« La perte du passé collective ou individuelle
est la plus
grande tragédie humaine. » S. Weil
Sans une conscience intelligible et sensible du passé,
avec prudence et modestie, sans une volonté d'apprendre
concernant l'histoire de ces femmes, ces hommes, leurs vécus, individuels et collectifs,
notre présent ne manque-t-il pas d'éclairages et, quelque
part, d'intensité ?
Collectivement,
sans la conscience du passé, qui ne s'oppose en rien à la densité du présent,
peut-on concevoir un avenir ?
Les erreurs
du passé, elles-mêmes (qui plus est repérées, analysées...) pourraient nous
enseigner, nous permettre d'éviter certains pièges tendus par les pouvoirs et
l'ordre établi.
Karl Marx (1818-1883)
« Celui qui ne connaît
pas l'histoire est condamné à la revivre »
« La perte du
passé, collective ou individuelle, est la plus grande tragédie humaine et nous
avons jeté le nôtre comme un enfant déchire une rose. »
Simone Weil
(1909-1943)
Non-loin
du Pic Saint Loup, nous évoluons, -entre- les chemins, nous longeons le lit
d'une rivière, traversons deux vallées... Quelques parts, des traces visibles,
subtiles, plus ou moins cachées, témoignent d'une réalité :
celle où des
êtres humains ont intensément vécu.
Traces de ces
femmes, ces hommes, vers la fin du Néolithique.
Ici les
vestiges d'importants ateliers où l'on taillait le silex.
Là, des
racloirs pour travailler la peau de quelques gibiers, le bout d'une
« petite flèche à pédoncule et à ailerons en silex », une autre
« flèche déjetée ou asymétrique », un fragment de céramique, façonnés
par les mains de l'Homme, abandonnés dans cet espace, puis retrouvés par ce
regard attentif, entre quelques résidus miniers, sur ces terres, ces étendues,
ces roches si lumineuses...
En face du Pic Saint-Loup, sur les Hauteurs de l’Hortus,
nous apercevons, le Château de Viviourès...Un drone, son pilote, nous
permettent, avec émotions, de percevoir l'acuité d'un espace, à la fois, réel
et fantastique. Témoignage prenant, touchant d'un vécu criant de sens...
Sans
nostalgie, nos pas, nos sens, l'éclairage érudit d'un ami, interrogent notre
capacité à percevoir, la présence d'une vie, dans un
« passé-présent ».
Selon
Jean-Paul Sartre, dans l’Être et le Néant « le passé est en-soi, le présent est pour-soi. ».
Le passé
offre-t-il des signes uniquement en soi ? Plus nous le découvrons, sur des
traces extérieures à nous-mêmes, plus il est capable de nous surprendre.
Sur des
photos dites « du passé », qu'elle, qu'il le veuille ou non, chacune
ou chacun n'est-il pas, secrètement ému, par la mémoire de ses racines ?
Chacune et
chacun, dans son histoire familiale, pourrait mesurer l'importance du lien
entre les générations. Quelque part, la
mémoire, à une plus petite échelle, d'une nécessité vitale et collective, où
l'autre, les autres sont composantes de soi.
Cela, en
dépit d'un monde de plus en plus formaté par un système malade. Il cultive
principalement l'amnésie programmée (comme une obsolescence).
Système basé
sur une forme de -croyance-. Son but : contrôler l'individu dans un
« présent » électrisé, magnétisé, en fuite, parfois même
déraciné ?
Jean
Fourastié (1905-1990) : « L'homme du XXième siècle est comme une
abeille dans un train en marche ».
Qu'en est-il
du XXI ième naissant, avec son jeunisme obsessionnel.
Les jeunes
générations, elles-mêmes, ont-elles la possibilité d'un passé ? Leur
présent n'est-il pas spolié ? Qu'en est-il de leur futur ?
Tendance
« jeuniste » qui façonne, à tous les âges, des comportements
prétendument auto-engendrés.
Elle nie les
racines du passé, tout comme des correspondances, (encore possibles?) entre les
générations.
Elle nie tout
autant, les liens qui touchent à l'histoire -des- civilisations.
Ce que Simone Weil percevait au début du XX
ième siècle, amplifié en ce début de
XXI ième siécle ?
Qu'en est-il
de ces enfants, trop jeunes, trop longtemps exposés à leur tablette numérique,
leur perception déformée par ces outils à la « faveur » d'un monde
virtuel ?
Quelles
incidences concernant la structuration de leur cerveau ?
Au point tel,
que l'on peut s'interroger sur leur perception de la nature, leurs capacités
d'ouverture sur le monde réel. L'histoire de l'humanité ne pourrait-elle pas en
être troublées, altérées ?
Les gourous
pervers d'apple et microsoft,
interdisaient à leurs propres enfants d'utiliser ces tablettes. Pour quelles
raisons ?
Tendance
prétendument « contemporaine » où le dit « sujet » se
positionne en nombril du monde, seul unique.
« bien »
seul au final ?
« Pourquoi
ces rivières soudain, sur les joues qui coulent ?
Dans la
fourmilière, c'est l'ultra moderne solitude » Alain Souchon
Réflexes de
ce sujet, qui, la plupart du temps, se considère quasi, auto-engendré ?
Comportement, de plus en plus courant, dans un monde malade de son
individualisme chronique ?
Drame d'une
époque noyée dans un conditionnement médiatique, où chacun, bien avant de
travailler sur lui (au sens d'étudier, d'assumer le « principe de
réalité »), -veut faire sa star-.
A quelques
exceptions près, tant d'individus auto proclamés « stars » dans leurs
villes, même leurs villages, leurs quartiers...
Conséquences
d'un conditionnement trop répandu, sous le prétexte d'une -communication
médiatique-, son mainstream (« courant dominant », par définition,
aussi obscurantiste que révoltant), sa « société du spectacle » qui
abrutissent tant de cerveaux, infiltrent bien des fondements de la
« vie » publique et sociale.
Pourtant, un
certain nombre d'êtres humains
- anonymes
(pour exemples, Combattants de la Commune de 1791 / Résistants d'un maquis que
l'histoire ne retient pas...),
- plus
célèbres de notre histoire,
ont tenté,
volontairement (et involontairement parfois même), de nous donner ces bases,
les racines et les sources de notre civilisation.
Cela
interroge aujourd'hui, nos capacités, nos responsabilités en résonances historiques,
afin de poursuivre le travail, afin de partager, entreprendre, créer
ensemble...
«L'enracinement »
(1943) de Simone Weil
L'opposition
entre l'avenir et le passé est absurde. l'avenir ne nous apporte rien, ne nous
donne rien : c'est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui
donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder, et nous ne
possédons qu'autre vie, d'autre sève, que les trésors hérités du passé et
digérés, assimilés, recréés par nous. »
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