SOMMES-NOUS INDETERMINES ?
L'année 1927 fut marquée par le
Congrès de Physique Solvay à Bruxelles, durant lequel les idées de Niels Bohr
favorisant l'indétermination furent bien reçues (ces vues devinrent connues
sous le nom d' "interprétation de Copenhague"). Cette interprétation
probabiliste des quanta par Bohr rejeta la causalité si chère à Einstein et
contesta même l'existence d'une réalité physique. Curieusement, à ce congrès,
Einstein fut le seul à soulever une objection publique aux assertions de Bohr.
Pourtant ce que disait Bohr n’était fondé que sur de la pure subjectivité une
conjecture de ce qui pourrait se passer dans l’infiniment petit.
Ce rappel à un tournant de la
science moderne était nécessaire pour montrer de manière, certes rapide, que
certaines conceptions
Si la
L’époque qui s’ouvre avec
Einstein et son contradicteur Bohr, semble offrir aux chantres de
l’individualisme l’assise, la sûreté du propos, qui leur manquait.
D’abord on s’extasie et on ne
prend évidemment pas la peine d’expliquer. « Tout est relatif »,
semble faire un écho à la théorie de la relativité. Si tout est relatif, ou
sont les échelles de valeur ; le bien, le mal ; la justice, l’injustice ;
le temps …. Version contemporaine : il n’y a pas de différence entre Bach
et Madonna ; le cassoulet et un Mac Do (différence ne signifie pas
jugement de valeur, bon ou mauvais).
Et puis si comme le prétend N.
Bohr, le monde physique est indéterminé, voilà qui renforce les partisans du
« moi au centre ». Si rien ne nous détermine, quelle liberté !
Nous voilà affranchis du passé et de l’avenir. Nous baignons dans une
incertitude totale. Nous sommes devenus, enfin, ces particules élémentaires
vantées de Houellebecq à Attali. Ces nomades
( monades ! ) connectés à d’autres nomades par nos portables et Internet
).
Bref nous serions enfin libres et
la physique quantique moderne nous aurait révélé, somme toute, le « socle
dur » de notre humanité.
Usant et abusant de raisonnements
analogiques une littérature abondante nous submerge de ces nouveaux dogmes qui
vont comme un gant à notre époque. Mais si nous admettions les réticences
d’Einstein, et sa conviction d’une causalité pour l’ensemble des phénomènes (avec
bien sûr sa grande honnêteté d’admettre que tout devait être discuté), que
perdrions nous ?
« Rien ne vient de rien »,
est ce à dire que l’homme est rivé à son destin et qu’il n’a aucun degré de
liberté ? Ou bien est ce justement une invitation à la curiosité ? Si
tout à une cause, le bonheur ne réside t il pas dans la recherche des
causes ? Le fait de nous croire seuls, uniques, électrons libres, jouets
du hasard, n’est-il pas une sorte de dogme moderne ? Une invitation à
l’acceptation du sort puisque nous abdiquons notre liberté à des
« lois » supérieures. La nature, ou plutôt la physique revisitée par
N. Bohr serait elle devenue notre dieu ? Qui nous prouve cette
situation ? Cette conception du monde et de l’homme, qui sert-elle ?
De même que l’indétermination en physique quantique a bloqué certains secteurs
de la recherche sur les énergies nouvelles au « profit » de la
destruction de l’environnement et de l’utilisation des carburants fossiles (
pétrole, charbon ) ; ne sommes nous pas les victimes d’une nouvelle
théologie prétendument adossée à la science ?
Pourquoi depuis 1966 (programmes scolaires) : "le principe
de la conservation de l'énergie n'est plus mentionné dans le texte
officiel" et "le chapitre ondes et corpuscules ne peut plus faire
l'objet d'examens" (R. Faucher:
Physique, classes terminales C,D,E, programme 1966, Librairie Hatier, Paris
VI, 1967) ?
Quelles sont les causes de cette
volonté de ne considérer qu’un aspect, le plus contestable, de la physique.
Quel retentissement cela peut il avoir sur notre manière d’appréhender le monde
et les autres ?
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