ATTENTION LE CAFE PHILO NE SE TIENDRA PAS MERCREDI MAIS JEUDI !
La philosophie peut-elle conduire à dieu ?
Le monde physique a pu d'abord
inspirer à l'humain de la terreur. Cependant la nature, lui assure aussi son
existence. Comment ne ressentirait-il donc pas à l'égard des dieux, pour leurs
bienfaits, de la reconnaissance et de l'ardeur?
Mais Dieu évoque un besoin tout autre qu’une explication des réalités du
monde. Il se réfère au besoin de transcendance, à notre constat de
l’imperfection de notre capacité de compréhension, à l’évidence de notre
finitude face à l’infini.
Dieu peut être considéré du point
de vue des religions supposées révéler l’homme à lui-même, et de celui de la
philosophie, où l'humain, ne s'aidant que de sa propre raison, fait effort pour
dégager l'idée de Dieu.
Tandis que les religions
polythéistes de l'Antiquité s'arrêtent à
la divinisation des causes secondes de la nature , la philosophie, dès son
berceau, s'efforce de s'élever à la conception d'un être et d'une cause
première.
L'école ionienne d’Anaximène,
d’Anaxagore, et de Thalès de Milet s’engage dans la recherche du principe
matériel de toutes choses. Puis, Socrate donne non seulement sa démonstration
de l'existence de Dieu, mais aussi de sa Providence, action divine en vue d’une
fin. Les péripatéticiens d’Aristote croient s'élever réellement au-dessus de
l'humain, en définissant Dieu par l'intelligence, comme si l'intelligence
n'était pas encore chose humaine.
Platon, lui, considère tantôt Dieu comme l'essence suprême, tantôt il
voit en Dieu la cause du mouvement, l'ordonnateur de la matière réduite au
moindre rôle.
Les épicuriens pensaient que la
forme humaine, étant la plus parfaite, devait appartenir aux dieux qui
possèdent toute perfection, et les stoïciens, intéressés par le savoir des
affaires divines et humaines, se faisaient un Dieu matériel, d'une matière le
plus possible épurée et spiritualisée. Enfin, les néo-platoniciens en vinrent à
concevoir Dieu comme supérieur et à l'intelligence et à l'intelligible.
L'humain cette fois semblait dépassé, et on se flattait d'avoir atteint Dieu.
Dans le monde latin, la pensée de
Saint Augustin est une étape décisive dans la constitution d’une véritable
philosophie chrétienne. Et Anselme, Père de la preuve ontologique déclare
« On ne peut pas penser que Dieu n’existe pas ». A partir du 13ème
siècle, la synthèse de l’aristotélisme et des Pères de l’Église, opérée par
Thomas d'Aquin, guide la destinée
philosophique du christianisme.
Au 17ème siècle,
Descartes inaugure la réflexion libre de
toute autorité religieuse ou politique et la méditation personnelle, pensant,
dans son rationalisme, que tout esprit
bien conduit peut parvenir à la connaissance. Son doute méthodique le conduit à
la pensée de son existence « je pense donc je suis » puis à
l’existence de Dieu, à partir de l’infini qui est en nous. Spinoza lui-même
défend la doctrine du salut par la connaissance de Dieu. Grace l’analyse de
l’âme humaine, des affections et des passions, et par une éducation concrète,
l’individu reconnaîtra en lui-même, au fond de sa pensée, la présence même de
Dieu.
Au 18ème siècle, Kant
pense que le but n’est pas d’étendre notre
connaissance du monde mais d’approfondir la connaissance de l’homme, et
que la loi morale est la possibilité la plus profonde de notre être, conduisant
à la liberté, notre destination véritable. Plus tard, Nietzsche refuse la
morale chrétienne dite « morale d’esclave » et compte faire, avec le
désespoir le plus profond, l’espoir le plus invincible par la volonté et
l’imagination. « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous
qui l'avons tué ! » fait-il dire à l’insensé … « Ne sommes-nous
pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux— ne fût-ce que pour paraître dignes
d'eux ? »
On voit ainsi que l’idée de Dieu
a toujours intéressé les philosophes et qu’ils ont, pour la plupart, multiplié
ce que Kant appellerait les pseudo-preuves de son existence :
-La preuve ontologique initiée
par Anselme : « Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, mais
je crois afin de comprendre », argumentaire destiné à asseoir la foi sur
des raisons philosophique.
-La preuve morale avancée par
Socrate, « les humains ne purent se résigner à mourir entièrement. Ils
pensèrent que leurs ancêtres survivaient, et qu'une récompense dans un autre
monde était réservée à ceux qui l'avaient méritée ».
-La preuve physique, ou
téléologique, de l’histoire humaine en
fonction de son but, de sa finalité. Anaxagore le dit expressément, puis tous
les philosophes, à l'exception des épicuriens, insistent sur les marques d'un
dessein intelligent qui se manifeste dans les choses. La nature doit avoir ses
fins comme l'humanité a les siennes.
-La preuve cosmologique attribuée
à Platon et Aristote où, par un effort d'abstraction, on considère tout le réel
dans sa généralité pure et simple; apparaissant comme chose mobile et
changeante, chose périssable, qui n'a pas en soi la raison de son existence. Il
ne s'explique que par le principe suprême. On l'appellera premier moteur, ou
cause première.
La faiblesse de ces
« preuves » a été mise en lumière par Kant. Si l'on excepte la preuve morale, qui échappa
à la critique du philosophe, le défaut commun des autres est l'emploi
illégitime qu'elles font des principes de notre connaissance :
Comment donc réussira-t-on, dans
la preuve ontologique, à tirer d'une idée une existence? Ou bien l'existence de
Dieu se déduit, de la seule idée de Dieu ; mais c'est qu'on l'a introduite déjà
et supposée dans cette idée; Ou bien l'on s'en tient à l'idée seule de l'être
parfait, et, en la décomposant, on y trouve l'idée de toutes les perfections,
entre autres l'idée de l'existence, mais non pas l'existence elle-même.
De même, dans la preuve
cosmologique, on se sert indûment du principe de causalité. Celui-ci exige que
tout phénomène soit déterminé par un autre phénomène. Or s'il nous permet ou
plutôt nous ordonne de remonter la chaîne d'anneau en anneau, il ne nous autorise
pas à abandonner tout à coup cette chaîne pour nous jeter en plein
suprasensible. Albert Jacquard disait « chaque chose que nous voyons a
nécessairement une origine. Parlant de l’univers, nous en déduisons que lui
aussi a un début, qu’il a donc été créé. Mais nous commettons une erreur
logique consistant à étendre à l’ensemble ce qui est vrai pour chacun des
éléments, car tout objet est créé par l’association d’éléments préexistants. »
alors pourquoi avoir besoin d’un créateur ?
Quant à la preuve de Dieu par la
finalité dans le monde physique, dit
Kant, l'intelligence ordonnatrice, qu'elle nous amène à reconnaître, n'a
pas nécessairement créé le monde. Et un accord entre plusieurs dieux
expliquerait l'ordre en ce monde aussi bien qu'une divinité unique. De plus la finalité n'est pas un principe
scientifique, donc ne peut démontrer ou prouver que Dieu existe.
A défaut de prouver l'existence
de Dieu hors de nous, sommes-nous assurés au moins de son idée en nous-mêmes?
Avons-nous de Dieu une idée bien définie? La philosophie moderne oscille
toujours entre le même besoin de déterminer Dieu, et un sentiment autrement
profond de l'infinité de sa nature.
C'est ainsi qu'on s'embarrasse dans d'inextricables difficultés. Car ou
bien, à force de dépouiller Dieu de tout attribut qui rappellerait l'humain, on
se trouve finalement en face d'un être irreprésentable pour notre esprit, ou
bien ce qu'on lui laisse est toujours emprunté à notre nature humaine.
Toute conception de la divinité
vient donc de l'humain, et se trouve, par cela seul, entachée d'un vice
d'origine. L'esprit humain a été formé
peu à peu sous la seule action des choses. Le monde n'aurait pas été créé pour
répondre aux besoins de l'intelligence humaine; mais cette intelligence,
produite par lui, se serait, comme les autres productions, tant bien que mal
adaptée au milieu. La philosophie , elle-même issue de l’esprit humain n’
aurait-elle pas eu un rôle fondamental dans la construction de Dieu, des croyances et des religions ?
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