Philosophie et religion.
Le divorce
nécessaire entre philosophie et théologie
Les religions
monothéistes se sont fondées en opposition à la philosophie des connaissances
et les sciences et en opposition chacune par rapport aux autres.
Les chrétiens reprochent à
Pythagore d’avoir défini la nature comme réalité suprême.
Dans L’Épitre de Saint-Paul aux Philippiens
: « Prenez garde qu’il ne se trouve quelqu’un pour vous réduire en
esclavage par le vain leurre de la philosophie. Si quelqu’un d’entre
vous pense être sage selon le monde, qu’il devienne fou pour devenir
sage ; car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. »
Platon, le fossoyeur de la
philosophie, a contribué à livrer la philosophie aux religieux. En 325
l’empereur Constantin, disait dans un discours : « Platon était
supérieur à tous les autres et le premier qui a habitué les pensées des hommes
à s’élever des réalités sensibles aux intelligibles. » Aristote, par
son opposition à Platon, est tenu à l’écart par les chrétiens. Il est reproché
à Aristote de confondre Dieu et le monde.
Hegel dans Esthétique affirme que : « La religion est la
sphère universelle dans laquelle l’homme prend conscience de la seule totalité
concrète unissant sa propre essence et celle de la nature. La philosophie
n’a d’autre objet que Dieu ; elle est essentiellement une théologie
rationnelle, et le culte perpétuel de la divinité sous la forme du vrai. »
Marcel Conche :
« La philosophie ne peut exister que là où la religion n’exerce pas un
droit de préemption sur la pensée. Le religieux implique le surnaturel, mais on
ne passe du naturel au surnaturel que par la croyance non par la raison. Je ne
crois pas qu’il y ait un Dieu. Dieu est pour moi un mot vide. La philosophie de
Descartes ou Kant est un mixte de religion et de philosophie. Il appartient
à la philosophie d’être irréligieuse, et c’est ce qu’elle est chez Spinoza,
Hume, Nietzsche, Bergson ou Sartre. La philosophie est l’œuvre de la raison
alors que la religion suppose une Révélation. Il n’y a donc pas entre elles de
compatibilité possible. »
Comme la laïcité
impose une séparation entre églises et État, il faut exiger la séparation des églises et des universités et
toutes les institutions chargées de l’enseignement.
Extraits du Système de la Nature
de Paul Thiry, Baron d’Holbach 1723-1789 : « L’homme n’est
malheureux que parce qu’il méconnaît la Nature. Son esprit est
infecté de préjugés. Il voulut être métaphysicien avant d’être
physicien, il méprisa les réalités pour méditer les chimères, il
négligea l’expérience pour se repaître de systèmes et de conjectures. L’homme
dédaigna l’étude de la Nature pour courir après des fantômes. La raison
guidée par l’expérience doit enfin attaquer dans leur source des préjugés dont
le genre humain fut si longtemps la victime. C’est aux erreurs
consacrées par la religion que sont dues l’ignorance et l’incertitude
où l’homme est, de ses devoirs, de ses droits les plus clairs, des vérités les
plus démontrées. Les êtres que l’on suppose au-dessus de la Nature ou
distingués d’elle-même, seront toujours des chimères. Tout ce que nous faisons
ou pensons, tout ce que nous sommes et ce que nous serons, n’est jamais qu’une
suite de ce que la nature universelle nous a faits. L’ART n’est que la Nature
agissant à l’aide des instruments qu’elle a faits. C’est par nos sens
que nous sommes liés à la nature universelle, c’est par nos sens que
nous pouvons la mettre en expérience et découvrir ses secrets. Faute de
connaître la Nature, l’homme se forma des dieux qui sont devenus les seuls
objets de ses espérances et de ses craintes. Les hommes n’ont point senti que
cette Nature, dépourvue de bonté comme de malice, ne fait que suivre des lois
nécessaires et immuables. »
Pour simplifier je distingue Deux
Philosophies : celle des Croyances et celle des Connaissances ;
je pense ici, bien sûr, aux Connaissances de la Nature. Il y a la philosophie
de l’Obscurité et celle des Lumières ; celle du Ciel
des Idées et celle du Jardin terrestre, celle des a priori
et celle des a posteriori, celle de
l’idéalisme et celle de l’empirisme, celle du dualisme et celle de l’émergentisme, celle de l’essentialisme et celle de l’existentialisme, celle de l’abstraction pure et celle de la réalité
uniment matérielle et spirituelle, celle de la foi religieuse de celle
du mythe allégorique, celle
d’un extra-monde de celle de ce monde naturel, l’intemporelle
et la temporelle, la désincarnée et l’incarnée. Celle dont la pensée castratrice
s’acharne à séparer ce qui est indissociable et celle qui tente de réassocier
ce que la première a dissocié : le sujet de
l’objet, le Corps de la Pensée, le Sensible de
l’intelligible, les Créatures de la Créatrice, la Culture
de la Nature, l’Inconscient de la Conscience. Et bien sûr
pour la philosophie des Lumières la Créatrice n’est autre que la Nature,
elle-même Autocréatrice d’elle-même, Autopoïétique et Créatrice
de Créatrices qui sont elles-mêmes Créatrices. Étant donné que ces deux
Philosophies sont incompatibles il y a la Faussaire et l’Innocente.
Pour les départager dans son tribunal seule la Nature dans sa Réalité autant
Objective que Subjective me semble pouvoir jouer le rôle de Juge habilitée.
La fresque de l’École d’Athènes de
Raphaël illustre ces 2 philosophies qui représente entre autres Platon qui
désigne le divin perché dans le ciel de ses Idées et Aristote la Nature
enracinée dans la Terre.
Comme il y a 2 philosophies il faut
distinguer deux spiritualités opposées : la spiritualité
naturelle laïque humaniste reconnaissant comme transcendances la Vie,
l’Humanité et la Nature et la spiritualité religieuse ou
théologique, déiste dont la transcendance est divine.
La connaissance n’est pas une fin en
soi ; c’est un moyen de s’accorder avec le monde.
L’acquisition des connaissances doit pouvoir
remettre en cause la définition de certains mots : transcendance,
métaphysique, âme, esprit, conscience, philosophie, temporel, spirituel,
spiritualité, Nature, Culture, blasphème, sacré, liberté, libre-arbitre.
Lignée Luminescente des philosophes qui ont
su ne pas soumettre la philosophie à la religion : Anaximandre, Pythagore,
Anaxagore, Démocrite,
Épicure, Lucrèce, Spinoza, Auguste Comte, les philosophes des Lumières du XVIIIème
siècle : D’Holbach, Diderot, Théodule Ribot, Kierkegaard, William James,
Etienne Gilson, Henri Bergson, Maurice Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre…
Lignée
obscure des
philosophies théologisées qui ont concilié philosophie et religion aux dépens
de la connaissance du réel : Parménide, Socrate, Platon, Plotin,
Descartes, Kant, Hegel, Heidegger, Jan Patočka 1907-1977, Chantal Delsol, Robert Redeker…Entre ces deux
lignées philosophiques il y a les philosophies purement abstraites,
déconnectées de la réalité qui se basent sur les mathématiques comme chez Alain
Badiou, Catherine Malabou, Quentin Meillassoux.
Ce sont, semble-t-il, les Hébreux, en détachant Dieu de la
Nature, en rendant transcendant l’être divin et sa volonté, qui ont fait le
premier pas hors de la mythologie. Chez les religieux la volonté de Dieu
remplace tous les mythes ; Dieu commande, l’Homme obéit. Pour les
Égyptiens et les Mésopotamiens les dieux étaient dans la nature, le soleil par
exemple était un Dieu parmi d’autres. L’Épopée de Gilgamesh date du II°
millénaire AJC, les Hébreux datent du I° millénaire AJC. L’approfondissement
philosophique de la mythologie ne sépare jamais radicalement l’homme, la
Nature et le Divin.
Les connaissances acquises par la biologie
pendant le XX° siècle remettent en cause des concepts encore défendus par la
philosophie et qui sont devenus obsolètes ; il est donc nécessaire
d’actualiser la philosophie. Parce qu’elles traitent toutes deux de la Vie et
en particulier de la Vie Humaine, nul ne peut ignorer la complémentarité qui
existe entre philosophie et biologie. La biologisation de la philosophie
doit s’accompagner de la philosophisation de la biologie ; c’est un
accord gagnant-gagnant. Aucune des deux disciplines n’y perd son autonomie
propre. J’appelle BIOSOPHIE la philosophie qui intègre les connaissances
de la biologie.
En grec sophia signifie à la
fois sagesse et connaissances ou savoir. Autrefois le
mot sophia signifiait l'habileté dans les beaux-arts et enfin
le savoir de manière générale. C'est de cette façon que ce terme sophia en
est venu à désigner la sagesse en connotant la connaissance.
Aristote dans Métaphysique I :
« J'appelle philosophe, celui qui, dans la mesure du possible, possède
la totalité du savoir. » En tout cas il ne doit fermer la porte à
aucune source du savoir ; tout philosophe doit faire preuve
d’ouverture. Sachant que le savoir est
l’ensemble des connaissances acquises par l'étude,
par l'observation, par l'apprentissage et par l'expérience.
Voltaire : « Les
sectes religieuses sont multiples alors que la science est une. »
Cela montre bien que la religion se base sur des opinions, des croyances et une
foi, tandis que la science se construit sur des connaissances confrontées à la
réalité.
La laïcité ne distingue pas le
temporel du spirituel mais le pouvoir politique civil du religieux ou
ecclésiastique. Selon les chrétiens le royaume du Christ n’est pas de ce
monde ! Chantal Delsol ose affirmer qu’elle est dans ce monde mais
pas de ce monde.
+ voir Auguste Comte et la déesse Humanité (Clothilde de Vaux) et
le Deus sive Natura (Maïmonide, Descartes et Spinoza). La bibliothèque
d'Alexandrie -288 détruite entre -48 et +642.
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