Notre société est-elle trop
individualiste ?
Notre société serait celui
du règne de l’individualisme. Ainsi sont pointées du doigt la précarisation de
nos liens et une prétendue fragmentation de la société. Mais quand est-il
vraiment ?
L’individualisme serait souvent perçu comme le mal fondamental de notre
monde occidental d’aujourd’hui. Mais qu’est-ce que l’on entend par ce mot ?
Est-ce que cela signifie un pur renfermement sur soi ou bien l’individualisme
vient-il révéler notre personnalité ? Si c’est le mal du siècle de quelle sorte
de liens s’agit-il, liens communautaires, liens religieux, liens familiaux ou
liens militants ?
En penseur du XIXe siècle, Tocqueville s’interroge sur l’affaiblissement des liens traditionnels dans le nouvel ordre social que représente la démocratie.
Pour lui, la démocratie favorise l’émergence d’un individu émancipé de
ses attaches traditionnelles. Celui-ci se préoccupe avant tout de lui-même, de
sa famille et amis proches au préjudice de la société dans son ensemble. Ce
repli des individus sur la sphère privée et le désintérêt pour la chose
publique qui en découle sont deux caractéristiques majeures de la démocratie.
Ainsi, l’individualisme est un sentiment spécifique aux systèmes
démocratiques. Tocqueville définit l’individualisme comme le « sentiment qui
dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer
à l’écart avec sa famille et ses amis ».
Pour Tocqueville, l’individualisme se développe d’autant plus que les
conditions s’égalisent. Un tel constat l’amène à voir dans la démocratie un
régime qui s’autodétruit de l’intérieur. La démocratie nourrit des idéaux qui
sont les germes de sa propre destruction.
Pour autant, l’individualisme est un « sentiment réfléchi ».
Tocqueville différencie égoïsme et individualisme. Le premier constitue un « sentiment
dépravé », qui consiste en une passion exagérée de l’individu pour
lui-même. L’individualisme est le résultat de l’égalisation des conditions,
grâce à laquelle l’individu peut se suffire à lui-même ; en cela il est un « sentiment
réfléchi ».
Mais placer l’individu au centre ne permet-il pas d’être plus attentif à
nos droits, et donc à la réflexion politique qui en découle ?
En fait la perception de l’individualisme varie d’une personne à l’autre
et d’une société à l’autre. Et il est difficile à vrai dire de sortir d’une
subjectivité voire d’une sensiblerie mal placée
Une autre source de confusion, l’individualisme est bien souvent le moyen
de dénoncer une vision de la société très négative comme une compétition
acharnée. Or quand nous avons besoin du collectif, nous avons surtout besoin
des autres individus qu’ils s’adressent à nous pour nous créer comme individu,
et pour que nous existions.
L’individualisme n’est pas une guerre des uns contre les autres c’est le
résultat des relations humaines les plus riches. Il peut encourager
l’innovation, la créativité, l’autonomie individuelle et l’entreprenariat.
Certains estiment que l’individualisme est inhérent à la nature humaine et
qu’il est difficile, voire impossible de revenir à des modèles collectivistes
plus traditionnels.
C’est une erreur, une nostalgie d’une époque qui n’a jamais existée de
croire dans une société collective qui serait le bien absolu de l’humanité dans
son ensemble. Nous dépendons des autres pour exister comme individu.
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