lundi 16 septembre 2024

Sujet du merc. 18 sept. 2024 : LE MONDE : UNE CHIMERE (PERNICIEUSE) ?

 

LE MONDE : UNE CHIMERE (PERNICIEUSE) ?

 

C’est l’un des questionnements au fondement de la philosophie que de savoir si l’on est dans l’idéalisme métaphysique ou dans le réalisme philosophique. Tout change selon la réponse. C’est tout l’enjeu de ce texte. Malgré des millénaires d’endoctrinement, on peut essayer de démontrer la chose. Ça demande un exercice de la raison soutenu. On se fait en effet souvent des illusions à ce propos qui ont de sérieuses conséquences bien concrètes sur la vie des hommes.

 

La métaphysique est la résistible tentation de développer une théorie qui présente le monde comme « Tout ». Elle décrit la réalité du monde, ce qui est différent de la manière dont le monde se manifeste à nous ou plus exactement la manière dont nous, les hommes, percevons le monde. C’est donc la métaphysique qui a découvert la notion du « Monde absolu ». Et elle nous l’impose depuis au moins 2500 ans.

 

Quand nous parlons du « monde » nous voulons dire tout ce qui arrive vraiment, tout ce qui est la réalité. Cette démarche a conduit à l’idée fantasque de vouloir nous éliminer – nous les hommes – de l’équation « le monde = tout ce qui arrive vraiment ». Il est en effet admis qu’il y a une différence entre les choses telles que nous les percevons et les choses telles qu’elles sont réellement. Et pour découvrir comment elles sont réellement, il faut pour ainsi dire éliminer du processus de connaissance tout ce qui est le fait des hommes (de chair, d’os, de sang, d’affects, de passion, de raison). Bigre, les idéalistes métaphysiciens n’y sont-ils pas déjà parvenus ? Particulièrement ces dernières années.

 

Ainsi, avons-nous jamais réalisé ce qui suit ?  Quand on se demande ce que c’est que le monde on se place comme spectateur pour le contempler de l’extérieur, par la pensée. Mais ne sommes-nous pas concrètement dans le monde comme partie intégrante ? Ces deux situations sont antinomiques car il n’est tout simplement pas possible d’être à la fois dans quelque chose et hors d’elle ? Impossible.

 

Les dieux monothéistes, eux, prétendent réaliser la performance aberrante d’être à la fois transcendants et immanents ! Ils sont nécessairement hors du monde puisqu’ils l’ont créé (avant qu’il n’existe, eux existaient déjà). Mais comme on ne peut pas être à la fois dans une chose et hors d’elle, l’idée même de ces dieux est absurde. De plus, le monde étant tout ce qui existe, l’irrationalité de leur existence hors du monde est avérée. La question est alors de savoir comment les hommes ont pu majoritairement accepter de telles âneries... Et comment ils peuvent continuer imperturbablement à le faire, envers et contre tout sens du réel ?

 

Giordano Bruno, affirmant l’infinité du « monde » sans limites spatiale ou temporelle, niait tant son commencement par sa création ex nihilo que sa limite, au-delà de laquelle se situerait un dieu transcendant trônant hors du monde. L’infinité sans borne du réel exclut en outre qu’il ait un centre. Que les hommes aient été créés par « Dieu » à son image sur la terre placée au centre de la création de « Tout », c’est-à-dire du « Monde », devient tout simplement irrecevable. L’idée hors sol d’un monde comprenant tout ce qui existe n’a donc pas de sens. Cqfd.

 

Mais les « champ de sens » de tous les bûchers, eux étaient bien réels. Tant pour tous les suppliciés que pour Giordano et les inquisiteurs. Ça, oui, c’était bien réel.

 

En réalité ce qui existe, ce sont toutes les « choses » qui apparaissent, qui émergent (Héraclite le savait déjà). Tout comme les bûchers, les suppliciés et leurs bourreaux. Et surtout les concepteurs et les commanditaires des carnages. Ce qui existe c’est ce qui arrive dans d’innombrables domaines divers et variés, le plus souvent au moins partiellement enchâssés les uns dans les autres. Cela seul fait sens. Ce sont des « champs » de sens. A l’instar du champ gravitationnel d’Einstein.

 

Et ce qui existe dans ces champs, ce ne sont pas que des objets matériels. Il y a aussi les innombrables produits « fictifs », mais néanmoins bien réels de nos imaginations, pensées, affects, préférences, etc. Tels que les sorcières, les fantômes et les extraterrestres, ainsi que les contes pour enfants, les histoires de fées pour petites filles bien sages et les centaines de « genres » parmi les hommes. Et aussi tous les dieux. Même et surtout ceux que nous avons déclarés « uniques en leur genre »...

 

Cela remet en cause la métaphysique et les philosophies idéalistes absolues fondées sur de « Grands Touts », à l’image du concept illusoire et fallacieux de « Monde ». Qui ne saurait exister comme ensemble de tous les ensembles de tous les champs de sens. Outre que le non-sens de ce concept de « Monde » est avéré philosophiquement, il n’existe pas non plus mathématiquement comme ultime ensemble des ensembles. (Sinon on ressusciterait ipso facto un dieu transcendant au-delà de cette ultime enveloppe.) En 1901 Bertrand Russell en avait démontré l’absurdité antinomique.

 

L’inanité des idéalismes absolus de tous les « Tout » est ainsi établie. Pourtant elle continue d’affliger majoritairement les hommes depuis des millénaires. Tout au moins depuis Parménide, Platon, Aristote et bien d’autres. Et cela jusqu’à nos jours. Au point que nous n’en sommes le plus souvent même pas conscients ...

 

On peut encore ajouter que si le monde – censé être toute chose – existait, il serait nécessairement unique en son genre et donc absolument différent de toute autre chose. Par voie de conséquence il n’existerait pas comme tel. Pourquoi ? Parce qu’une chose ne peut se concevoir dans sa différence – qui seule lui donne sens – que par rapport à une ou plusieurs autres choses. C’est pourquoi cet objet (le monde) ne saurait être absolu, « unique au monde ». Encore une fois « Le Monde » est une aberration car, s’il existait, il serait tout seul et ne pourrait se différencier que par rapport à ce qui n’existerait pas. C’est-à-dire par rapport à son contraire, le néant. Or le néant n’est même pas pensable car non existant. Affirmer l’existence du monde  par rapport à un impensable est absurde. Le monde n’existe pas. Cqfd encore une fois.

 

Bref, ce qui n’existe pas « ne peut sortir du lot », tout simplement, et ce qui voudrait se comparer au néant n’existerait pas plus que ce dernier. Il a maintenant été clairement démontré de diverses manières que le concept de « Monde » n’a aucun sens. C’est une vue de l’esprit absconse et métaphysique aux conséquences concrètes incalculables. (Il suffit d’y réfléchir un instant. Faisons-le.). Le tout est de savoir si nous sommes prêts à accepter cette réalité contraire à nos croyances les plus invétérées affirmant que « bien sûr, le monde existe, pardi ! ». On comprend pourquoi les religions et les idéologies fleurissent partout.

 

Quoi qu’il en soit, gardons-nous donc bien de tout Super-objet, toujours métaphysique et qui ne saurait exister. Quelques exemples pourraient questionner certaines convictions parmi les plus profondes :

– le monisme (notamment matérialiste) à la Spinoza et tous les autres, ou encore la science de la vérité comme néo religion : son « Univers » est celui du « chez soi froid, glacé et silencieux », dont nous les hommes et nos modes d’exister sommes exclus. Non, l’ontologie doit garder le contact avec la réalité de notre expérience humaine. Le monisme est réfuté par cette preuve que « Le Monde » n’existe pas. Aïe ...

– le dualisme à la Descartes (une idole) qui affirme que l’esprit des hommes est d’une autre nature que leur corps : un examen superficiel en démontre l’absurdité, là aussi. Si nous acceptions deux natures ou deux substances, d’où tiendrions-nous qu’il n’en existe que deux ? Et pas vingt-deux, par exemple ? D’où l’absurdité du dualisme.

– etc. pour les autres affirmations de Super-objet : qui pourtant sont partout prônées autour de nous qui déconstruisent notre intellect et notre perception de la vie humaine en société. Finalement ce concept délétère a été engrammé en nous au plus profond par des siècles de rabâchage métaphysico-religieux et idéologique.

 

Ce conditionnement, pouvons-nous prétendre qu’il nous a été imposé à notre insu .. ? S’engrammerait-il à l’insu de notre plein gré..? On connaît ce genre d’échappatoire facile. Français – et vous les hommes de tous les pays – encore un petit effort et un peu de courage, et les coquilles subreptices de la cécité philosophique nous tomberont de devant les yeux !

 

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