La république sociale, produit de la
philosophie politique ?
La philosophie à partir de
Socrate se pose la question de la gestion de la cité. Quel gouvernement, quel
rapport entre les différentes classes de la société devons-nous instaurer pour
une bonne gestion de la cité ? La question de la lutte de classe est la
suivante : comment assurer la domination de la classe dirigeante sans
provoquer la révolte. Cette question est au cœur de la philosophie politique.
Après la chute de l’empire
romain et surtout la fermeture de la dernière école de philosophie par
Justinien jusqu’à la renaissance pour la religion chrétienne ou musulmane, Dieu
est le seul organisateur de la vie des individus. Ses représentants sur terre,
religieux ou laïcs, organisent la vie de la cité et de ses membres suivant ses
lois. Il y a dans ces deux époques des tentatives de sociétés égalitaires.
Fin du XIV, début XVième :
moment où les fortunes immobilières héritées de la fin de l’empire romain
d’occident et de la féodalité rentrent en concurrences avec les fortunes mobilières
qui se sont constituées dans les villes. La bourgeoisie naissante veut une
parcelle de ce pouvoir. Les grandes villes, où la bourgeoisie est fortement
représentée, acquièrent des parcelles d’autonomie. La philosophie politique
revient dans le débat public (Machiavel, Montaigne, La Boétie, Rabelais). Avec
les découvertes et la colonisation du
« Nouveau Monde », les antagonismes augmentent de plus en plus
entre la noblesse (richesses immobilières) et la bourgeoisie (richesses
mobilières). Les philosophes des Lumières vont devenir des facteurs importants
de ce débat. En Angleterre nous assistons à une fusion entre les deux, noblesse
et bourgeoisie. En France, l’antagonisme va se traduire par la grande
révolution.
La grande révolution va
être le laboratoire de deux positions issues des Lumières. Même si en 1789,
elles paraissent unies face au parti royaliste. D’un côté nous avons Voltaire :
‘’un pays bien organisé est celui où le
petit nombre fait travailler le grand nombre et nourri par lui et le gouverne
‘’, et de l’autre Rousseau, le contrat social, le gouvernement de la volonté
générale. Mais cela ne suffit pas. Il faut que l’exploité prenne conscience de
sa condition d’exploité.
Les députés qui vont
devenir les girondins, dès la constituante, sont pour Voltaire. Les futurs
jacobins sont pour Rousseau. Pour les girondins, les amis de la liberté (Ils
s’appellent ainsi). La première des libertés, c’est la liberté économique.
L’état n’a pas à intervenir dans les affaires privées surtout les affaires commerciales.
L’état doit les aider à conquérir de nouveaux marchés, à faire face aux crises
économiques. Condorcet écrit la constitution girondine de 1793, constitution
jamais adoptée, constitution complexe qui permet à la bourgeoisie de garder le
pouvoir malgré le suffrage universel.
L’instruction publique
pour Condorcet doit récompenser le mérite de ceux qui avantagent la
bourgeoisie.
Pour Marat et les
Jacobins, la liberté individuelle est la première des libertés. Elle ne peut
être garantie que par l’égalité. La constitution jacobine de 1793, qui va être
voté mais jamais appliquée, est le socle de cette République sociale. Pour
garantir cette égalité, dans le préambule : la déclaration des droits de
l’homme de 1793, toute une série d’articles, article 21 : la société doit la
subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en
assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler, un
autre article sur le droit à insurrection, sur la liberté de culte, plusieurs
articles sur le droit international. Il (le gouvernement de la république) ne
s’immisce point dans le gouvernement des autres nations. Il ne souffre pas que
les autres nations s’immiscent dans le sien, ou encore ‘’ il donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la
liberté. Il la refuse aux tyrans. » Le théoricien de l’enseignement
Louis-Michel Lepeletier de Saint Fargeau,‘’il
faut empêcher les riches de s’instruire plus vite de les pauvres’’ . Pour
cela son décret voté par la convention, la république prend entièrement en
charge tous les enfants de 5 à 12 ans en pension pour l’instruction et
l’éducation financé par un impôt progressive pour palier à la disparité de
richesse. Pour Hérault de Séchelles rapporteur de la constitution, il faut maintenir
la primauté de la représentation nationale, une assemblée unique de 600 élus. L’assemblée
contrôle l’exécutif et le judiciaire. L’autre centre du pouvoir les assemblés
primaires (assemblée communale). Les élections sont au suffrage universel. Un
décret de Robespierre va être refusé : celui limitant le droit de
propriété et la transmission de l’héritage. Condorcet proteste en disant que la
constitution montagnarde est un dictature de l’assemblée, lui qui avait écrit
une constitution qui était une dictature de l’oligarchie sur le peuple.
Après la chute de
Robespierre et des jacobins radicaux, leurs idées d’égalité, de liberté
individuelle, d’instruction publique, la république sociale, un véritable
socle, vont être entretenues et propagées par Babeuf, Buonarroti et les
premiers socialistes, en Belgique, en Angleterre, en Italie, en Allemagne. Ils
se présentent comme les héritiers de la république sociale de Robespierre. La
dictature du grand nombre sur le plus petit, ne conduit elle pas, à la dictature du prolétariat dans le
manifeste du parti communiste de Marx ?
La commune de Paris va
reprendre une grande partie de l’œuvre de la convention montagnarde. Marx
considère que la commune de Paris est la forme organisationnelle de la
dictature du prolétariat. Il y a continuité entre l’universalisme de la
République sociale des jacobins et la République universelle des soviets.
Aujourd’hui avec le
libéralisme économique nous sommes dans une dictature de l’oligarchie qui n’a
que faire des frontières même les frontières sont un obstacle pour son conseil
d’administration. Dans chaque nation les travailleurs ont acquis par leur
combat un certain nombre de droits, des acquis qui empêchent le conseil
d’administration de l’oligarchie de faire plus de plus-value.
Existe-t-il en philosophie
politique une alternative à ces deux dictatures ?
Bibliographie : Mathiez tous ces livres, Soboul 3 tomes sur la
révolution , Badinter sur Condorcet
Conférence de Florence
Gauthier ‘’Guillemin et Robespierre’’ , la convention le décret de Lepeltier de
Saint Fargeau : https://www.monde-diplomatique.fr/mav/131/LEPELETIER/51495
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
1 - Tout commentaire anonyme (sans mail valide) sera refusé.
2 - Avant éventuelle publication votre message devra être validé par un modérateur.