POURQUOI LES HOMMES OBEISSENT-ILS A DES
MAITRES ?
On pourrait affirmer que c'est tout simplement parce
que, par paresse, c'est plus confortable et que ça apaise les peurs. On aurait
ainsi peu argumenté. La question semble mal posée. Que votre critique soit donc
sans ambages sur ce qui suit.
Il ne s'agit pas de savoir s'il doit y avoir des
maîtres ou pas puisque toute compétence confère une autorité, une maîtrise sur
d'autres. Il y a donc des maîtres nécessaires mais pas abusifs. A certains
moments et en certaines circonstances, n'est-on pas en société le maître d'un
autre, tandis qu'on est aussi l'obligé ou même le soumis d'un autre ? Les
Portugais ne se disent-ils pas mutuellement l' « obligado » d'un
autre ?
En somme tout est une question de degré de maîtrise ou
de soumission. La question n'est-elle pas avant tout éthique ? Et
la réponse radicale ? Dans quelle mesure respecte-t-on la dignité
de l'autre (Kant) ? En société, qu'est-ce qui est nécessaire sans être
abusif ? Sachant que « l'homme est un animal politique »
(Aristote). Et que les hommes ne peuvent vivre qu'en société par des échanges
incessants dans des processus dialectiques diversement constructifs. On ne peut
obéir à des maîtres sans en être parfois un soi-même.
Voyons cela. Comment cela se fait-il ? Qu'elles
en sont les limites ? Comment des idées peuvent-elles s'ériger en dogmes
métaphysiques de soumission et de servitude ?
•
Le nouveau-né
découvre des contraintes et en impose à son entourage. Aux contraintes
physiques auxquelles il s'affronte, il essaie à son tour de s'imposer en
maître. Même si elles s'imposent in fine à lui en posant des limites
infranchissables. Il en est de même de sa part vis-à-vis des êtres qu'il
côtoie. Ces processus dialectiques de maîtrise qui se répondent assurent
l'édification de la qualité d'homme. Ils construisent pas à pas la personne à
partir de l'animal qui n'est encore un homme qu'en puissance. Mais outrepasser
certaines limites conduit à l'abus. Alors émerge l'enfant-roi qui s'impose en
maître puéril. Le mythe de la consommation l'installe dans cet état qui prépare
des adultes immatures. Comment alors rééduquer dans la dignité d'hommes ceux
qui n'en ont pas franchi les jalons dans la petite enfance ? Surtout si en
outre on concède à l'enfant deux libertés abusives. Celle à la Gréta Thunberg
d'invectiver en maître les adultes d'un doigt et d'un regard haineux, tout en
désertant l'école de la connaissance ou en participant à celle de l'ignorance
par l'indiscipline. Comment alors assurer l'édification d'une société en
évitant sa décomposition en monades d'individus égotiques, ignorants et, pire
encore, despotiques entre eux ?
•
Aux extrêmes
opposés, il y a deux impositions possibles. Celle d'une morale, religion,
idéologie ou mythe métaphysiques ; ou encore celle de l'arbitraire de la
brutalité physique de l'enfance, de l'exploitation d'un salariat jetable, de
l'esclavage et finalement de la torture. Ces impositions conduisent directement
à la problématique de l'intitulé « pourquoi les hommes obéissent-ils à des
maîtres ? » et plus particulièrement au « comment » de la
chose. Faisons-le en deux temps. Il faut savoir ce qui fait un être humain et
le maintient dans cette qualité. Ensuite, la révolte, la lutte et finalement la
révolution ne suggèrent-elles pas elles aussi le « comment » ?
En effet comment les hommes en arrivent-ils à pareilles obéissance et indignité ?
Ici, un rappel de fondamentaux est nécessaire.
Tout ce qui appartient à l'univers, particule ou
galaxie, caillou ou animal ou homme, est par convention doté d'existence. Tout
objet est. Mais ce n'est que grâce à un observateur qui en trace les limites,
lui assigne une singularité et le définit que toute chose devient un objet
individualisé. Pour être un objet du monde, il faut être l'objet du discours
d'un observateur. Certes parmi les animaux les hommes ne sont pas les seuls
observateurs. Mais les hommes ne sont-ils pas seuls capables, par exemple,
d'aller au-delà de la constatation qu'une tache brillante monte chaque matin
dans le ciel. Tout objet est une création arbitraire du discours humain.
Sans l'homme l'univers n'est qu'un continuum sans
structure, tant spatiale que temporelle. Du coup, seuls les hommes peuvent
imaginer demain. L'objet soleil inexorablement réapparaît à l'horizon. Les
ours, les écureuils font des provisions pour l'hiver, mais ce réflexe est
déclenché par la température. Ils font des provisions parce qu'il fait
froid, non pour passer l'hiver (intention humaine). Etre conscient que
demain existera et que je peux avoir une influence sur lui est propre aux
hommes.
Outre d'être
soumis à un déterminisme animal, les hommes ont un appétit lié à leur capacité
de penser demain. Ce qui entraîne celle de s'interroger sur ce que sera cet
avenir. D'où l'angoisse et l'espérance métaphysiques. Mais aussi le
désir de rendre l'avenir conforme à leurs vœux. Comme leur prise sur le réel
n'est que fort partielle, ils en viennent à s'imaginer des mondes illusoires
hors du réel où interviennent des dieux et d'autres puissances occultes. Cette
capacité est source de multiples dérives métaphysiques.
Revenant à leur regard créateur d'objet, les hommes
peuvent le tourner vers eux-mêmes et se faire l'objet de leur discours. Du
coup, non seulement ils sont comme tout animal, mais encore ils se
savent être par un regard auto-réflexif. C'est la conscience.
Mais encore faut-il qu'il y ait possibilité de discours.
Les faits montrent qu'un être humain sans rapport avec d'autres hommes n'a
jamais pu parler ni tenir de discours, ni devenir ni rester un homme. Nous ne
devenons hommes et ne le restons que par nos échanges et partages mutuels et
collectifs. Je dis je parce que d'autres m'ont dit tu, et
réciproquement. Il faut qu'il y ait un nous pour qu'il y ait un je.
Le cerveau et le corps humains sont l'aboutissement de l'aventure de la matière
au cours de l'évolution par l'apparition de pouvoirs toujours plus grands
découlant de structures matérielles sans cesse plus complexes.
Il s'en suit que ceux qui n'acceptent pas d'entrer
dans une relation authentique, franche et complète avec d'autres les privent de
la dignité d'homme, celle d'être pleinement conscients. Ils les déterminent à
l'état de conscience partielle proche de celle de l'animal dressé à
« obéir à la voix de son maître ». C'est ce que montre l'exemple
contemporain de populations paléolithiques d'Amazonie. Une brève tentative de
Jésuites à instaurer une hiérarchie parmi les enfants d'Indiens par une
notation scolaire a échoué dans le massacre de ces maîtres, qui en préparaient
d'autres abusifs pour la postérité. Les Indiens avaient compris qu'instaurer
une vision métaphysique de pouvoirs discriminatoires parmi eux les priverait de
tout ou partie de leur qualité d'êtres humains : leur dignité. L'émergence
de maîtres qui imposent l'institution hiérarchique de l'obéissance s'est soldée
par l'éradication de la cause. La révolte a été suivie d'une ferme
détermination dans le passage instantané à l'acte radical. Les Amazoniens sont
philosophes. Comme Spinoza ils n'ont pas ignoré la cause qui les aurait sinon
déterminés
Cette anecdote nous ramène au paléolithique de l'Ancien Monde et à la mutation néolithique vivace jusqu'à nos jours. Il y a quelque dix mille ans, le climat se réchauffe, devient plus sec (tiens, quelle surprise !). Chasseurs-cueilleurs jusqu'alors, les hommes se concentrent aux points d'eau essentiels à la vie. Ils se sédentarisent dans ces écosystèmes luxuriants. Le conflit s'installe pour les ressources. La guerre apparaît par la décimation totale de communautés. La protection de la vie et des ressources devient la spécialité des plus vaillants et vigoureux disposant du pouvoir nouveau et exorbitant de prêter vie ou mort à tout un chacun. Une hiérarchie apparaît qui confère aux guerriers ce pouvoir discrétionnaire. D'autres classes les entretiendront, obéissant à la nécessité de la spécialisation des tâches pour survivre.
La dépendance est réciproque. Mais l'urgence de la défense armée établit une asymétrie induisant la possibilité d'une sujétion et même in fine de l'abus de pouvoir. L'expérience acquise induit une violence plus insidieuse et profonde, assurant sujétion et obéissance par la conviction que l'intérêt de tous réside dans une concorde politique d'acceptation. Le recours à des croyances partagées par les soumis afin de conforter la stabilité sociale d'un système hiérarchique assigne à chacun sa condition de contrainte et d'obéissance. Les plus réfléchis font émerger des croyances sous forme de mythes, religions et idéologies diverses.
En bref, des visions métaphysiques pénètrent les habitudes et les esprits. Elles sont le fruit de l'imagination de maîtres rusés et exploiteurs de congénères apeurés ou paresseux, ou encore naïfs parce que « ignorants des causes qui les déterminent ».
Cette anecdote nous ramène au paléolithique de l'Ancien Monde et à la mutation néolithique vivace jusqu'à nos jours. Il y a quelque dix mille ans, le climat se réchauffe, devient plus sec (tiens, quelle surprise !). Chasseurs-cueilleurs jusqu'alors, les hommes se concentrent aux points d'eau essentiels à la vie. Ils se sédentarisent dans ces écosystèmes luxuriants. Le conflit s'installe pour les ressources. La guerre apparaît par la décimation totale de communautés. La protection de la vie et des ressources devient la spécialité des plus vaillants et vigoureux disposant du pouvoir nouveau et exorbitant de prêter vie ou mort à tout un chacun. Une hiérarchie apparaît qui confère aux guerriers ce pouvoir discrétionnaire. D'autres classes les entretiendront, obéissant à la nécessité de la spécialisation des tâches pour survivre.
La dépendance est réciproque. Mais l'urgence de la défense armée établit une asymétrie induisant la possibilité d'une sujétion et même in fine de l'abus de pouvoir. L'expérience acquise induit une violence plus insidieuse et profonde, assurant sujétion et obéissance par la conviction que l'intérêt de tous réside dans une concorde politique d'acceptation. Le recours à des croyances partagées par les soumis afin de conforter la stabilité sociale d'un système hiérarchique assigne à chacun sa condition de contrainte et d'obéissance. Les plus réfléchis font émerger des croyances sous forme de mythes, religions et idéologies diverses.
En bref, des visions métaphysiques pénètrent les habitudes et les esprits. Elles sont le fruit de l'imagination de maîtres rusés et exploiteurs de congénères apeurés ou paresseux, ou encore naïfs parce que « ignorants des causes qui les déterminent ».
Aujourd'hui les prétendues libertés innombrables
conférées aux individus-rois esseulés ne les confinent-elles pas insidieusement
dans une ignorance garante de leur sujétion et exploitation sans retour par des
maîtres s'avançant souvent masqués ? Pourtant ne suffirait-il pas de
gratter l'émail du réel pour découvrir le pot-aux-roses ?
Ainsi, l'argent – qui n'est qu'un accord révocable parmi les membres d'une communauté représentant ses valeurs – a-t-il été subrepticement accaparé par les maîtres ultimes du capitalisme. Ceci grâce à la paresse ou à l'ignorance serviles de tous les autres hommes, confondus par le subterfuge d'un paradigme métaphysique traduit en un mécanisme mathématique difficile d'accès aux moins initiés. Le principe d'illusion imaginé par les maîtres est de faire accroire qu'une monnaie inerte (métallique, papier ou électronique) peut se reproduire infiniment telle une chimère vivante selon la volonté de ses maîtres et créateurs. Or ce qui est ainsi transfiguré en son contraire prétend représenter l'accord social de tous sur la dignité d'homme qui réunit en toute confiance les membres d'une société.
Ainsi, l'argent – qui n'est qu'un accord révocable parmi les membres d'une communauté représentant ses valeurs – a-t-il été subrepticement accaparé par les maîtres ultimes du capitalisme. Ceci grâce à la paresse ou à l'ignorance serviles de tous les autres hommes, confondus par le subterfuge d'un paradigme métaphysique traduit en un mécanisme mathématique difficile d'accès aux moins initiés. Le principe d'illusion imaginé par les maîtres est de faire accroire qu'une monnaie inerte (métallique, papier ou électronique) peut se reproduire infiniment telle une chimère vivante selon la volonté de ses maîtres et créateurs. Or ce qui est ainsi transfiguré en son contraire prétend représenter l'accord social de tous sur la dignité d'homme qui réunit en toute confiance les membres d'une société.
Un autre exemple plus récent est celui de « crime
climatique de l'humanité ». L'affirmation d'ordre métaphysique – contraire
aux faits mesurés et chiffrés, et aux sciences – est que les rejets coupables
par les hommes
de « gaz à effet de serre » éradiqueront bientôt la vie sur terre par
leurs conséquences cataclysmiques sur tout ce qui se passe sous le
soleil. Les notions religieuses de culpabilité, punition et rédemption sont
omniprésentes. Les coûts immenses de la guerre contre les rejets doivent être
imputés selon le principe du « pollueur, payeur ». En somme à chacun
de payer une TVA climatique à proportion de sa consommation.
Or consommer est le mot d'ordre du capitalisme. Les révoltes sociales lancinantes actuelles en sont les témoins (Gilets jaunes, pensions de retraite, etc.). Seront d'autant plus affectées les personnes dont la consommation représente une proportion plus grande de leur revenu. Elles seront imposées, punies et rédimées selon l'adage qu'il faut faire payer les moins bien lotis, même si c'est peu par tête, car leur nombre fera l'affaire. Ainsi se sépare le grain de l'ivraie. Le crédo métaphysico-religieux du crime climatique pénalisera quelque 95 à 99% des hommes sur terre, qui ainsi rachèteront en enfer leurs errements écologiques.
Or consommer est le mot d'ordre du capitalisme. Les révoltes sociales lancinantes actuelles en sont les témoins (Gilets jaunes, pensions de retraite, etc.). Seront d'autant plus affectées les personnes dont la consommation représente une proportion plus grande de leur revenu. Elles seront imposées, punies et rédimées selon l'adage qu'il faut faire payer les moins bien lotis, même si c'est peu par tête, car leur nombre fera l'affaire. Ainsi se sépare le grain de l'ivraie. Le crédo métaphysico-religieux du crime climatique pénalisera quelque 95 à 99% des hommes sur terre, qui ainsi rachèteront en enfer leurs errements écologiques.
Réfléchissons un instant. Le prix de ces gaz de climat
sont comme un droit à respirer, dont il faut s'acquitter. Il en est de même
pour l'eau, bien commun de l'humanité comme l'air et assurant la vie, qui se
vend de plus en plus aux enchères entre clients privés les plus puissants. En
toute logique avec la conjecture métaphysique du réchauffement supposé dû à
l'homme, ce dernier est décrété unique déterminant de la disponibilité d'air
« propre » (peu de CO2) et d'eau douce. Les fonds climat ainsi
collectés sur l'eau et l'air sont, en vertu de l'immensité capitaliste des
gains promis, voués à la financiarisation par produits dérivés boursiers. Ils
enrichissent infiniment par « la pompe à phynances » la fraction du
pourcent de reliquat humain déjà le plus riche. Dans la même veine, les
réserves monétaires destinées à régler les pensions de retraite sont-elles
aussi en voie de constituer des produits dérivés de la financiarisation du
monde ? La vie des vieux devient une ressource capitalistique à l'instar
du film « Soleil vert » ?
Oui, la métaphysique souvent chamboule le monde. Les
croyances, mythes, religions, idéologies l'ont prouvé. Sauf qu'aujourd'hui ce
qu'elles mettent en œuvre est universel et sans borne. Cet hubris
infini par son hyperbolique démesure sera-t-il le déclencheur de révolutions
sociales planétaires qui l'annihileront ?
Mais quelles hécatombes, dans quelles souffrances, ne
seront donc pas nécessaires. Comment collectivement aider à les minorer ?
Allons-nous approfondir les points énoncés dans ce texte, et sans doute
d'autres encore, en vue d'une (ré)action nécessaire ?
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