DROITE - GAUCHE, MYTHE OU RÉALITÉ ?
Est-ce que la politique doit
forcément se réduire à un affrontement idéologique aussi manichéen ?
Est-ce que cela a un sens ? Est-ce que cela enrichit le débat de théories
ou au contraire transforme toute réflexion politique en argument simpliste stérile ?
Cette différenciation
droite-gauche remonte à la révolution française, lorsqu’on a créé l’assemblée constituante. Ceux qui
étaient favorables au roi, avaient pris l’habitude de se placer à droite alors
que les opposants s’installaient à
gauche de l’hémicycle. Mais il en ressort une fracture qui persiste même
après la monarchie et que l’on retrouve pratiquement dans le monde entier.
Pourtant on s’aperçoit que des
personnages ou des partis une fois au pouvoir, ne vont pas respecter leurs
promesses ou leurs convictions.
Sans chercher de définitions
parfaites je vais quand même essayer de les différencier.
- La gauche veut transformer la société par la réforme ou la révolution, elle est donc constructiviste et elle se revendique dorénavant l’unique instrument du progrès de la société.
- La droite est conservatrice : elle veut conserver ce qui fonctionne pour profiter des améliorations spontanées du respect de la loi, des institutions et du système économique.
Mais voilà, les contres exemples
sont effectivement très importants, de décisions et de politique qui à priori sont prises à l’inverse ou l’opposé des valeurs que leurs
partis défendaient, ou que l’on a voulu les réduire, voire les stigmatiser.
Abraham Lincoln, premier président
républicain va interdire l’esclavage.
Bismarck va imposer une sécurité
sociale et un système de retraite.
Simone Veil introduira la
première légalisation sur l’avortement.
L’empereur Meiji au Japon en 1867 va transformer son
pays en abolissant les privilèges des seigneurs en faveur des paysans.
Charles De Gaulle, va abandonner
toutes ses colonies en Afrique et en Asie, et introduire beaucoup de lois
sociales (Smic, allocations) et participera à la construction de logements
sociaux.
Bill Clinton, pendant ses 8
années de présidences va réduire tous les ans les dépenses publiques, pour
arriver les deux dernières années à un excèdent budgétaire.
Gerhard Schröder de centre
gauche, imposera de grandes réformes avec les lois Arts I, II, III, IV qui
comprennent la création des mini jobs, le durcissement de l’indemnisation du
chômage, et une politique d’austérité.
Lionel Jospin, pendant qu’il sera
premier ministre privatisera plus d’entreprises qu’aucun gouvernement de
droite.
François Mitterrand en
1983, change de politique en tentant de revenir à une rigueur budgétaire
qualifié par beaucoup comme un virage libéral à 180°.
Alexis Tsipras
en Grèce en 2015 remporte les élections et lance un référendum pour sortir des
politiques de rigueur imposé par la Troïka mais finira bien par une politique
d’austérité.
Donc est ce que tous ces exemples
seraient le fait seulement de trahison idéologique, d’erreurs grossières de
jugements ou de manque de courage.
Éliminons ces trois hypothèses
pour nous intéresser d’abord à la distinction des trahisons de droites et de
gauches. Car si on cherche les raisons de ces dysfonctionnements on ne peut pas
trouver les mêmes causalités.
En effet, est ce que cela a un sens de reprocher à
Abraham Lincoln de vouloir abolir l’esclavage, de même que je ne connais
personne de raisonnable qui reproche à Simone Veil d’avoir autorisé
l’avortement, à part quelques intégristes religieux sectaires ? Il serait
vraiment bizarre de critiquer Bismarck de vouloir imposer un système de
retraite et d’assurance sociale en plein XIX° siècle même si le personnage
impérialiste est plutôt contestable.
Donc pour la droite qui pourrait
prendre des décisions en contradiction avec le discours dominant de son courant
politique, nous ne pouvons pas l’attribuer à une décision irresponsable mais
bien au contraire à une recherche sincère d’amélioration de l’intérêt générale.
Que leur libre arbitre leur permet
d’être en contradiction avec l’idéologie où on les a enfermés, est donc tout à
leur honneur.
On ne peut pas exclure un dernier
argument de faiblesse pour la droite, qui pour acheter une paix social ou se
laisser convaincre par une logique marxiste ou encore dans une confusion proche
de l’incompétence, peut très bien faire une politique de gauche. (Cela pourrait
concerner l’ensemble de la protection sociale ou le poids des prélèvements
obligatoires qui ont été votés par des
gouvernements de droite en France).
Passons aux dysfonctionnements de
la gauche qui sont relativement plus
graves à mon sens et peuvent pour le coup être qualifiés de véritable trahison
à son idéologie. Pour la simple raison
qu’ils peuvent être guidés, comme pour la droite, par la volonté d’améliorer le
système économique. Car où cela devient très gênant, c’est que ces hommes
politiques quand ils étaient dans l’opposition pouvaient avoir prétendu
exactement le contraire de manière obsessionnelle.
On retrouve toutes les
caractéristiques des défauts de l’idéalisme qui consiste à inventer un idéal
pour condamner le réel. Et c’est confrontés à l’exercice du pouvoir qu’ils
s’aperçoivent que cela ne fonctionne pas. On peut le constater par
l’expérimentation des solutions adoptées (gouvernement Mitterrand /Maurois
1981-1983 croissance économique à 2,5 % et le chômage qui poursuit sa progression) ou dès la prise de pouvoir par
anticipation (Election de Tsipras en Grèce où la sortie de l’euro ou de
l’Europe n’était pas envisageable raisonnablement).
Mais le plus intéressant dans
cette analyse, c’est bien la lente évolution et prise de conscience globale de
la société que l’on peut à la fois constater, et considérer comme un acquis de
la raison sur l’archaïsme des pouvoirs. L’impérialisme, le colonialisme,
l’esclavage, le féodalisme sont bien des
valeurs qui appartiennent au passé, ainsi que la liberté syndicale, le respect
du droit de propriété, sont bien jugés comme des progrès. Une conclusion assez
positive de tous ces rappels historiques factuels est qu’il existe des choix
qui peuvent être guidés par la raison et la sagesse par-delà toute idéologie.
Mais au contraire de cette
conclusion il existe bien sûr une interprétation de tous ces contres exemples,
pour prétendre que droite et gauche se cofonderaient totalement, dans
l’exercice du pouvoir pour entretenir le capitalisme et empêcher, dans une
immense conspiration, l’avènement du collectivisme.
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