POURQUOI TANT D'IMPATIENCE ?
Intéressons-nous donc à la
question.
Dans notre société tout nous pousse
à l'impatience, que ce soit dans notre travail ou dans notre vie privée, même
au seuil de notre mort nous nous montrons impatient (mais quand est-ce que cela
va finir?)
L'adjectif « impatient »
nous vient du mot « patire » de son origine grecque « pascho
pathos » qui signifie souffrir, supporter, endurer avec l'idée de patience
et de résignation.
Le mot grec fait référence à
l'éprouvé par rapport à ce qui est de l'ordre du faire et de l'agir.
L'impatience semblerait nous
confronter à une limite qui nous résiste et qui ne dépend pas de notre volonté.
L'impatience n'est-elle pas que
force déchaînée et rage impuissante ? (« patience et longueur de
temps font plus que force ni que rage »- La Fontaine dans le
lion et le rat).
L'impatience bouscule tout et
cette violence de celui qui ne veut pas perdre son temps (ça passe ou ça
casse!) n'est pas si éloignée que cela de l'explosion d'un désir de liberté.
Mais quelles séries causales déterminent ce désir ? Et avons-nous un libre
arbitre en quelque sorte naturel ? Ou s'agit-il de se libérer d'une
situation ?
On pourrait commencer par faire le
procès de l'impatience, ce manque de maîtrise qui semble toujours préférer le
présent à l'incertitude de l'avenir.
Dans notre société, les limites
sont faites pour être transgressées. N'y a t-il pas même une apologie du
dépassement ? Nous sommes sans cesse poussés à nous surpasser. Nous
pourrions penser que notre société confond le présent avec l'absolu dans lequel
chacun se doit d'aller encore plus loin, encore plus vite sous prétexte
d'occulter une réalité décevante, comme si on tentait de nier le temps.
L'homme cultive l'illusion de
pouvoir maintenir une maîtrise constante sur ce qui l'entoure.
Dans l'état d'impatience nous
sommes hors de nous-mêmes. Nous projetons très loin notre énergie, nos pensées,
dans un futur désiré, croyant que nous allons ainsi ramener plus vite ce que
nous espérons.
Pour lutter contre l'impatience,
n'est-il pas possible de revenir au moment présent en observant le réel pour se
libérer par des actes qui lui sont adaptés ? La patience nous donne une
chance d'apprendre plutôt que d'user notre système nerveux à trépigner sur
place. Mais, l'impatience et la patience ne cohabitent-elles pas dans un seul
et même être, pour en faire une personne complète et riche de toutes ses
contradictions ? Ne s'agit-il pas là d'un nécessaire processus
dialectique ? Et serai-il contradictoire d'affirmer que l'impatience est à
la fois une vertu et un vice ?
Pour finir, voici quelques
citations qui vous rendront sans doute impatients de débattre du sujet :
« L'impatient, incapable
de supporter le doute, se hâte de décider au lieu de suspendre son
jugement » Francis Bacon, initiateur de la démarche
philosophico-scientifique aux XVI/XVII èmes siècles.
« L'impatience, qui paraît
une force et une vigueur de l'âme, n'est qu'une faiblesse et une impuissance de
souffrir la peine » Fénelon – XVII/XVIII èmes siècles.
Lorsque nous faisons le choix de
prendre le temps de mûrir notre désir, notre réflexion et notre besoin nous permettons
qu'adviennent le bonheur et la liberté.
Ne soyons donc pas pressés d'être
impatients !...
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