mardi 2 avril 2019

Sujet du Merc. 03 Avril 2019 : “Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple.” B. Brecht


             “Puisque le peuple vote contre le Gouvernement,
                      il faut dissoudre le peuple.” B. Brecht

«  L’oligarchie au pouvoir ne comprend pas que le peuple puisse voter contre la direction qu’elle imprime à la politique. Nous avons vu l’extraordinaire incompréhension qui pouvait se lire sur les visages des hommes politiques lors de la proclamation des résultats de 1 ’élection présidentielle de 2002, comme lors de celle des résultats du référendum de 2005. 
L’oligarchie se sent injustement trahie par ce bon peuple qui ne vote pas dans le sens historique qu’elle lui a indiqué, et ne peut comprendre qu’une seule chose : elle a mal expliqué aux électeurs quel était le seul vote possible. 

Les élites sont persuadées d’avoir raison contre le peuple. Pour elles, le peuple doit rejoindre ses représentants dans la communion de la démocratie virtuelle, conçue en tant que seule et vraie réalité. Ainsi, lors des élections, ce n’est plus l’élite qui représente le peuple, mais le peuple qui est sommé de représenter les choix de l’élite ... « Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple », ironisait en son temps Bertold Brecht... 
 
La post-démocratie peut se définir ainsi : elle est un état servile de la société, dont l’imaginaire demeure celui de la liberté et de l’égalité. Devenant post-démocratie, la démocratie a érigé son propre mensonge - l’inversion de ce qu’elle prétendait être - comme réalité politique concrète. En post-démocratie, démocratie ne se lit plus pouvoir du peuple mais pouvoir sur le peuple. La démocratie a produit son inversion mensongère, en prétendant se réaliser concrètement. Voilà la servitude volontaire inhérente à la post-démocratie : l’homme accepte de croire en l’illusion démocratique afin de conserver le confort de son apparente

Nous vivons la rupture, en la démocratie elle-même, vers une démocratie totalitaire. Un gouvernement élu [démocratiquement peut fort bien devenir un pouvoir totalitaire tout en demeurant, dans les formes, un pouvoir dit démocratique. Comme l’avait constaté Emmanuel Mounier : « Appelons régime totalitaire tout régime dans lequel une aristocratie (minoritaire ou majoritaire) d’argent, de classe ou de parti, assume, en lui imposant sa volonté, les destins d’une masse amorphe - fût-elle consentante et enthousiaste et eut-elle par là même l’illusion d’être réfléchie. » 

Nous ne pouvons que suivre Matthieu Baumier dans la description qu’il fait de l’état présent et à venir de notre société: « La post-démocratie présente bien une série d’aspects tendant à un totalitarisme ; pensée unique, parti décentré, mais unique, presse unanime ou presque, oligarchie campant sur ses privilèges et sur sa croyance en une vérité, propagande, mots et discours creux, idéologiques, répétés comme par habitude, description d’un monde virtuel tenu pour le monde réel ... » 

L’ensemble des caractéristiques de la post-démocratie a pour point commun d’appartenir à une conception unique et virtuelle de la liberté, formant ainsi u manichéisme qui s’apparente, par bien des aspects, à une conception totalitaire. Avec une telle liberté nous n’avons plus besoin de prisons  …… »

 (- In le ciel sur la terre, Falk van Gaver : essai de théologie -2007

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