vendredi 3 avril 2015

Sujet du 01/04 : L'Etat et la révolution.



                     L’ÉTAT ET LA RÉVOLUTION

L' État et la révolution est le dernier livre de Lénine. Il ne laisse aucun doute sur ce point que la séparation  - préconisée par les libéraux -  entre responsabilité institutionnelle et exercice du pouvoir d’Etat doit être abolie  parce qu' elle garantit l'ordre existant en matière de propriété. Ce faisant, Lénine s'oppose à Montesquieu qui était aux yeux de Marx un précurseur du libéralisme bourgeois [ Selon le dramaturge de la RDA, Peter Hacks, « le Gouvernement, le Parlement et la Justice, les trois pouvoirs, sont une triple escroquerie ».]
Marx revendiquait l'abolition de cette division entre pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire. A titre d'exemple, la Commune de Paris a remplacé le parlementarisme corrompu et putride de la société bourgeoise par des comités dans lesquels la liberté de jugement ne devient pas un leurre ; les parlementaires devraient élaborer les lois, les appliquer et en assumer la responsabilité devant les électeurs. Les députés ne devraient pas bénéficier d'une situation privilégiée. Il existe un préalable : la limitation et, ultérieurement, l'abolition de la propriété, laquelle découle de l'emprise exercée sur le travail d'autrui.
Marx et Lénine refusent l' Etat libéral ainsi que le système des corps constitués, la monarchie, la République parlementaire de régime présidentiel, l'absolutisme  (avec ou sans Constitution), la dictature militaire, le morcellement du territoire et le mode de scrutin à la proportionnelle.         

Dans l’état et la  révolution, Lénine rejette les intrigues, les intérêts particuliers et le système des lobbys. Le texte montre que l'opposition entre démocratie représentative (assemblées élues)  et démocratie directe est une opposition factice dont l'objectif consiste à accroître la liberté d'action de ceux qui sont les véritables détenteurs du pouvoir. Ainsi « l'ordre libéral et démocratique » en RFA :
 « L'ordre libéral »  renvoie à la  liberté d'entreprise et au  libre-échange ; « l'ordre démocratique » suggère  une souveraineté du peuple au sens républicain ; mais il s'agit là d'une fiction qui doit faire oublier que l'on interdit l'accès au pouvoir à une grande majorité de citoyens en usant de moyens qui ont peu à voir avec la politique mais qui n'en sont pas moins des moyens politiques.
Hegel définit la liberté comme la reconnaissance et la prise en compte de la nécessité. Autrement dit, puisque nous sommes des êtres de nature et que nous ne pouvons pas vivre sans notre terre, nous n'avons pas le droit de détruire ce qui est la base de notre existence au motif que nous voulons réaliser du profit.

Dans l' État et la révolution, Lénine polémique constamment contre les conceptions et les pratiques libérales et se prononce résolument pour leur suppression. C'est ce qu'il appelle « la révolution ». Dans toutes les sociétés divisées en classes, les États sont de simples organisations qui protègent la situation juridique en vigueur en matière de propriété. L'anarchisme ne peut pas incarner un projet politique de dépassement des classes sociales et de l’état. Car comment un État social-anarchiste pourrait-il exister face à un Etat capitaliste dont l'organisation est rigoureuse et qui dispose d'une armée performante ? Après l'abolition des classes sociales, l’état devrait être la forme suprême qui permet d'organiser les échanges entre ce qui est du ressort de la société d'une part et de la nature d'autre part. 

Les objections des conservateurs portent sur l'écrasement sanglant de la contre révolution. Mais la répression  est devenue nécessaire suite à l'intervention de troupes étrangères. Ces objections concernent la collectivisation radicale des terres agricoles en Union soviétique, elles concernent l'asservissement et le meurtre de  millions d'opposants qu'a entraîné l'avènement du nouvel État, elles portent sur la censure de la création artistique et de la vie intellectuelle.
Les objections viennent aussi des forces progressistes : mais ceux qui critiquent l'édification d'un Etat socialiste dans un environnement capitaliste ignorent les conditions historiques auxquelles la révolution est confrontée. De même, certains progressistes critiquent une interprétation statique de la théorie marxiste, alors que, selon Marx, tout n'est que mouvement. 
Il y a eu des millions de victimes dans les deux camps. Mais à quelle fin ont été perpétrés les meurtres de masse par le fascisme ? Ils étaient le moyen ultime de défendre et de sauver le capitalisme. Et qui a libéré l'humanité du régime le plus sanguinaire qui ait jamais existé, le fascisme allemand, sinon l'Armée rouge.  

 L’état s'est constitué parce qu'il était nécessaire de juguler les oppositions de classes mais étant donné que son avènement est lié au conflit de ces mêmes classes, il est en règle générale l’état de la classe qui, d'un point de vue économique, est en position dominante : il est donc l'instrument de l'exploitation du travail salarié par le capital. Cependant, il peut exister des périodes exceptionnelles où deux classes qui s'opposent trouvent un équilibre : le pouvoir suprême acquiert alors une certaine indépendance, il est en surplomb par rapport aux deux classes antagonistes et semble jouer un rôle d'intermédiaire (cf. l'absolutisme sous le règne de Louis XIV).
Selon Engels, dans la République dite démocratique, la richesse exerce le pouvoir de façon d'autant plus sûre qu'elle l'exerce par des voies détournées, à travers l'alliance du gouvernement et de la bourse et en corrompant ceux qui sont investis d'une fonction officielle.

 Heidi  Jaureguy  (traduction de Jean-Luc Debru)

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