Qu’est-ce que l’humain ?
Encore un sujet philosophique à
portes multiples de toutes les époques : des dialogues de PLATON à ceux de
Mark TWAIN, l’on s’efforce peut-être encore et toujours à confronter l’enfant
qui s’interroge sur le sens de la vie avec le sage vieillard qui tente d’expliquer qu’il n’a pas existé
« pour rien », à l’orée de son existence.
« Être ou ne pas être ? » Le prince Hamlet est face à
sa destinée en tenant le crâne de notre réalité temporelle. Hamlet existe
aujourd’hui davantage par l’œuvre que l’on attribue à William SHAKESPEARE, sans
pouvoir prouver que cet écrivain soit réel… tout comme Sherlock Holmes est plus connus et semble plus « vrai »
que Conan DOYLE.
Alphonse DAUDET dans « Les Lettres de mon moulin », avec
« La mort du Dauphin »,
offre aussi une cruelle version de la vie d’un enfant qui pensait que son titre
pouvait lui assurer d’exister.
Les lettres d’ÉPICURE comme
celles à un jeune poète de Rainer
Maria RILKE ou les « conseils aux
jeunes littérateurs » de Charles BAUDELAIRE, nous invitent à
« penser » et « créer » pour donner sens à notre existence.
Mais « créer », est-ce
« faire » ?
Cela est-il nécessaire ou
suffisant pour que nous soyons « humains ?
Naître, vivre et mourir…
Selon Aldous HUXLEY, malgré tout
le potentiel prometteur, l’humain serait finalement « le plus sot animal ».
Quelles en sont les
raisons ?
La célèbre réflexion de
DESCARTES : « je pense donc je
suis », est-elle un leurre à nous cantonner dans la pensée, ou nous
ouvre-t-elle à d’autres possibles ?
L’humain qui pense, est-il ?
La force de la pensée se
suffit-elle pour définir l’humain ?
Les sociétés dites
« aristotéliciennes », dominantes depuis un peu plus de deux mille
ans sur une grande partie de la planète Terre, semblent imposer une autre
doctrine : « le faire ».
C’est un raisonnement simple —
imposé généralement — qui invite à l’action : la faim, la peur, le besoin
de survivre ou l’illusion d’un monde meilleur pour demain ou pour après la
mort, nous force au travail.
C’est bien expliqué par Étienne
de La BOÉTIE dans son « discours de
la servitude volontaire ».
Les animaux non domestiqué, non
asservis, ne travaillent pas… et cependant, ils n’ont pas la capacité
intelligible de la technique.
Henri BERGSON se cantonne dans
l’idée que l’humain serait moins Homo
sapiens qu'Homo faber, en raison
de son manque de liberté face à la création et à l’usage qu’il en fait.
La technique devrait
naturellement libérer l’humain des contraintes liées à ses besoins… et
pourtant, elle l’avilit de plus en plus.
Le travail — ce que l’humain fait
— devient la raison d’être de tous les individus d’un système, à l’égal des
fourmis, des abeilles ou des termites.
Karl MARX, avec la division du
travail et l'avènement des machines, explique que non seulement cela n’a pas
libérés davantage l'humain, mais que la division technique du travail provoque
une aliénation supplémentaire.
Il y aurait selon PLATON, la Cité idéale où chacun trouve sa
place : ceux qui dirigent et ceux qui travaillent… et ceux qui guerroient.
Encore un univers sordide où
l’humain « fait », dans l’autorité, dans l’obéissance et dans la
destruction.
Des civilisations anciennes, que
nous reste-t-il ? Ce ne sont que ruines, parce que d’autres peuples
apportant leur suprématie guerrière, ont massacré, pillé, détruit… au lieu
d’apprendre de la rencontre.
Pour éviter à l’humain de penser,
il y a aussi le principe de l’idée de dieux, avec des vérités instituées,
imposant des commandements assurant pour l’être soumis, un paradis mérité. Le
marquis de SADE, dans le « Dialogue
entre un prêtre et un moribond » tente de nous éviter l’écueil.
L’humain n’est donc pas
« encore » un être pensant, comme Blaise PASCAL de MONS le suggère
avec son roseau…
L’humain est toujours dans le
combat… parce qu’il lui est difficile d’accueillir sa capacité créatrice, ce jaillissement si cher à Friedrich
SCHELLING.
L’humain est encore dans « La Nausée » où Jean Paul SARTRE
invite à la question : le roman que j’ai en idée — « dans ma
tête » — existe-t-il ?
Jorge Luis BORGES affirme dans
« Fictions » qu’une pensée
peut devenir objet, réalité, même issue de notre néant !
Alors, alors, qu’est ce qui
réalise l’humain ?
Ce qu’il pense ou ce qu’il fait…
est-ce une illusion de notre propre illusion ?
L’humain est peut-être par ce
qu’il « aime » !
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