Que doit-on enseigner ?
Que doit-on enseigner et quand doit-on enseigner? Les
réponses dépendent des aptitudes que l’on prête à l’enfant, et de la
destination que l’on souhaite pour l’individu et l’humanité.
Emmanuel Kant suggère d’agir sur l’enfant dès le plus jeune âge pour le détourner de ses tendances
néfastes, et de lui imposer une discipline. L’instruction, elle, est la partie
positive de l’éducation, mais l’homme ne peut la recevoir que d’autres hommes
qui l’aient également reçue. Ce ne sont pas les individus, mais l’espèce seule qui peut arriver à
destination. L’éducation est donc un art à perfectionner où Il faut substituer la science au
mécanisme, sans quoi elle ne sera jamais un effort continu, et une génération
pourrait bien renverser ce qu’une autre aurait bâti.
Il pense qu’on doit élever les enfants d’après l’idée d’un état à venir de
l’humanité. Mais deux obstacles existent: Les parents souhaitent que leurs
enfants fassent bien leur chemin dans le monde, et les princes ne considèrent leurs sujets que comme des
instruments pour leurs desseins. L’individu doit apprendre à penser, à connaître combien il
est difficile de se suffire à soi-même, de supporter les privations et d’acquérir de quoi se rendre indépendant.
Il doit aussi apprendre à travailler pour en venir à jouir de ce qui est
nécessaire à sa conservation.
Pour Kant, l’élève doit d’abord montrer de la
soumission et une obéissance passive, ensuite apprendre à faire usage de sa
réflexion et de sa liberté, mais à la condition qu’il les soumette à
des lois. L’obéissance de l’adolescent est distincte de celle de l’enfant. Elle
consiste dans la soumission aux règles du devoir. L’homme doit apprendre à se passer de
ce qui lui est refusé. Il ne doit pas estimer sa valeur d’après les autres, sous peine de s’élever
au-dessus d’eux, ou bien de les rabaisser. L’enfant doit aussi apprendre à
sentir du respect pour Dieu, d’abord comme maître de sa vie et du monde entier,
ensuite comme protecteur des hommes, et enfin comme leur juge.
“Rien
n’affaiblit autant l’esprit et le corps de l’homme que le plaisir auquel on se
livre sur soi-même, contraire à la nature humaine. Lorsque l’on porte son
penchant sur l’autre sexe, au moins rencontre-t-on quelque résistance. Le
devoir de l’adolescent est d’attendre de se marier, agissant ainsi, en homme de
bien, et en bon citoyen”
La philosophie de Jean-Jaques Rousseau est au contraire
bâtie autour de l'idée que l'Homme est naturellement bon et que la société le
corrompt, que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits et
qu’il n'y a point de perversité originelle dans le cœur humain. Il favorise
donc un homme apte à résister à la corruption sociale.
D’abord, pour le nouveau-né qui ne parle pas encore,
la nature ne doit être contrariée et l'enfant doit découvrir qu'il
peut commander par des signes. Puis l’enfant doit multiplier les relations avec
le monde, et s’habituer à procéder, à partir des données sensibles, à
des déductions. Vers l’adolescence, Rousseau considère comme nécessaire l’apprentissage
d’un métier manuel, moyen idéal de socialisation.
Les instructions de la nature sont tardives et lentes
; celles des hommes sont presque toujours prématurées. Dans le premier cas, les
sens éveillent l'imagination ; dans le second, l'imagination éveille les sens.
La puissance du sexe est toujours plus hâtive chez les peuples instruits et
policés. Le langage épuré qu'on dicte aux adolescents, les leçons d'honnêteté qu'on leur donne, le voile du mystère qu'on affecte de tendre devant
leurs yeux, sont autant d'aiguillons à leur curiosité.
Rousseau reprochait à John Locke, de vouloir trop tôt
considérer l'enfant comme un être raisonnable et de vouloir utiliser
l'éducation pour transformer l'enfant en homme, plutôt que de laisser l'enfant
être un enfant, en attendant qu'il grandisse et devienne adulte de manière naturelle. Pour Rousseau, c'est
seulement au moment de la puberté que l'éducation doit donner une formation
morale et permettre à l'adolescent d'intégrer le monde social à ses yeux
corrompus où règnent l'intérêt particulier, l'abus de pouvoir,
et le dépérissement de l’État.
John Locke prétend que l’enfant est vierge de toutes
connaissance, et que l'éducation fait l’individu, s’opposant à Saint Augustin qui
base sa conception de l'humanité sur le péché originel, et à René Descartes qui affirme que l'homme
connaît de manière innée les bases de la logique. John Locke décrit un
esprit vide qui se remplit par l’expérience, tout en admettant des
talents naturels que les parents devraient déceler.
Mais quelle doivent être les bases de la connaissance?
Depuis d'Edgar Morin, la transdisciplinarité dépasse le seul domaine philosophique,
en particulier pour la connaissance humaine mêlée aux croyances.
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