jeudi 10 août 2017

"Google est en train de manipuler les gens à travers ses suggestions de recherche"

Google truque ses recherches afin de bloquer l’accès au World Socialist Web Site

Par le WSWS Editorial Board
29 juillet 2017
Un examen des données de trafic Web montre clairement que le géant d’Internet Google manipule les résultats de recherche pour bloquer l’accès au World Socialist Web Site.
En avril, sous couvert de la lutte contre les « fausses nouvelles », Google a introduit de nouvelles procédures qui donnent des pouvoirs extraordinaires à des « évaluateurs » anonymes pour revoir à la baisse la note des pages et des sites Web. Ces procédures ont été utilisées pour mettre à l’écart le WSWS et d’autres sites anti-guerre et d’opposition.
Au cours des trois derniers mois, le trafic provenant de Google vers le WSWS a diminué d’environ 70 pour cent. Dans les recherches sur des termes essentiels relevant d’un large éventail de sujets que le WSWS couvre régulièrement, y compris les opérations militaires américaines et la menace de guerre, les conditions sociales, les inégalités et même de socialisme, le nombre de search impressions faisant référence au World Socialist Web Site a considérablement diminué.
Une impression est un terme technique qui fait référence à un lien montré par Google en réponse à un résultat de recherche. Si une recherche pour « socialisme » conduit l’ordinateur d’un utilisateur à afficher un lien vers le WSWS, cela compte pour une impression.
En manipulant le « classement de recherche » attribué aux pages du WSWS, Google peut pousser son contenu plus bas sur la liste des résultats. Cela réduit le nombre total des impressions, ce qui, à son tour, entraîne un très faible nombre de « clics » ou de visites sur le site.
Selon le Service des outils pour les webmestres de Google, le nombre d’impressions quotidiennes pour le World Socialist Web Site est passé de 467 890 à 138 275 au cours des trois derniers mois.
Le WSWS a analysé les données relatives aux résultats de recherches spécifiques entre mai et juillet, c’est-à-dire après la mise en place de nouvelles politiques d’exclusion de sites Web par Google.
Au cours du mois de mai, les recherches de Google incluant le mot « guerre » ont produit 61 795 impressions WSWS. En juillet, les impressions de WSWS ont diminué d’environ 90 pour cent, passant à 6613.
Les recherches en anglais sur le terme « guerre de Corée » ont produit 20 392 impressions en mai. En juillet, les recherches utilisant la même requête ont donné zéro impression pour le WSWS. Les recherches pour « guerre de la Corée du Nord » ont produit 4626 impressions en mai. En juillet, le résultat de la même recherche n’a produit aucune impression WSWS. « guerre Inde Pakistan » a produit 4394 impressions en mai. En juillet, le résultat, encore une fois, était nul. Et « guerre nucléaire 2017 » a produit 2319 impressions en mai et zéro en juillet.
Pour citer d’autres recherches : « Wikileaks » est passé de 6576 impressions à zéro, « Julian Assange » est passé de 3701 impressions à zéro, et « Laura Poitras » est passée de 4499 impressions à zéro. Une recherche de « Michael Hastings » – le journaliste décédé en 2013 dans des circonstances suspectes – a produit 33 464 impressions en mai, mais seulement 5227 impressions en juillet.
En plus de la géopolitique, le WSWS couvre régulièrement un large éventail de problèmes sociaux, dont beaucoup ont connu une baisse abrupte des résultats de recherche. Les recherches de « timbres alimentaires », « mises à pied de Ford », « entrepôt Amazon » et « secrétaire à l’éducation » ont baissé de plus de 5000 impressions en mai à zéro en juillet.
Le nombre d’impressions de recherche pour les articles WSWS dans les recherches, y compris le terme « grève », est tombé de 85 pour cent entre mai et juillet, de 19 395 à 2964.
Beaucoup de gens qui effectuent des recherches de Google pour ces termes le font parce qu’ils ont une attitude critique envers les politiques de l’establishment et souhaitent entendre ce que les socialistes ont à dire. Toutefois, en raison des actions de Google, ils ne trouveront pas de textes publiés par le World Socialist Web Site.
Mais qu’en est-il de ceux qui veulent directement lire de la politique socialiste ? En mai, le terme de recherche « socialisme » a généré 31 696 impressions, et le WSWS a été classé entre le 5 et le 6 dans les résultats de recherche. En juin, le WSWS a été retiré des 100 meilleurs résultats de recherche pour le terme. Ainsi, les recherches de « socialisme » ont produit des impressions nulles pour le World Socialist Web Site, la publication socialiste la plus largement lue sur Internet.
Qu’en est-il de ceux qui sont déjà socialistes engagés, et veulent en savoir plus sur Leon Trotsky ? Ici aussi, le WSWS, publié par le mouvement trotskyste, est bloqué. Alors qu’une requête pour « Leon Trotsky » a entraîné 5893 impressions en mai, ce nombre est tombé à zéro en juillet.
Lorsque le WSWS a contacté Robert Epstein avec nos résultats, ce psychologue et critique de Google de renom a conclu : « Je n’ai pratiquement aucun doute que Google vous ait rétrogradé. » Epstein a déclaré que lui et ses collègues ont montré que « la preuve est solide » que « Google est en train de manipuler les gens à travers ses suggestions de recherche ».
La politique qui guide ces actions est absolument claire dans le blogue publié le 25 avril 2017 par le vice-président à l’ingénierie de Google, Ben Gomes, et les « Lignes directrices pour les estimateurs de la qualité de la recherche » (Search Quality Rater Guidelines) mises à jour et publiées en même temps. Le message se réfère à la nécessité de signaler et de rétrograder « les résultats offensants inattendus, les fausses nouvelles et les théories du complot » – des termes vagues et amorphes utilisés pour exclure tout contenu d’opposition.
Les directives concernant les évaluateurs sont encore plus explicites. Les « évaluateurs » anonymes sont invités à classer « les plus bas » les sites qui ont « des informations factuellement inexactes pour manipuler les usagers afin de bénéficier à une personne, à une entreprise, à un gouvernement ou à une autre organisation politique, monétaire ou autre ». La cote « la plus basse » doit également être donnée à un site Web qui « présente des théories ou des canulars de complot non fondés comme si l’information était factuelle ».
Il est impossible de formuler une politique plus explicite de suppression de la liberté d’expression. Ces lignes directrices sont écrites de manière à permettre à Google de rétrograder ou de bloquer une vaste gamme de sites Web qui critiquent le gouvernement et révèlent ses mensonges.
Qui précisément doit déterminer ce qui est « une information factuellement inexacte » ou ce qui constitue une « théorie du complot non étayée » ? De fait, toutes les expressions d’opinions, autres que celles qui sont acceptables pour Google et ses alliés dans l’État, en particulier le Parti démocrate. Il n’y a pas de publication ou de revue qui se vaut d’être lues qui ne tomberaient sous le coup de ces « lignes directrices ».
Se rajoute au cynisme de ces nouvelles procédures le fait que de nombreuses sources ont documenté la participation active de Google dans le soutien des candidats politiques, en particulier de Hillary Clinton, en manipulant les résultats de recherche. Dans son livre : « Agir rapidement et casser les choses : comment Facebook, Google et Amazon ont pris la culture en tenailles, et ont miné la démocratie » récemment publié, Jonathan Taplin montre en détails le rôle d’Eric Schmidt, PDG de Alphabet, la société mère de Google, en créant une entreprise appelée The Groundwork afin d’aider directement la campagne de Clinton.
Or, plus tôt dans l’année, la Commission européenne a exposé la manipulation répandue délibérée et criminelle de Google concernant ses résultats de recherche pour promouvoir son propre service de comparaison de magasins au détriment de ses concurrents. La société a été condamnée à une amende de 2,7 milliards de dollars.
Au nom de la lutte contre les « fausses nouvelles », Google effectue des recherches fausses. De moteur de recherche, il s’est transformé en instrument de censure.
Le WSWS continuera à exposer l’attaque inconstitutionnelle de Google sur les droits démocratiques. Nous exigeons que Google affiche une totale transparence sur ses procédures et qu’il identifie qui a le pouvoir d’évaluer les sites Web. Tous les algorithmes de Google doivent être placés dans le domaine public.
En conclusion, les actions de Google fournissent une autre démonstration de la nécessité de mettre la diffusion de l’information hors du contrôle privé. Les moteurs de recherche puissants ne peuvent être gérés par des monopoles contrôlés par des oligarques milliardaires. Ils doivent être placés sous le contrôle démocratique de la population active du monde.
Il ne fait aucun doute que l’action de Google a bloqué des dizaines de milliers de personnes qui, normalement, auraient trouvé le WSWS et accédé au site. C’est l’objectif. Cependant, une partie très importante des lecteurs WSWS accède directement au site, par les réseaux sociaux, ou par d’autres moteurs de recherche, qui, au moins jusqu’à présent, ne se livrent pas aux mêmes pratiques que Google.
Le WSWS dispose d’une base de lecteurs fidèles et large et continue à enregistrer des centaines de milliers de visites individuelles par mois. Nous nous opposerons à la censure politique de Google, mais nous avons besoin de votre soutien.
Nous comptons sur l’engagement de nos lecteurs au WSWS. Participez à la distribution des articles du WSWS. Affichez notre contenu sur les réseaux sociaux. Envoyez nos articles par courrier électronique à vos amis et collègues. Rendez les actions de Google aussi connues que possible.
Envoyez-nous votre adresse e-mail afin de recevoir des mises à jour quotidiennes du contenu du WSWS. Laissez un argument d’opposition aux actions de Google. Enfin, nous luttons contre l’une des sociétés les plus puissantes, avec les liens les plus étroits avec le gouvernement et de vastes ressources. Nous avons besoin d’un soutien financier pour continuer et élargir notre contre-offensive contre la censure et la suppression de la liberté d’expression.
(Article paru d’abord en anglais le 28 juillet 2017)

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