Qu’appelle-t-on terrorisme ?
Définition
du Larousse :
« Recours à la terreur et à la
violence pour imposer ses idées politiques ou son autorité. »
Cette
définition du terme terrorisme peut
sembler minimaliste mais elle a le mérite d’introduire l’un des aspects
essentiels de la notion, qui suppose un lien intrinsèque entre le moyen et la fin. En effet, selon cette définition, le terrorisme correspond à un ou plusieurs actes qui doivent
s’inscrire au service d’un objectif.
Le
problème est que les moyens et les fins décrits sont très flous :
qu’entend-on par « terreur », « violence » ou
« imposer son autorité » ? Selon cette définition, la guerre
(quel que soit le sens qu’on lui donne) relèverait du terrorisme, les mafias
seraient des organisations terroristes et un manager qui assoirait son autorité
en étant très dur avec ses subordonnés peut être considéré comme un terroriste.
De
plus, si le terrorisme repose sur le recours à la violence, que penser de
l’utilisation de la violence sociale ? À titre d’exemple, la
délocalisation d’une entreprise rentable peut-elle être considérée comme un acte terroriste ?
La
difficile délimitation de l’acte terroriste
se prolonge dans la notion non moins ambiguë d’attentat. On retrouve tout de même une idée commune à travers ces
notions : les cibles principales de l’acte terroriste sont, avant tout, les
observateurs extérieurs de l’événement. Il s’agit de toucher à la psychologie
collective, d’instiller un sentiment d’insécurité (« c’était lui
aujourd’hui mais ça peut être toi demain »).
Le
terrorisme serait donc le moyen d’envoyer
un message. Mais un acte terroriste doit-il pour autant être forcément
rattaché à une revendication, une exigence, un ultimatum clair et précis (IRA,
ETA…) ?
Cela
pose également la question des victimes : pour être considéré comme un
acte terroriste, les victimes
doivent-elles être forcément anonymes et aléatoires ? Les événements de Charlie
Hebdo ciblaient des personnes déterminées à l’avance. S’agit-il alors d’un
attentat ? ou simplement d’une tuerie ? d’un assassinat
multiple ?
Cela
revient à se demander : à partir de quand un crime (de droit commun) devient un acte terroriste (ce palier supérieur qu’on a tant de mal à
qualifier et à justifier) ? On peut entrevoir une partie de la réponse
lorsqu’on aborde la dualité terrorisme/lutte contre le terrorisme. On
s’aperçoit alors qu’il s’agit d’apposer une vision morale sur le crime en question. D’où la problématique
terrorisme/résistance : l’ANC était-elle une organisation terroriste ? La
résistance française n’était-elle pas une nébuleuse terroriste ? Lutter
contre la résistance, c’est se rendre coupable de terrorisme ?
Enfin,
au regard des problématiques évoquées, on ne peut s’empêcher de faire le lien
avec une notion assez similaire quant à sa complexité à définir et
délimiter : le crime contre
l’humanité.
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