reflet du statut social ; autrement dit, tout le contraire d’un bien public et sociétal » .        
Le service public de l’éducation est en danger, et avec lui, la démocratie et la cohésion sociale. L’éducation serait-elle donc en train de perdre son essence même ? Peut-être, mais ce n’est pas une satire de notre société sur laquelle j’aimerais faire porter langues et regards, mais bien sur un renversement de valeurs, celui du caractère devenu prioritairement marchand et fonctionnel de l’école et non plus celui uniquement d’éclairer l’Homme et de le guider vers les chemins de la connaissance, du savoir-faire et bien évidemment de la philosophie. Alors essayons d’étudier le rapport intime qu’entretiennent aujourd’hui l’école et marché.   

Les preuves attestant de l’inefficacité de l’application d’une logique de marché au sein des services éducatif ne manquent pas. L’OCDE démontre que de cette logique mercantile découle une diminution de la moyenne des résultats scolaires, un affaiblissement de la capacité d’apprentissage et une augmentation des inégalités. Malgré ces évidences, le démantèlement de ce service public fondamental va de bon train, et ce avec la complicité de la plupart des gouvernements.

La marchandisation de l’éducation est un phénomène en extension et prend de multiples formes

« La marchandisation se définit comme la transformation de l’éducation en un produit marchand source de profit. Elle est un processus insidieux aux formes multiples qui touche à la fois les secteurs de l’éducation formelle et non formelle. Il se traduit par le développement d’entreprises commerciales pour le soutien scolaire, des coachings d’orientation scolaire, la production de soi-disant « kits » prêts à penser contre la dyslexie, la dysorthographie ou encore le développement de logiciels numériques dits « éducatifs »… ».
Cette tendance s’étend au monde entier, et la crise dans laquelle l’économie des États européens et nord-américains, entre autres, est plongée depuis 2008 ne fait qu’encourager ce grignotage par le privé d’un secteur public dépecé par des années d’austérité.
« Il existe un vaste éventail de pressions (du privé) sur l’éducation, qu’elles viennent d’entreprises privées, notamment dans le secteur de la recherche universitaire, des fondations, qui ne subventionnent que ce qui leur rapporte ou répond à leurs attentes ».
D’importantes conséquences
-          L’augmentation des inégalités à travers le manque d’accès à une scolarité de base, les frais d’inscription devenant le principal obstacle à la scolarisation des enfants ;
-          La « standardisation des pratiques et des méthodes pédagogiques » [6]. à travers le développement des écoles « low cost » dont le principal objectif est de faire des économies d’échelle en rationalisant l’offre au maximum ;
-          La place de plus en plus grande accordée aux partenariats avec le privé pour le financement de l’éducation, les entreprises du numérique acquérant une emprise croissante sur ce secteur, y compris en ce qui concerne les contenus pédagogiques et les méthodes d’enseignement.

Sujet du merc. 09/10/2024 : Quand on nait, qu’est ce qu’on est ?

  Quand on nait, qu’est ce qu’on est ? «  Il y a le gène de la méchanceté et celui de la bonté, celui de l’intelligence et celui de la b...