Ce qui peut être démontré n’a pas de valeur (Nietzsche)
Avertissement : ne pas se méprendre sur le sens que donne Nietzsche au mot « valeur » : "Tout ce qui a quelque valeur dans le monde actuel, ne l'a pas en soi, ne l'a pas de sa nature – la nature est toujours sans valeur – mais a reçu un jour de la valeur, tel un don, et nous autres nous en étions les donateurs".
Avertissement : ne pas se méprendre sur le sens que donne Nietzsche au mot « valeur » : "Tout ce qui a quelque valeur dans le monde actuel, ne l'a pas en soi, ne l'a pas de sa nature – la nature est toujours sans valeur – mais a reçu un jour de la valeur, tel un don, et nous autres nous en étions les donateurs".
C’est dans ce sens là que doit être
comprise la phrase de Nietzsche. Et la méthode démonstrative étant un pilier de
la science c’est bien à une attaque en règle contre celle-ci que Nietzsche se
livre « La science repose sur une
croyance » (Nietzsche : le gai savoir).
Nietzsche explique qu’à première vue, les
convictions n’ont pas lieu d’être dans le domaine de la science excepté
lorsqu’elles prennent la forme de l’hypothèse Lorsque l’on énonce une
conviction un doute persiste, la conviction reste subjective impossible à
fonder rationnellement, à la différence de la certitude..
Cependant, l’accès à
la connaissance par la conviction est possible si et seulement si celle-ci revêt l’habit de l’hypothèse. En
effet, l’hypothèse est la seule forme non prouvée, non certaine, admise dans le
domaine de la science. Il s’agit, du point de vue expérimental c’est à dire
pour les sciences de la nature telles que la physique ou la biologie, d’une
explication conditionnelle théorique et anticipée des faits qui demande
toujours une vérification par l’expérience et, du point de vue de la fiction
régulatrice c’est à dire des sciences formelles basées sur la déduction comme
les mathématiques, l’hypothèse est alors une donnée.
L’outil hypothèse n’est qu’une forme provisoire, qui s’inscrit dans la démarche scientifique, car elle est destinée soit à être confirmée, dans ce cas elle devient certitude et elle obtient une place et une utilité dans la science, soit à être infirmée, elle est alors rejetée car considérée comme fausse, elle n’a alors plus de place dans le domaine de la connaissance.
Dans le cas
des sciences expérimentales, c’est la réussite de l’expérience qui tranchera
alors que dans le cas des sciences formelles, l’hypothèse ayant été posé on en
déduira tout ce qu’elle implique et si l’on arrive à la fin à une proposition
vraie qui lui sera équivalente alors l’hypothèse sera vraie mais si au
contraire on arrive à une absurdité ou une contradiction, alors l’hypothèse
sera rejetée. Ainsi, force est de reconnaître une certaine valeur à
l’hypothèse.
En effet, l’hypothèse joue un rôle capital dans l’orientation de
la recherche scientifique et tout particulièrement dans la recherche
expérimentale comme le soutenait Claude Bernard, en effet c’est l’hypothèse qui
fixe les conditions expérimentales sans lesquelles l’expérience ne pourrait
être valable. Ainsi on peut dire qu’une conviction peut accéder au domaine de
la science si elle y entre sous la forme de l’hypothèse.
Ainsi, la science qui établit des propriétés en les prouvant, soit par la démonstration, soit par l’adéquation au réel, refuse toute conviction. Mais Nietzsche considère qu’il y aurait un premier élément de démonstration, que rien ne le précède et qu’il a bien fallu « y croire ».
Dans ce cas là, et si l’on suit la démarche de Nietzsche, on tombe dans un énorme paradoxe : comment à partir d’une croyance (une croyance originelle ?!) la science aurait-elle pu aboutir à des vérités ?
En fait Nietzsche n’aura de cesse de
tenter d’élaborer une critique, qui à travers SA conception des sciences et des
critères de vérité, a pour but de ruiner le platonisme, mais aussi
ajoute-t-il : « le christianisme,
le socialisme et l’anarchisme » dans le sens ou ces doctrines, d’après
lui, nient la vie, cherchent une vérité dans l’ici et maintenant.
Alors si ce qui peut être démontré
n’a pas de valeur, est-ce que, par hasard, tout ce qui ne peut pas être
démontré aurait de la valeur ?
Oui, répond Nietzsche. Pour lui, L’homme occidental (grec, latin, romain, saxon) a eu besoin de poser l’identité du stable et du vrai. C’est parce que l’Occident avait besoin de la stabilité que la stabilité a été investie de la qualité de l’Être.
Nietzsche identifie la
philosophie depuis Platon à la religion chrétienne et sa morale, et aux idéologies
modernes dont l’athéisme de façade masque une foi consciente ou inconsciente en
la valeur de la vérité, donc un idéal ascétique qui s’ignore.
Pour tous il y a
un monde meilleur que celui-ci, un monde vrai. Tous nient ce monde ci,
apparent, phénoménal, qui est lutte entre des forces contradictoires.
Il pose
comme affirmation ce que nie l’évaluation du monde prétendument vrai :
l’art, qui met en œuvre le sensible, vaut mieux que le vrai, dit Nietzsche.
Il a plus de valeur que cette vérité suprasensible qui implique vertu, humilité
et négation de ce qui, fondamentalement, stimule la vie.
L’art a une fonction
anti-ascétique. CQFD ?
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