lundi 2 mai 2022

Sujet du Merc. 04 Mai 2022 : Sommes nous indéterminés ?

 SOMMES-NOUS INDETERMINES ?

 

L'année 1927 fut marquée par le Congrès de Physique Solvay à Bruxelles, durant lequel les idées de Niels Bohr favorisant l'indétermination furent bien reçues (ces vues devinrent connues sous le nom d' "interprétation de Copenhague"). Cette interprétation probabiliste des quanta par Bohr rejeta la causalité si chère à Einstein et contesta même l'existence d'une réalité physique. Curieusement, à ce congrès, Einstein fut le seul à soulever une objection publique aux assertions de Bohr. Pourtant ce que disait Bohr n’était fondé que sur de la pure subjectivité une conjecture de ce qui pourrait se passer dans l’infiniment petit.

Ce rappel à un tournant de la science moderne était nécessaire pour montrer de manière, certes rapide, que certaines conceptions philosophiques n’hésitent pas à s’insérer dans des débats non-clos pour justifier leurs prétentions à la « vérité ».

Si la philosophie depuis Descartes, les Lumières, avait dégagé l’homme du carcan de la religion, en faisant de lui un être singulier disposant de son libre arbitre (ce qui est aussi un des moteurs de la Réforme et du triomphe des échanges marchands sur l’ancien règne de la propriété du sol –Voir M. Weber « Ethique du Protestantisme »). Si Nietzsche avait cru pouvoir annoncer la « mort de dieu ».

L’époque qui s’ouvre avec Einstein et son contradicteur Bohr, semble offrir aux chantres de l’individualisme l’assise, la sûreté du propos, qui leur manquait.

 

D’abord on s’extasie et on ne prend évidemment pas la peine d’expliquer. « Tout est relatif », semble faire un écho à la théorie de la relativité. Si tout est relatif, ou sont les échelles de valeur ; le bien, le mal ; la justice, l’injustice ; le temps …. Version contemporaine : il n’y a pas de différence entre Bach et Madonna ; le cassoulet et un Mac Do (différence ne signifie pas jugement de valeur, bon ou mauvais).

 

Et puis si comme le prétend N. Bohr, le monde physique est indéterminé, voilà qui renforce les partisans du « moi au centre ». Si rien ne nous détermine, quelle liberté ! Nous voilà affranchis du passé et de l’avenir. Nous baignons dans une incertitude totale. Nous sommes devenus, enfin, ces particules élémentaires vantées de Houellebecq à Attali. Ces nomades
( monades ! ) connectés à d’autres nomades par nos portables et Internet ).

 

Bref nous serions enfin libres et la physique quantique moderne nous aurait révélé, somme toute, le « socle dur » de notre humanité.

 

Usant et abusant de raisonnements analogiques une littérature abondante nous submerge de ces nouveaux dogmes qui vont comme un gant à notre époque. Mais si nous admettions les réticences d’Einstein, et sa conviction d’une causalité pour l’ensemble des phénomènes (avec bien sûr sa grande honnêteté d’admettre que tout devait être discuté), que perdrions nous ?

 

« Rien ne vient de rien », est ce à dire que l’homme est rivé à son destin et qu’il n’a aucun degré de liberté ? Ou bien est ce justement une invitation à la curiosité ? Si tout à une cause, le bonheur ne réside t il pas dans la recherche des causes ? Le fait de nous croire seuls, uniques, électrons libres, jouets du hasard, n’est-il pas une sorte de dogme moderne ? Une invitation à l’acceptation du sort puisque nous abdiquons notre liberté à des « lois » supérieures. La nature, ou plutôt la physique revisitée par N. Bohr serait elle devenue notre dieu ? Qui nous prouve cette situation ? Cette conception du monde et de l’homme, qui sert-elle ? De même que l’indétermination en physique quantique a bloqué certains secteurs de la recherche sur les énergies nouvelles au « profit » de la destruction de l’environnement et de l’utilisation des carburants fossiles ( pétrole, charbon ) ; ne sommes nous pas les victimes d’une nouvelle théologie prétendument adossée à la science ?

 

Pourquoi depuis 1966 (programmes scolaires) : "le principe de la conservation de l'énergie n'est plus mentionné dans le texte officiel" et "le chapitre ondes et corpuscules ne peut plus faire l'objet d'examens" (R. Faucher: Physique, classes terminales C,D,E, programme 1966, Librairie Hatier, Paris VI, 1967) ?

 

Quelles sont les causes de cette volonté de ne considérer qu’un aspect, le plus contestable, de la physique. Quel retentissement cela peut il avoir sur notre manière d’appréhender le monde et les autres ?

 


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