Giordano Bruno : Le monde est-il fini ou infini ?
Adresse aux juges du tribunal de l’inquisition : « Vous éprouvez sans doute une plus grande peur en portant contre moi cette sentence que moi en la recevant ».
Giordano Bruno, philosophe
et moine dominicain italien du XVIe siècle. Né à Nola (Sud de l’Italie) en 1548
était un penseur audacieux qui a avancé des idées cosmologiques
révolutionnaires pour son époque. Son idée la plus novatrice pour son époque
est sa conception d’un monde infini. Cette idée est développée dans son œuvre
majeure, "De l'infini, de l'univers et des mondes" (1584).
Il a voyagé à travers l'Europe et a enseigné dans plusieurs pays.
En France : Bruno a notamment enseigné à Paris, où il a eu des interactions
avec des cercles intellectuels et a développé certaines de ses idées
philosophiques.
En Angleterre :
Giordano Bruno a passé plusieurs années en Angleterre au service d'Élisabeth
Ier d'Angleterre. Il a enseigné à Oxford et a eu des interactions avec des
penseurs et des scientifiques anglais de l'époque.
En Allemagne :
Bruno a également voyagé en Allemagne, où il a eu des échanges intellectuels et
a contribué à la diffusion de ses idées.
Les conceptions de l'univers de Giordano Bruno étaient audacieuses et
révolutionnaires pour son époque. Il a élaboré sa vision cosmologique dans
plusieurs œuvres, dont l'une des plus importantes est "De l'infini, de
l'univers et des mondes" (1584). Voici quelques-unes des principales
caractéristiques de ses conceptions de l'univers :
Un univers infini :
Bruno rejetait l'idée d'un univers fini
et clos. Selon lui, l'univers était infini dans l'espace et le temps. Il
soutenait que l'infini était une caractéristique fondamentale de la réalité et
que l'univers ne pouvait pas être limité par des frontières définies. C'était
une vision radicalement nouvelle à une époque où l'Univers était souvent
considéré comme fini et centré sur la Terre.
Cette idée s’adosse au point de vue selon lequel l’infini est conçu comme un
attribut de dieu. Ainsi, affirmer l'infini de l'univers revient, selon Bruno, à
reconnaître la grandeur et la perfection de Dieu
Ces idées ont eu des implications importantes pour la cosmologie ultérieure. Il
se rapproche ainsi des premiers penseurs grecs de la nature, tel Anaximandre.
Un univers sans point central :
À l'époque de Bruno, la vision traditionnelle était celle d'un univers clos et
fini, avec la Terre au centre et des sphères célestes concentriques autour
d'elle. Contrairement à ce modèle géocentrique traditionnel qui plaçait la
Terre au centre de l'univers, Bruno imaginait un univers sans centre
particulier.
Il niait la conception d'une hiérarchie
centrée sur la Terre et défendait plutôt une vision où chaque point de
l'univers pouvait être considéré comme un centre. Bruno a soutenu une vision
héliocentrique du système solaire, affirmant que la Terre tournait autour du
Soleil.
Et pour lui il
existait ainsi une infinité de systèmes identiques, et diverses formes de vie
dans l'univers, dans un espace infini.
Bien que ses idées aient précédé celles de Galilée et de Copernic, il a
contribué à la diffusion de la vision héliocentrique.
A rapprocher des conceptions atomistiques de Démocrite et Epicure.
Il y a plusieurs mondes :
Bruno croyait en la pluralité des mondes habitables. Il pensait que l'univers
infini devait contenir une multitude de planètes similaires à la Terre, chacune
susceptible d'abriter des formes de vie. Cette idée anticipait la notion
moderne d'une pluralité de planètes potentiellement habitables.
La nature infinie de dieu :
Bruno considérait Dieu comme infini, et cette infinité se reflétait dans
l'univers. Il voyait l'infini comme un attribut divin et pensait que la
diversité infinie de l'univers témoignait de la grandeur et de la perfection de
Dieu. On se rappellera ici la phrase de Spinoza : « Deus sive nature »
(dieu c'est-à-dire la nature).
Une œuvre résultat d’une vision pluri disciplinaire :
Bruno a combiné des idées de différentes traditions philosophiques, y compris
la pensée antique, la Renaissance et des influences mystiques. Préfigurant la
renaissance, Bruno puise dans tout le corpus intellectuel et scientifique de
son époque. Il se détache donc radicalement de la scholastique.
Pourfendeur de la rigidité de la pensée aristotélicienne dominante à son époque,
il a plaidé en faveur de la liberté de pensée et de l'exploration
intellectuelle, s'exposant ainsi à des conflits avec l'Église catholique et les
autorités religieuses. Bruno a cherché à réconcilier la science et la
spiritualité, croyant en une connexion profonde entre la nature et Dieu. Cette
perspective a influencé la manière dont certains ont envisagé la relation entre
la science et la religion à l'époque de la Renaissance.
Les idées de Bruno, radicales pour son temps, et sa vision de l'univers aux
implications profondes pour la pensée scientifique ultérieure ont suscité
l'opposition de l'Église catholique, En 1592, il a été emprisonné à Venise,
puis, après un procès pour hérésie, il a été remis à l'Inquisition romaine en
1593. Il été jugé coupable d'hérésie. Les autorités ecclésiastiques ont
condamné ses idées, y compris ses positions sur l'infini et son refus de se
rétracter, en dépit des pressions exercées par l'Inquisition qui lui reprochait :
D’avoir des opinions contraires à la Sainte Foi et d’avoir tenu des propos
contre celle-ci et contre ses ministres.
D’avoir des
opinions erronées sur la Trinité, la divinité du Christ et l’Incarnation.
D’avoir des
opinions erronées sur le Christ.
D’avoir des
opinions erronées sur la transsubstantiation et la Sainte Messe.
De soutenir
l’existence de mondes multiples et leur éternité.
De croire à la
métempsychose et à la transmigration des âmes humaines dans les animaux.
De s’occuper
d’art divinatoire et de magie.
De ne pas croire
à la virginité de Marie.
Finalement,
Giordano Bruno a été brûlé sur le bûcher à Rome en 1600. Un dispositif horrible
ayant été fixé dans sa bouche pour l’empêcher de parler au moment où il serait
dévoré par les flammes.
« Il ne faut pas oublier que nous devons tout à Bruno, et que, si
aujourd’hui nous pouvons faire ces recherches, c’est grâce à lui. »
Kepler à Galilée.
Lettres en 1597
"A dire ce
que je pense de cet homme, il y aurait peu de philosophes qu'on pût lui
comparer"
Denis Diderot, encyclopédie
article Jordanus Brunus
« Malgré
les imperfections qui lui sont communes avec tant d’autres philosophes, on doit
reconnaître en Bruno un des hommes les plus remarquables de son siècle. [...]
le désintéressement demeure en soi chose sacrée. C’est pourquoi les esprits
élevés, sans approuver tous les principes de Bruno, admirent son dévouement à
la république des lettres ; c’est pourquoi son nom ne périra jamais"
Christian
Bartholmèss. Jordano Bruno.
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