« La nature
agit, l’homme fait » E. Kant
Par
la notion de « la nature agit » Kant fait référence au comportement
automatique et inconscient
des animaux caractérisé
par un ensemble
d’actions déterminées, héréditaires,
spécifiques, ordonnées à
la conservation de
l’espèce ou de
l’individu.
L’instinct exclut la liberté. La fin poursuivie par l’animal n’est pas choisie, les moyens propres à la réaliser sont des gestes stéréotypés que l’animal accomplit sans réflexion. En lui la nature accomplit sa propre nécessité dans des opérations restant de part en part naturelles. Nulle invention, nul progrès dans le monde animal et cela est, en un sens, le signe de sa perfection. Il n’a pas besoin de se perfectionner puisqu’il est d’emblée adapté. « Par son instinct un animal est déjà tout ce qu’il peut être, une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l’homme doit user de sa propre raison. Il n’a point d’instinct et doit se fixer lui-même le plan de sa conduite ».
L’instinct exclut la liberté. La fin poursuivie par l’animal n’est pas choisie, les moyens propres à la réaliser sont des gestes stéréotypés que l’animal accomplit sans réflexion. En lui la nature accomplit sa propre nécessité dans des opérations restant de part en part naturelles. Nulle invention, nul progrès dans le monde animal et cela est, en un sens, le signe de sa perfection. Il n’a pas besoin de se perfectionner puisqu’il est d’emblée adapté. « Par son instinct un animal est déjà tout ce qu’il peut être, une raison étrangère a déjà pris soin de tout pour lui. Mais l’homme doit user de sa propre raison. Il n’a point d’instinct et doit se fixer lui-même le plan de sa conduite ».
En
effet rien n’est « donné » à l’homme. Il doit tout conquérir à la
sueur de son front. A l’aube de l’histoire de l’espèce humaine ou à la
naissance de chaque individu, l’homme
est un candidat à l’humanité mais un
candidat seulement. Il a des dispositions mais
celles-ci doivent être
développées pour parvenir
à la pleine
réalisation d’elles-mêmes. Or
cet accomplissement jamais achevé
est œuvre collective. Il implique un
temps sans commune mesure avec celui qui est dévolu à l'existence
individuelle. Il suppose
des exercices, des
apprentissages, une instruction
dans lesquels la
dimension historique est essentielle. Il n’est pas indifférent de
naître à l’âge de Neandertal ou à celui de l’ordinateur. En cultivant ses
aptitudes pour atteindre ses
fins, l’homme transforme
son milieu, produit
des œuvres techniques,
intellectuelles, artistiques, institutionnelles et par là se transforme
lui-même. La longue suite des générations ne laisse pas l’homme inchangé.
On observe une évolution
au cours du
temps et même un
progrès. Les outils
de l’homme moderne sont infiniment plus performants que les outils de
Cro-Magnon, son mode de pensée moins frustre, ses mœurs plus raffinées. Il y a
bien un mouvement permettant d’affirmer que par ses efforts, l’homme « s’élève de la plus grande rudesse
d’autrefois à la plus grande habileté, à
la perfection intérieure de son mode de pensée ».
D’où
l’inter-relation : la culture, l’histoire qui sont des produits de l’activité
humaine sont en retour ce qui la modifie. L’homme est bien à lui-même sa propre
production. Il tire tout de lui-même sauf ce par quoi cela est possible : sa
raison et sa main,
mais ces aptitudes
portent en creux
le mouvement de
la culture et
de l’histoire. Comme
toutes les dispositions, elles
n’actualisent que progressivement leurs potentialités. Elles témoignent en tout
cas que l'homme n'est pas déterminé à être ce qu'il est. Sa nature est
originairement indéterminée. C'est une somme de possibles qu'il lui revient de
déployer dans tel ou tel sens.
L’homme
est donc bien libre de l’instinct. D’où l’urgence de réfléchir sur le sens de
son aventure.
La
raison est fondamentalement liée à la liberté. Certes comme l’animal, l'homme doit assumer la
nécessité vitale. Il est contraint lui
aussi de pourvoir à la satisfaction de ses
besoins. Si on appelle
« bonheur » (ou bien-être pour l’animal)
la satisfaction des besoins
et des désirs,
alors il faut
dire que l’aspiration
au « bonheur »
est une tendance
commune aux hommes et aux animaux. Le
« bonheur » serait une finalité propre aux espèces animales ?
Mais
si le bonheur était la seule finalité de l’existence humaine, pourquoi la
nature nous aurait-elle engagés dans la douloureuse aventure qui est la nôtre
? Car outre qu’avec la conscience, le besoin devient désir, c’est-à-dire
dynamisme beaucoup plus difficile
à combler, l’homme ne peut atteindre ses
buts que par le travail.
Or travail implique
efforts, souffrances. La
transformation de l’homme et du monde par le travail n’est pas un chemin de délices. « Une foule de peines attendent
l’homme ». Il est dur de tout devoir tirer de soi. Songeons que même les
divertissements qui peuvent rendre la vie agréable sont conquis de haute
lutte. Le moindre spectacle, les plaisirs
du sport, de l’art coûtent cher
en sacrifices et en douleurs.
La nature semble nous avoir destinés à la
conquête plus qu’à la jouissance proprement dite des fruits de
notre labeur. A
bien observer les
choses, on a
l'impression qu'on est
moins fait pour
être heureux que
pour promouvoir par notre effort les conditions d'un bonheur mérité. Et
cette observation va dans le sens des requêtes de la
conscience commune.
Pour chacun
le bonheur est un
bien et une
aspiration naturelle, mais
on s'indigne lorsqu'on constate que tout réussit à un paresseux et à
un méchant alors qu'un homme vertueux peut être accablé par les coups du sort.
Cela ne signifie-t-il pas que les hommes conçoivent le bonheur comme ce qui
devrait être la récompense du mérite moral?
Ils subordonnent donc la finalité naturelle (le bonheur) à une finalité plus élevée, une finalité éthique, décrite comme « mérite », « estime de soi » ?
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