PEUT-ON NIER L'EVIDENCE ?
L'évidence, ce qui "devrait entraîner
immédiatement l'accord de l'esprit" (dictionnaire de
Nos sens ne donnent donc pas tout
le sens.
Mais ce n'est pas si simple, car
même si nous ne connaissons pas les lois de la gravitation il ne nous
viendrait, pas à l'esprit de sauter par une fenêtre pour savoir si nous allons
nous envoler !
Il y a donc des moments, des
objets, dont l'évidence s'imposerait à nous et d'autres, non !
Le concept d'évidence n'est donc
pas si …évident que cela. Comment essayer de démêler l'écheveau ?
Si nous prenons le cas du soleil,
l'évidence de son déplacement autour de la terre est lié à notre relative
fixité. Nous considérant comme "ne bougeant pas" tout ce qui est
autour, corrélativement se déplace. Mais notre perception est fausse. Nos
sommes comme la mouche voletant dans un avion qui se déplace à 800 Kmh.
Pour résoudre le problème on peut
utiliser deux critères :
1 - Douter de la réalité, de la
perception.
2 - Utiliser des outils
d'observation réduisant au minimum les perturbations du jugement induites par
l'observateur.
Mais à douter de tout, ne
risque-t-on pas de tout nier ? Et les outils d'observation ne peuvent-ils pas,
eux-mêmes, être remis en cause ?
Si on reprend les exemples du
soleil ou du fait de sauter par une fenêtre, peut être aurons nous un début de
réponse. A grande échelle et pour des raisons pratiques se poser la question de
l'héliocentrisme ou de l'univers centré sur la Terre, n'a pas d'importance pour
un cultivateur. Le phénomène EST, ses conséquences sont connues et - à la
limite - on peut se dispenser des CAUSES.
Par contre, a contrario, on sait,
sans avoir besoin de connaître les lois physiques -stricto sensu- , que l'on
tombe si on saute par la fenêtre. Ce type d'évidence est à échelle humaine,
l'expérience montre que tous les objets tombent et donc que les corps humains
aussi. Notons que dans ce cas, aussi, on ne se pose pas la question des causes.
On connaît les conséquences.
Evidence évidente ou non-évidente
semblent donc se rejoindre dans une insouciance des causes.
Ainsi, me semble-t-il, nier
l'évidence et l'accepter comme fait acquis, relèverait alors de la volonté
de ne pas savoir. Après tout l'ordre du monde est comme cela. Comment
cela arrive n'a pas d'importance.
Cette tournure d'esprit revient à
tout remettre au hasard, ou à tout confier à une entité suprême qui réglerait
l'ordre du monde.
L'homme se retrouve prédestiné,
il n'a pas besoin de comprendre il lui suffit composer avec les évidences. Mais
"composer avec" n'est pas prouver, car nous l'avons vu avec le
soleil, on peut "composer" avec son mouvement, mais dès lors qu'il
faut voyager en haute mer, aller dans l'espace, progresser dans la
connaissance, finies les "évidences".
Pourtant la brève histoire de
l'humanité devrait nous alerter. L'homme n'a cessé, malgré les bûchers, les
autodafés, les excommunications…. de gratter le vernis des évidences. De la
pierre au métal, il aura bien fallu oser penser que des roches pouvaient
fondre. Da la navigation en cabotage à l'utilisation de la boussole, il aura
bien fallu penser à l'utilisation du magnétisme. La liste serait longue de
toutes ces évidences que l'humanité a du nier pour progresser. Et même la
nature de ce progrès est elle aussi évidente que cela ? Guerres, famines,
crimes, misère, c'est l'évidence même du progrès humain, parait-il; et nous
n'en sortirions pas !
"Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt", Et
nous, quelles évidences nous aveuglent ?
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