UN PEUPLE,
EST-CE UNE RICHESSE ?
On définira un peuple de façon
radicalement différente selon qu’on en fait partie ou pas. Vu de l’extérieur,
il est la seule ressource à exploiter. De l’intérieur, il se voit lui-même
comme une entité humaine en devenir qui se construit en permanence à chaque
instant par l’acte commun et volontaire de chacun d’une relation de don de soi
à l’autre et aux autres. Cette
relation permanente est à la fois mutuelle et réciproque. Son enjeu est le bien
commun en tant qu’il s’oppose à la recherche d’intérêts particuliers de classe
ou, plus simplement, personnels. Telles sont les conditions nécessaires à
l’établissement et au maintien dans le temps de toute communauté humaine
authentique. C’est son caractère éminemment politique (Aristote).
A l’extrême opposé, un peuple désigné
par certains comme ressource à exploiter signe leur volonté de sa dissolution
par celle-là même du lien politique de ses membres entre eux. En ce sens, un
peuple non souverain n’est plus. Il signe ainsi sa propre déchéance de
prééminence vitale en reliquat d’objet à exploiter.
A ce titre, l’intitulé du sujet est
explicite en ce qu’il utilise le verbe « être » d’état figé, tout en
l’associant au pronom neutre « ce » qui désigne un peuple comme pur objet
ressource, par opposition à une entité vivante en devenir perpétuel et
reproductible par elle-même. A cet égard, le peuple défini et traité comme
objet est en réalité nié en tant que peuple vivant, alors que précisément c’est
parce qu’il est vivant et humain qu’il est la seule richesse véritable.
En effet, « Il n’y a de richesse que
d’hommes » (Jean Bodin, 16ième siècle). Ce qui signifie que tout ce qui est en
dehors d’eux n’est que ressources diverses qui ne deviennent effectives que si
précisément les hommes les mettent en œuvre à chaque instant puisqu’elles ne
peuvent en effet se réaliser que de cette façon. Pour eux, pour leur bien
commun !
A ce titre, s’approprier la richesse de
vie d’un peuple -- tout en le définissant à son endroit par son contraire
opposé pour l’en convaincre de manière fausse et sophistique comme objet inerte
et ressource morte -- est une imposture absolue qui a été continument perpétrée
avec plus ou moins de bonheur au cours de l’histoire par des maîtres
autoproclamés par coups de force et ruse à l’insu relatif du peuple
volontairement assez ignorant qui, en outre, par nonchalance se laisse berner
et flouer en mettant en sommeil jusqu’à la conscience qu’il devrait avoir de
soi. Il se renie ainsi lui-même et signe sa propre déchéance à l’état de
ressource vivante et reproductible à l’infini qui se livre elle-même à une
exploitation extérieure sans limite. Sauf à enfin se révolter en renversant la
vapeur.
Actuellement à son paroxysme, mais
présent depuis des siècles, l’instrument pacifique mais mortifère de ce
subterfuge n’est-il pas un argent de nature très particulière puisque reproductible
à l’infini en contradiction flagrante avec sa nature d’objet inerte ! Ceci
alors que l’argent devrait au contraire comme à son origine représenter les
valeurs sans cesse régénérées qui lient entre eux les membres d’un peuple pour
faciliter leurs rapports mutuellement réciproques. Mais, actuellement, l’argent
s’est mué en son contraire absolu par l’entremise de gentils organisateurs fort
bien avisés travaillant à leur strict intérêt.
Cet argent-là est aujourd’hui fondé sur
la croyance métaphysique fausse, mais universellement acceptée sans broncher
tant par notre peuple que par ailleurs, que l’objet inerte qu’il est
nécessairement possède simultanément -- par subterfuge, tour de passe-passe et
pure magie (ah, la pensée magique !)-- le pouvoir, parfaitement antinomique à
sa nature, de la vie qui est de se multiplier sans fin par ses propres moyens.
Le prêt d’argent à intérêts composés et sans rémission est l’instrument qui
réalise cette imposture paroxystique et prive un peuple de sa vie et tout bonnement
de son existence même (Solon d’Athènes, Aristote).
Celle-ci lui est comme excisée
jusqu’à la moelle par l’intérêt composé sur l’argent qui par là-même dispose
d’un pouvoir d’autoreproduction infini et ainsi, de purement inerte, acquiert
vie tandis qu’un peuple s’en voit spolié par mise sous perfusion permanente de
sa force vive au profit de quelques exploiteurs parfaitement avisés qui, à cet
effet, s’échinent en outre à promouvoir l’ignorance de ce peuple et la
destruction de la raison (Nietzsche) par mille petits cadeaux empoisonnés de
veulerie populiste.
Philosopher sert-il alors à un peuple à
se dégager de pareille nasse mortifère et à enfin faire peuple qui renaît et se retrouve pour
s’affirmer lui-même libre,
cette fois en connaissance de cause (Spinoza) ?
cette fois en connaissance de cause (Spinoza) ?
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