« Ça crie mais ne sent point » »
Malebranche
Fontenelle fit un jour une visite
à Malebranche et il relate l’anecdote suivante : « Une grosse chienne de la maison, et qui était pleine, entra dans la
salle où ils se promenaient, vint caresser lMalebranche et se rouler à ses
pieds. Après quelques mouvements inutiles pour la chasser, le philosophe lui
donna un coup de pied, qui fit jeter à la chienne un cri de douleur et à
Monsieur de Fontenelle un cri de compassion. Eh ! Quoi, lui dit froidement
Malebranche, ne savez-vous pas que cela ne sent point ? ». Malebranche est connu comme disciple de
Descartes et sa réaction pourrait faire penser à l’option cartésienne des
« animaux-machines ». Mais Descartes est bien plus subtil que ses
disciples supposés. Pour lui :
-
« Si les
animaux sont des automates, ce sont des machines infiniment subtiles parce que
construites par Dieu, alors que les machines automates produites par l'homme
sont élémentaires ».
-
« Quoique je
regarde comme une chose démontrée qu'on ne saurait prouver qu'il y ait des
pensées dans les bêtes, je ne crois pas qu'on puisse démontrer que le contraire
ne soit pas, car l'esprit humain ne peut pénétrer dans leur cœur. »
-
Ce qu’il refuse
aux bêtes ce n'est que la pensée : « Car je ne leur ai jamais dénié
ce que vulgairement on appelle vie, âme corporelle et sens organique. »
-
« Je parle
de la pensée, non de la vie, ou du sentiment, écrit-il. Car je n'ôte la vie à aucun animal, ne la
faisant constituer que dans la chaleur du cœur. Je ne leur refuse pas même le
sentiment autant qu'il dépend des organes du cœur. »
Quatre siècles plus tard on
assiste a une inversion totale de la problématique homme/animal. Les
développements scientifiques, l’élevage intensif, le peuplement de la terre
sont vus comme des dangers et la nature comme la source d’une nouvelle
réflexion morale.
Aujourd'hui la pensée écologiste
vulgaire a le plus souvent tendance à poser que ce qui est de l'ordre de la
nature bénéficie d'un a priori positif, tandis que ce qui est artificiel, c'est
à dire relève de l'activité humaine, est a priori suspect.
Cette dérive qui se niche
désormais dans l’ensemble des discours « philosophiques » et ….publicitaires,
est devenue une idéologie, c'est-à-dire un ensemble de propositions dissolvant
les frontières entre homme et animal, humanité et animalité. Les hommes sont
violents …. Comme les animaux, ils n’ont besoin que de boire manger et se
reproduire. Entre eux et nous pas de différence de nature. Mais a ne plus voir
de frontières on finit par franchir certaines limites …..
En 2001 Jacques Derrida, invité
pour faire la promotion de son dernier livre écrit avec la psychanalyste
Elizabeth Roudinesco, répond aux questions posées par le journaliste à propos
du rapport aux animaux.
La première question a porté sur l'autorisation ou l'interdiction morale
d'écraser des cafards. Jacques Derrida a répondu :
« Non, il n'y a pas interdiction de tuer
quand c'est nécessaire, je demande seulement qu'on éprouve un peu de compassion
et de culpabilité ».
Puis un peu plus tard : « Il faudra bien
qu'on revoie l'élevage industriel concentrationnaire, qui constitue un
véritable génocide animal ».
Derrida, qui se prétend philosophe, ne
connaît pas le sens de mots simples comme génocide ou élevage, qui sont
exactement le contraire l'un de l'autre, puisque le génocide consiste à
exterminer une population apparentée par des liens génétiques et que l'élevage,
au contraire, perpétue des races animales.
L'école humaniste pense que les
animaux n'ont pas de droits, mais que l'homme a des devoirs envers sa propre
dignité qui lui interdisent d'avoir des comportements cruels envers les
animaux et de leur faire subir des souffrances inutiles ; cette morale est à
l'origine du droit de la protection des animaux, ce qui est tout autre chose
que les droits des animaux
« …. Nous nous inquiétons d'assister,
à l'aube du XXléme siècle, à l'émergence d'une idéologie irrationnelle qui
s'oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement
économique et social.
Nous affirmons que l'état de nature, parfois idéalisé par des mouvements qui
ont tendance à se référer au passé, n'existe pas et n'a probablement jamais
existé depuis l'apparition de l'homme dans la biosphère, dans la mesure où
l'humanité a toujours progressé en mettant la nature à son service, et non l'inverse.
Les plus grands maux qui menacent notre
planète sont l'ignorance et l'oppression et non pas la science, la technologie
et l'industrie dont les instruments, dans la mesure où ils sont gérés de façon
adéquate, sont des outils indispensables qui permettront à l'humanité de venir
à bout, par elle-même et pour elle-même de fléaux tels que la surpopulation, la
faim et les pandémies. » (Appel de Heidelberg – 01 Juin
1992)
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