Faut-il-une
méthode pour connaître la vérité ?
Des philosophes présocratiques à Hegel au 19ème
siècle, la philosophie est essentiellement une recherche de vérité, elle doit
établir les bases de la connaissance sur l’homme, le monde.
La connaissance absolue est possible pour certains
philosophes : Platon, Descartes, Spinoza, Leibniz…
Elle ne peut être que relative pour d’autres : Kant,
Locke, Hume…
Ce relativisme va s’accentuer à partir du 19ème
siècle, la philosophie va privilégier le sens avant la vérité : Nietzche,
Kierkegaard…
Cette tendance va se généraliser au 20ème
siècle. Selon Sartres, l’existence précède l’essence. Avant de pouvoir
prétendre à connaître la nature absolue de l’homme, il faut considérer sa situation
existentielle.
Désormais la recherche de la vérité pour la vérité n’est
plus l’objectif premier pour les philosophes.
Pour autant faut-il aujourd’hui abandonner cette recherche
certes extrêmement ambitieuse au profit la réflexion « existentialiste »?
Non, car s’interroger l’essence du monde et de l’homme une
tendance naturelle chez tout humain.
D’ailleurs Kant, lui-même, dans sa mise en garde contre
toute démarche métaphysique (cf Prolégomènes
à toute métaphysique future) mesure la dimension de ce besoin fondamental.
Mais s ila recherche philosophique peut ou doit
satisfaire ce besoin légitime, il est important qu’elle accorde une place aux
problématiques qui lui sont connexes et peuvent même remettre en cause le
statut même de la recherche de la vérité.
Voici quelques exemples de problématiques :
Peut-on trouver la
vérité ?
De nombreux philosophes pensent qu’il est impossible de
la trouver.
Selon Protagoras, l’être n’existe pas. Du moins s’il
existe, il est inconnaissable. C’est l’homme qui définit arbitrairement ce
qu’est la réalité et la philosophie n’est donc pas une recherche de la vérité
mais un art de la rhétorique, une maîtrise de l’illusion, une science des
apparences.
Pourquoi rechercher
la vérité ?
Les cyniques trouvent superflue toute spéculation
sur la nature du monde et des choses. La philosophie doit s’occuper uniquement
de la morale.
Pour Nietzsche, toute entreprise de savoir doit au
préalable s’interroger sur son « pourquoi ?»afin de ne pas déboucher
sur une illusion et qui plus est une mauvaise pouvant appauvrir les forces
vitales de l’humanité. Il entend par là surtout le christianisme, le platonisme
ou la métaphysique en général. La question du sens, selon lui, passe avant celle
de la vérité et toute entreprise scientifique doit être désintéressée et
débarrassée de ressentiment.
De quelle vérité
parle ton ?
Pour les philosophes « chercheurs » de vérité,
cette dernière se situe au-delà du monde des sens, au-delà du monde empirique
dans le monde des idées platonicien par exemple. Ce genre de philosophie est
une métaphysique au sens étymologique c'est-à-dire une méta(= au-delà de la),physis(=
la nature). Mais l’au-delà des apparences et de l’expérience peut aussi nous amener
à situer la vérité dans les choses en elles-mêmes. C’est l’ontologie(discours
sur l’être) sorte d’ « intra-physique ».
Exemple : la beauté. Socrate demande à un habitant
d’Athènes « qu’est-ce que le Beau ? ». Celui-ci lui répond
d’abord « c’est une belle jeune fille ». Mais suite aux questions
incessantes de Socrate, il finit par répondre « c’est une belle
marmite ». Selon Socrate l’origine de la beauté des choses est dans un
concept : le Beau, et cette idée a plus de réalité que la beauté des
choses.
Autre exemple : un cube. Je ne vois jamais que les 3
faces d’un cube. Si je m’arrête aux impressions sensibles, je ne peux déduire
qu’il s’agit d’un cube or mon esprit sait qu’il y a 6 faces. On peut penser que
c’est l’expérience d’avoir vu de nombreux cubes au long mon existence qui
m’amènent à conclure qu’il y a 6 faces mais on peut aussi conclure que c’est
mon esprit doué d’une intuition métaphysique qui devine les 6 faces et forme
ainsi le concept de cube.
Dernier exemple : l’homme. Descartes dans le
Discours de la Méthode s’interroge sur qu’est-ce qu’un homme. Il essaie d’y
répondre : un homme est un corps et une âme. Mais cela le renvoie à d’autres
questions : qu’est-ce qu’un corps ?qu’est-ce qu’une âme ?. Les réponses sont :
un corps est ensemble de jambes, bras, tête. Mais cela renvoie aux questions :
qu’est-ce qu’une jambe, un bras, une tête ? Et ainsi de suite…L’esprit
pratique se satisfait de ses réponses mais pas l’esprit philosophique de
Descartes qui ne saisit pas l’essence absolue de l’homme.
Ces exemples nous montrent qu’on ne peut trouver la
vérité des choses qui nous entourent dans leur apparence mais que l’être des
choses nous est masqué. Cela correspond à l’étymologie grecque de la
vérité : l’a-letheia (=non voilement).
Toute recherche de la vérité pour de nombreux philosophes
doit donc passer par la métaphysique ou l’ontologie.
Il y a aussi la vérité au sens contemporain qui est
d’ordre scientifique, positiviste…
Toutes ces questions peuvent remettre en cause la recherche
philosophique de la vérité. Mais l’on peut y formuler les objections
suivantes :
Peut-on trouver la
vérité ?
Se prononcer définitivement sur cette question revient à
établir que la non-existence de la vérité est une vérité. N’est-ce pas absurde ?
Toute philosophie du« refus de la vérité »n’est-elle pas un
relativisme (Kant, Nietzsche, sophistes) ?
Pourquoi chercher
la vérité ?
N’y a-t-il pas encore absurdité ? Car n’est-ce pas
la découverte de la vérité qui peut définir le statut de sa recherche ?
Le sens de la recherche de la vérité n’est-il pas défini
par la vérité elle-même ?
De quelle vérité
parle ton ?
N’est-ce pas absurde d’avoir une idée préalable de la
vérité avant de l’avoir trouvée?
Une fois ses questions posées, on peut prendre le parti
que la vérité existe et qu’elle peut être l’objet d’une recherche. On se lance
dans un voyage immodérément ambitieux dont le problème est de savoir s’il est
possible de le faire avec ou sans méthode.
Faut-il-une
méthode pour connaître la vérité ?
Voici à nouveaux quelques questions pouvant être abordées
lors du débat :
Qu’est-ce qu’une méthode ?
Y-a-t-il une ou plusieurs méthodes ?
Voici des exemples de méthodes : la dialectique
socratique, le doute méthodique de Descartes, les critères de la raison pure ou
pratique chez Kant, la méthode scientifique...
Sans méthode, la recherche est-elle hasardeuse ?
Se fait-elle par l’imagination, par l’intuition, par la
rationalité?
Y-a-t-il une ou plusieurs vérités ?
Place au débat
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