mardi 18 août 2015

Sujet du Merc. 19/08 : L’humain est-il par ce qu’il fait, ou par ce qu’il pense ?



Qu’est-ce que l’humain ?

Encore un sujet philosophique à portes multiples de toutes les époques : des dialogues de PLATON à ceux de Mark TWAIN, l’on s’efforce peut-être encore et toujours à confronter l’enfant qui s’interroge sur le sens de la vie avec le sage vieillard qui tente d’expliquer qu’il n’a pas existé « pour rien », à l’orée de son existence.
« Être ou ne pas être ? »  Le prince Hamlet est face à sa destinée en tenant le crâne de notre réalité temporelle. Hamlet existe aujourd’hui davantage par l’œuvre que l’on attribue à William SHAKESPEARE, sans pouvoir prouver que cet écrivain soit réel… tout comme Sherlock Holmes est plus connus et semble plus « vrai » que Conan DOYLE.
Alphonse DAUDET dans « Les Lettres de mon moulin », avec « La mort du Dauphin », offre aussi une cruelle version de la vie d’un enfant qui pensait que son titre pouvait lui assurer d’exister.
Les lettres d’ÉPICURE comme celles à un jeune poète de Rainer Maria RILKE ou les « conseils aux jeunes littérateurs » de Charles BAUDELAIRE, nous invitent à « penser » et « créer » pour donner sens à notre existence.
Mais « créer », est-ce « faire » ?
Cela est-il nécessaire ou suffisant pour que nous soyons « humains ?
Naître, vivre et mourir…
Selon Aldous HUXLEY, malgré tout le potentiel prometteur, l’humain serait finalement « le plus sot animal ».
Quelles en sont les raisons ?
La célèbre réflexion de DESCARTES : « je pense donc je suis », est-elle un leurre à nous cantonner dans la pensée, ou nous ouvre-t-elle à d’autres possibles ?
L’humain qui pense, est-il ?
La force de la pensée se suffit-elle pour définir l’humain ?
Les sociétés dites « aristotéliciennes », dominantes depuis un peu plus de deux mille ans sur une grande partie de la planète Terre, semblent imposer une autre doctrine : « le faire ».
C’est un raisonnement simple — imposé généralement — qui invite à l’action : la faim, la peur, le besoin de survivre ou l’illusion d’un monde meilleur pour demain ou pour après la mort, nous force au travail.
C’est bien expliqué par Étienne de La BOÉTIE dans son « discours de la servitude volontaire ».
Les animaux non domestiqué, non asservis, ne travaillent pas… et cependant, ils n’ont pas la capacité intelligible de la technique.
Henri BERGSON se cantonne dans l’idée que l’humain serait moins Homo sapiens qu'Homo faber, en raison de son manque de liberté face à la création et à l’usage qu’il en fait.
La technique devrait naturellement libérer l’humain des contraintes liées à ses besoins… et pourtant, elle l’avilit de plus en plus.
Le travail — ce que l’humain fait — devient la raison d’être de tous les individus d’un système, à l’égal des fourmis, des abeilles ou des termites.
Karl MARX, avec la division du travail et l'avènement des machines, explique que non seulement cela n’a pas libérés davantage l'humain, mais que la division technique du travail provoque une aliénation supplémentaire.
Il y aurait selon PLATON, la Cité idéale où chacun trouve sa place : ceux qui dirigent et ceux qui travaillent… et ceux qui guerroient.
Encore un univers sordide où l’humain « fait », dans l’autorité, dans l’obéissance et dans la destruction.
Des civilisations anciennes, que nous reste-t-il ? Ce ne sont que ruines, parce que d’autres peuples apportant leur suprématie guerrière, ont massacré, pillé, détruit… au lieu d’apprendre de la rencontre.
Pour éviter à l’humain de penser, il y a aussi le principe de l’idée de dieux, avec des vérités instituées, imposant des commandements assurant pour l’être soumis, un paradis mérité. Le marquis de SADE, dans le « Dialogue entre un prêtre et un moribond » tente de nous éviter l’écueil.
L’humain n’est donc pas « encore » un être pensant, comme Blaise PASCAL de MONS le suggère avec son roseau
L’humain est toujours dans le combat… parce qu’il lui est difficile d’accueillir sa capacité créatrice, ce jaillissement si cher à Friedrich SCHELLING.
L’humain est encore dans « La Nausée » où Jean Paul SARTRE invite à la question : le roman que j’ai en idée — « dans ma tête » — existe-t-il ?
Jorge Luis BORGES affirme dans « Fictions » qu’une pensée peut devenir objet, réalité, même issue de notre néant !
Alors, alors, qu’est ce qui réalise l’humain ?
Ce qu’il pense ou ce qu’il fait… est-ce une illusion de notre propre illusion ?
L’humain est peut-être par ce qu’il « aime » !

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