AVONS-NOUS BESOIN D’HOMMES PROVIDENTIELS
Providence. Action par laquelle Dieu conduit les
événements et les créatures vers la fin qu'il leur a assignée. Dieu, en tant
qu'ordonnateur de toutes choses. (Avec une majuscule.) L'origine
aussi BIEN latine que chrétienne du mot renvoie à l'intervention d'une
puissance extérieure à l'homme, à laquelle l'origine divine confère
inéluctabilité et transcendance.
Quelle
est la définition d’un «homme providentiel»?
C’est
un personnage qui apparait dans les périodes de crises, et qui se présente
comme le sauveur ultime chargé d’une sorte de mission historique ou divine, à
savoir résoudre d’un coup de baguette magique tous les problèmes qui se posent
à la société à un moment donné.
Quand viennent les temps
difficiles, quand subrepticement la confusion devient reine, quand les usages
deviennent de trop sales habitudes et que le peuple gronde en espérant changer
la donne, que les barbares sont à nos portes, alors que chacun craindra son
voisin, on se met à espérer… Il viendra ! Celui-là même qui dépasse déjà
sa nature simplement humaine, dont le charisme efface toute contradiction,
l’homme qui tombe à pic est invoqué contre la déroute, la banqueroute, contre
le gâchis organisé par quelques sommes d’égoïsmes… Il est le surhomme, le
héros, le demi-dieu tant attendu… Qui est-il ? D’où vient-il ? Ce
formidable personnage annonçant des temps nouveaux, et parfois leurs
fins ?
C’est
la providence qui nous l’envoie ! Le retour du fils prodigue !
D’ailleurs ce qui est providentiel est prévu. On verra dans la providence le
fait qu’une force supérieure veille au grain. Il s’agirait dans ce cas, d’un
petit coup de pouce bienveillant, dont l’issue viserait à aider l’humanité,
face au mal menaçant l’harmonie universelle. Pour faire simple, quand la
balance penche du côté des emmerdements, dieu appuie sur le plateau des bonnes
surprises pour relancer la machine à bonheur. Telle est la providence divine,
c’est dans le contrat, le service après-vente vous envoie quelqu’un, c’est
prévu. Prévu, parce que la providence signifie la prévoyance chez les
romains ; providentia de
pro
et videre,
soit « voir avant » ou prédire. Dieu, ou quiconque dans son rôle,
connaissant l’alpha et l’oméga, voit l’avenir puisqu’il maîtrise toute les
dimensions possibles, dont celle du temps, et tisse la réalité que nous
habitons, telles des marionnettes traversant un décor.
Sommes-nous
prédestinés ? Tout est-il consigné à l’avance,
serions-nous de simples sujets de la destinée ou alors, nageons-nous en plein
casino ? Dans ce dernier cas, si aucune conscience de quelque nature ne
contrôlait quoique ce soit, nos parcours ne résulteraient que d’un enchaînement
de combinaisons imprévues, donc à l’opposé de la providence. Par conséquent à
l’origine, quand on parlera d’homme providentiel, on y verra en premier lieu
une assertion religieuse, ou tout au moins transcendantale…
… Mais voyez-vous, ce qui est vraiment pervers, c’est que l’Homme providentiel est une figure de l’adversité. Il se présente en général comme un champion contre la maltraitance que l’humanité s’inflige à elle-même, un recours contre la peur. Pas de sauveur quand il n’y a rien ni personne à sauver ; donc l’homme providentiel s’exprime les pieds dans la merde et nous propose de sortir du caniveau. Il est par conséquent un archétype cyclique, puisque les difficultés dépassées grâce à lui, la situation stabilisée, l’ennui guettera, l’ambiance commencera à pourrir, et puis les égos émergeront de ci de là, poussant ceux qui n’ont rien d’autre à faire, à tout casser, pour opportunément reconstruire grâce à un nouvel homme providentiel. Il y a comme une malédiction là-dedans, comme un sort jeté à la face d’une humanité prisonnière de ses débordements, de sa puérilité, ayant tendance à se savonner la planche pour mieux glisser à nouveau dans le caca, et ça ne sent pas la rose…(mythe de « l’éternel » retour) Par conséquent, en plus d’être un archétype héroïque, l’homme providentiel se présente comme un symptôme récurrent de nos faiblesses, une preuve incarnée de notre immaturité collective. D’ailleurs sans erreurs, sans déboires, sans inquiétudes, pourquoi des gens bien préparés à éviter les problèmes, auraient besoin d’un surhomme pour les sauver ? Pas de superman au pays des braves
En fait tout bouge mais rien ne change. On appelle cela l’apocatastase. Si au final, après tant de promesses de jours meilleurs et de révolutions, rien n’évolue, alors l’Homme providentiel constitue une escroquerie universelle. Pourtant, il est un aspect fondamental qui nourrit ce retour de l’Homme providentiel. Quand un climat anxiogène s’impose, que la peur nourrit la peur alors espérer devient une force puissante.
… Mais voyez-vous, ce qui est vraiment pervers, c’est que l’Homme providentiel est une figure de l’adversité. Il se présente en général comme un champion contre la maltraitance que l’humanité s’inflige à elle-même, un recours contre la peur. Pas de sauveur quand il n’y a rien ni personne à sauver ; donc l’homme providentiel s’exprime les pieds dans la merde et nous propose de sortir du caniveau. Il est par conséquent un archétype cyclique, puisque les difficultés dépassées grâce à lui, la situation stabilisée, l’ennui guettera, l’ambiance commencera à pourrir, et puis les égos émergeront de ci de là, poussant ceux qui n’ont rien d’autre à faire, à tout casser, pour opportunément reconstruire grâce à un nouvel homme providentiel. Il y a comme une malédiction là-dedans, comme un sort jeté à la face d’une humanité prisonnière de ses débordements, de sa puérilité, ayant tendance à se savonner la planche pour mieux glisser à nouveau dans le caca, et ça ne sent pas la rose…(mythe de « l’éternel » retour) Par conséquent, en plus d’être un archétype héroïque, l’homme providentiel se présente comme un symptôme récurrent de nos faiblesses, une preuve incarnée de notre immaturité collective. D’ailleurs sans erreurs, sans déboires, sans inquiétudes, pourquoi des gens bien préparés à éviter les problèmes, auraient besoin d’un surhomme pour les sauver ? Pas de superman au pays des braves
En fait tout bouge mais rien ne change. On appelle cela l’apocatastase. Si au final, après tant de promesses de jours meilleurs et de révolutions, rien n’évolue, alors l’Homme providentiel constitue une escroquerie universelle. Pourtant, il est un aspect fondamental qui nourrit ce retour de l’Homme providentiel. Quand un climat anxiogène s’impose, que la peur nourrit la peur alors espérer devient une force puissante.
Il y a un fil
rouge entre tous les grands hommes rêvés ou réels, et si on les pare des
caractéristiques de leurs prédécesseurs, ce n’est pas un hasard ; ils sont
mythiques et leurs apparitions rythment l’histoire collective, lui donnant ses
pulsations, un sentiment d’éternité pour ceux qui en écouteront les récits. En
cela l’homme providentiel demeure un personnage sacré, l’animateur du
changement, le grand prêtre, le passeur vers l’après, le gardien de la porte.
Dans
le profane justement, l’homme providentiel est un personnage avant tout
historique. S’il est historique, il en devient forcément politique. Certes,
l’histoire n’est finalement qu’une suite de faits, que l’historien devrait
normalement rapporter fidèlement. Le problème c’est que la personnalité du
conteur, déteindra sur le récit aussi objectif serait-il. Par ailleurs, on sait
que l’histoire sera écrite par les puissants, les vainqueurs, les hussards de
la République cherchant à effacer de coupables paradoxes. Souvent le récit du
passé est instrumentalisé pour justifier le présent politique, et de futurs
passages à l’acte. Pas toujours consciente, cette instrumentalisation fabrique
des mythes, des légendes… L’homme providentiel, objet historique par excellence
n’y échappe pas. Mais ce qui caractérise justement cet objet est qu’il fait
partie de l’histoire de son vivant. Comme il « fait » l’histoire, il
la personnifie.
Le roman national ne s’appuie quasiment que sur des hommes providentiels. Leur service rendu à la nation, ils peuvent par exemple connaître une fin tragique ainsi Vercingétorix primo-résistant étranglé par les romains. Il s’agit alors d’un sacrifice fondateur, en l’occurrence d’une nation : la France selon les historiens républicains
Le roman national ne s’appuie quasiment que sur des hommes providentiels. Leur service rendu à la nation, ils peuvent par exemple connaître une fin tragique ainsi Vercingétorix primo-résistant étranglé par les romains. Il s’agit alors d’un sacrifice fondateur, en l’occurrence d’une nation : la France selon les historiens républicains
Mais alors, qui fait l’histoire ?
Rousseau
: « Il est très
difficile de réduire à l'obéissance celui qui ne cherche pas à commander et le
politique le plus adroit ne viendrait pas à bout d'assujettir des hommes qui ne
voudraient qu'être libres ».
Dans
son Discours sur
l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes,
Rousseau avait démontré que si l'on a besoin d'un dirigeant providentiel cela
signifie que le pays n'est pas régi par une Constitution légitime, et que si
tout peuple a besoin de gouvernants, c'est pour qu'ils soient à son service et
non pour qu'il le dirige.
S'il
est légitime de penser que toute société humaine requiert un minimum
d'organisation, de hiérarchie, presque tous les philosophes ont tenté de penser
les relations de l'individu par rapport à cette nécessité de la gestion des
affaires courantes.
Deux courants de pensée se sont affrontés et s'affrontent encore sur cette question.
- Le courant idéaliste de la philosophie, de Platon, en passant par Machiavel, Nietzsche, considère les individus et les peuples comme des éternels enfants, des mineurs qu'il faut soumettre car incapables d'accéder à ce qu'ils croient être un niveau supérieur de conscience.
- Et puis il y a les matérialistes qui d’Epicure en passant par Spinoza, Hegel ou Marx, refusent ce statut n'y voyant qu'une ruse de plus pour maintenir les peuples dans la servitude et la conception métaphysique de la société terrestre jamais idéale et de la "nature humaine" éternelle évidemment !
Deux courants de pensée se sont affrontés et s'affrontent encore sur cette question.
- Le courant idéaliste de la philosophie, de Platon, en passant par Machiavel, Nietzsche, considère les individus et les peuples comme des éternels enfants, des mineurs qu'il faut soumettre car incapables d'accéder à ce qu'ils croient être un niveau supérieur de conscience.
- Et puis il y a les matérialistes qui d’Epicure en passant par Spinoza, Hegel ou Marx, refusent ce statut n'y voyant qu'une ruse de plus pour maintenir les peuples dans la servitude et la conception métaphysique de la société terrestre jamais idéale et de la "nature humaine" éternelle évidemment !
Les
uns ont conduit à la justification des pires dominations et crimes contre
l'humanité, laissant dans leur sillage une kyrielle de sous penseurs de la
déconstruction, du transhumanisme et autres sous-produits.
Les
autres nous ont légué la notion de "docta spes", d’espérance instruite.
C'est à dire un appareil
d'analyse critique d'une puissance considérable
pour peu qu'on veuille bien se l'approprier, c'est à dire ne pas céder à la
nonchalance de la pensée faible dont notre époque est si friande : "on peut rien faire ça a toujours été
comme ça ce sera toujours comme ça », « Il y a
des pauvres et des riches, c'est comme ça », « Il y a toujours des guerres et il en
sera toujours ainsi », « Les hommes sont mortels : quelle
angoisse ! Autant s'en remettre à des hommes providentiels
« …… tant qu'on y est ! Pour nous qui seront toujours ?? les moutons de l'histoire !?, les "chiens heureux" de F. Fukuyama (in La fin de l'histooire et le dernier homme -1992) !?
« La fatalité triomphe dès que l'on croie en elle. » Simone de beauvoir
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Sujets à venir :
Mercredi
12 Avril 2017
1109 En quoi la peur
conditionne-t-elle nos choix ?
Mercredi
19 Avril 2017
1110 Voter c’est abdiquer.
Mercredi 26 Avril 2017
1111 Mais pourquoi Pandore a-t-elle
refermée la boite ?
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