Doit-on transformer les
désirs en droit ?
La mode est au « sociétal », ce terme nouveau, vague employé à
tout bout de champ a permis et permet de de révolutionner les rapports humains
en banalisant des modifications structurelles de nos sociétés présentées comme
des « avancées » des « progrès » de la liberté des
individus.
Ces « avancées » sont rapidement sanctionnées par la sphère
juridique et dès lors s’imposent à tous quand bien même ce ne seraient que des
minorités et des médias qui auraient promus ces prétendus progrès.
Et c’est bien là la prouesse idéologique de ce qui nous est présenté
comme « un progrès allant de soi », que ce serait une demande de … la
société.
Que les hommes désirent est une chose. Que l’Etat vienne se mêler de
leurs désirs, non point pour les brimer, mais – nouveauté – pour prétendument
en réguler la faisabilité par le droit, voilà qui devrait nous faire réfléchir.
Toutes les théories de l’Etat de Platon en passant Hobbes et Marx, nous
montrent le rôle coercitif, régulateur des passions, de la machine étatique. En
serions-nous sortis sans nous en apercevoir ?
L’idéologie du désir promu depuis la fin des années 60 entre autres par
les mouvements du style Mai 68 en France : « Jouir sans
entraves » s’est graduellement imposée comme substitut aux conflits
sociaux. La parcellisation des individus, le règne de l’individu prétendument
« roi » a balayé le caractère éminemment social des désirs possibles
de tel ou tel.
Être soi unique et être reconnu par les autres sur fond de critères
sociaux codés partagés partageables, mais de plus en plus instables,
devient la « morale » de l’époque.
Mais cette frénésie paradoxale du désir subjectif se confronte à un monde bien réel celui-là. Le monde de la marchandise et, en conséquence, du déplacement du désir subjectif apparent vers sa pseudo satisfaction dans des objets consommables, consumables. La course au « moi » est perdue d’avance, noyée dans le désenchantement, l’insatisfaction permanente et des relations aux autres de plus en plus problématiques et précaires, que ce soit au travail ou dans la vie privée (pensons au couple et aux rapports aux enfants dans la famille).
Mais cette frénésie paradoxale du désir subjectif se confronte à un monde bien réel celui-là. Le monde de la marchandise et, en conséquence, du déplacement du désir subjectif apparent vers sa pseudo satisfaction dans des objets consommables, consumables. La course au « moi » est perdue d’avance, noyée dans le désenchantement, l’insatisfaction permanente et des relations aux autres de plus en plus problématiques et précaires, que ce soit au travail ou dans la vie privée (pensons au couple et aux rapports aux enfants dans la famille).
Ainsi sont mises en place les conditions d'une crise sans précédent du
sujet par rapport aux formes sociales anciennes et plus holistes et donc
rassurantes car plus encadrées d'interdits et d'obligations identificatrices
gratifiantes incontestables.
Et c’est là que l’Etat « moderne » intervient comme un
« bon père compréhensif ». La cohésion sociale passait par des
représentations transcendantes : la nation, la patrie, le « vivre
ensemble », la religion.
L’Etat doit donc créer des valeurs. Son appareil juridique lui en donnera sinon l’illusion du moins la capacité. Et c’est la grande éclosion de la contractualisation des rapports entre personnes.
L’Etat doit donc créer des valeurs. Son appareil juridique lui en donnera sinon l’illusion du moins la capacité. Et c’est la grande éclosion de la contractualisation des rapports entre personnes.
Sur le plan économique et des relations travail capital, chacun sera son
propre entrepreneur passant un contrat précaire avec un autre entrepreneur
(partage équitable des risques, valorisation illusoire de la compétition de
tous contre tous,)….Chacun est libre de vendre et d’acheter du temps humain
(liberté).
Mais l’Etat doit aussi se soucier de l’intimité même de ses sujets.
Des lois et des projets de loi se multiplient afin de donner une réponse
à des sujets qui revendiquent avoir les mêmes droits que l’ensemble des
citoyens : le mariage homo- sexuel, le transsexualisme, l’adoption par des
parents homosexuels, etc.
D’autres réclament une loi réglementant le droit à disposer librement de
leur propre corps : procréation médicalement assistée, prostitution,
euthanasie, etc. Quelles conséquences subjectives au moment où le désir
devient un droit ? Quel statut donner à ces revendications pour répondre à
un désir singulier : un symptôme, un malaise, un droit ?
Qu’en est-il de cette tension entre désir et droit ? Entre
objets-cause et objets désirés ? Qu’advient-il du désir lorsqu’il devient un
droit ? Ne risque-t-il pas de se trouver prisonnier d’une
injonction légale qui le transformerait en devoir ? Le désir comporte toujours
une dimension d’acte ; la mutation de ce désir en droit en retire une partie.
Le droit touche à la dimension subversive du désir et fait passer une
solution singulière à un principe universel. Or, cet universel ne vise pas un «
pour tous » ou une égalité quelconque mais une inclusion dans un ensemble
commun …de ceux qui sont différents – Paradoxe !
« La grossesse pour autrui est dans
l’air du temps mais à trop vouloir transformer les désirs en droits on en
oublie l’Homme. Il y a des alternatives à la GPA. La recherche scientifique
pour optimiser la fertilité du couple mais aussi et surtout l’adoption qu’il
faut rendre plus aisée. N’oublions jamais que toutes ces manipulations auront
une influence forcément délétère sur l’enfant. Évitons de tomber dans le piège
de la pseudo modernité, évitons de toujours désirer le moins disant éthique.
Respectons l’Homme ! » Bernard Debré Professeur de médecine,
Chirurgien des hôpitaux, Ancien Ministre de la Coopération, Député de Paris,
Conseiller de Paris
« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se
produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et
égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et
vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à
l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et
ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au
demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il
les touche et ne les sent point , il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul,
et, s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de
patrie ».
Alexis de Tocqueville – extrait
« De la démocratie en Amérique » - 1835
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