"La vérité est au fond du puits" Démocrite
La vérité est un des thèmes centraux de la
Mais « l’art de dire la vérité », qui, au fond ne serait qu’une
technique de manipulation de mots, de concepts, etc… apparentée à la
sophistique n’est pas la recherche de la vérité car il présuppose que
« l’artiste qui dit la vérité »
…..connait une vérité. On est
loin de l’approche Démocritéenne !
Dire que « la vérité est au
fond du puits » c’est faire accéder l’homme à la connaissance. C’est faire
descendre la vérité au niveau des mortels afin qu’elle ne cesse d’être le
privilège des dieux. « où que tu
sois creuse profond. N’écoute pas les hommes en noir
crier : « en bas c’est toujours l’enfer ». En bas jaillit
la source » disait Nietzsche en écho.
Dire de la vérité qu'elle est surprise au fond du
puits, c'est dire que la vérité n'est pas nécessairement évidente et qu'elle se
cache dans l'obscurité du puits, là où on ne l'attend pas. En ce sens, nous
pouvons opposer la vérité à l'apparence. L'image du puits n'est pas sans faire
penser à l'anecdote de Thalès qui
est racontée dans le Théétète. Alors que Thalès se promenait en regardant le
ciel, il ne vit pas le puits qui était creusé dans le sol et tomba. Une
servante de la ville de Thrace qui passait par là, se mit alors à rire, se
moquant de ce savant qui, ayant la tête dans les nuages était incapable de voir
la réalité qui était sous ses pieds.
Cette anecdote est souvent racontée pour critiquer le savant et le
Ainsi, la servante a pu rire face à Thalès
pensant qu'il ne voyait pas la réalité alors que Thalès découvrait une vérité en descendant dans le puits. La vérité
n'est pas donc dans l'apparence, dans ce qu'on voit, elle est à découvrir et
exige une activité de la réflexion face aux apparences, une activité de
l'esprit.
La politique, aujourd’hui, serait un
théâtre burlesque où des politiciens prompts au mensonge rient entre eux de
leurs pantalonnades devant un public candide. D’un scandale à l’autre, les
citoyens n’en finissent pas de se découvrir bernés par ceux en qui ils ont eu
confiance. Peut-on désormais rencontrer la vérité quelque part?
Dans un article publié en allemand
en 1964 et intitulé « Vérité et politique » Hannah Arendt souligne qu’il
serait absurde de prétendre que la vérité doit prévaloir en toutes choses.
L’action politique est ce par quoi nous cherchons « à établir ou à sauvegarder
les conditions de la recherche de la vérité ». Comme substitut à des moyens
plus violents, le mensonge peut s’avérer, à certaines occasions, le moyen le
moins dévastateur de préserver les havres de paix nécessaires à la poursuite de
la vérité. De plus, comme Chateaubriand l’avait fait dans son Génie du christianisme,
Arendt constate qu’aucune des grandes religions, le zoroastrisme excepté, ne
catalogue le mensonge parmi les péchés mortels.
Selon Arendt, il importe d’établir
une distinction entre vérité rationnelle et vérité de fait pour saisir l’impact
du mensonge. La première, qui se rapporte aux vérités des sciences, de la
Lorsqu’ils proclamèrent leurs droits
inaliénables, les rédacteurs de la Déclaration américaine d’indépendance de
1776 écrivirent :
«Nous tenons pour évidentes pour
elles-mêmes les vérités suivantes : tous
les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits
inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche
du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces
droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les
fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le
droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement...
» Jefferson savait qu’on n’entre pas en politique avec de grandes vérités sans
devoir lui faire des concessions. Rien n’ébranle plus une communauté que
l’irruption de porteurs de vérités absolues.
Si la vérité est une activité de l’esprit, comment
répondre à l’auteur de ce texte qui prétend toucher la vérité par le biais de
son corps ?
« des zébrures en croix sur ma
peau pour mieux suturer les failles de mon âme des mots amers dans ta bouche
qui coulent comme le miel sur mon cœur car il me faut souffrir pour aimer
souffrir pour jouir pour te combler pour te donner l'envie d'aller plus fort plus
loin de me faire toucher le fond du puits où je trouverai ces quelques gouttes
qui étancheront ma soif de savoir enfin qui je suis vraiment. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
1 - Tout commentaire anonyme (sans mail valide) sera refusé.
2 - Avant éventuelle publication votre message devra être validé par un modérateur.