Le 27 janvier, 50 chefs d'État célébraient le 70e anniversaire de la libération du camp par l'Armée rouge. En l'absence de Vladimir Poutine. Coup de gueule.
Oh, comme je plains mes collègues professeurs d'histoire !
Oh, comme c'est difficile ! Imaginons qu'ils proposent à leurs élèves
d'analyser la belle brochette de chefs d'État recueillis à Auschwitz ce
27 janvier. Belle image pieuse. Et qu'en parallèle ils leur montrent
l'une ou l'autre des photos retouchées par le Kremlin dans les grandes
années, lorsqu'on faisait disparaître des documents officiels, d'un mois
sur l'autre, les dignitaires tombés en disgrâce. Que diraient les
élèves les plus attentifs ? Que l'on a fait disparaître Vladimir Poutine de la photo d'actualité de la même façon que Staline effaçait tel ou tel de ses ex-séides. Et qu'un nouveau totalitarisme est tombé sur l'Europe - à moins que la conclusion des plus perspicaces soit que l'Europe est un nouveau totalitarisme.
La vérité, opportunément rappelée par Le Figaro, c'est qu'Auschwitz fut libéré par la 332e division d'infanterie de l'Armée rouge, appartenant au 1er front d'Ukraine. Comme le souligne Jacques Sapir dans un article éclairant, "un front désigne un groupe d'armées chargé d'opérer sur une direction stratégique. Le 1er front d'Ukraine était le nom du groupe d'armées qui avait combattu en Ukraine et qui, de là, remontait vers la Pologne. Ce n'était nullement une désignation ethnique".
Et les 7 000 survivants du camp, trop exténués pour être évacués par les Allemands, furent soignés et sauvés, tant que faire se pouvait, par des médecins soviétiques.
À vrai dire, s'il y avait des troupes ukrainiennes organisées en tant que telles, à l'époque, c'était dans les rangs nazis. Rien de très étonnant, et encore aujourd'hui les principaux activistes partis à l'assaut de la place Maïdan et récompensés par des portefeuilles ministériels sont d'obédience néonazie. Mais il ne faut pas le dire, cela déplairait à la chancelière.
Parenthèse : quelqu'un a-t-il remarqué que François Hollande ne se donne même plus la peine de rajouter "allemande" lorsqu'il désigne la chancelière Angela Merkel ? Qu'on se le dise : l'Europe a une chancelière, et derrière elle des chefs d'État soumis et obéissants. Comment dit-on "caniche" en allemand ?
Pour mémoire, les Américains ont atteint Bergen-Belsen en avril 1945.
Tout l'ouest de l'Ukraine est peuplé d'Allemands venus s'installer là au XVIIIe siècle - et qui, droit du sang oblige, sont davantage allemands, quand bien même ils ne connaîtraient pas un mot de la langue, que d'honnêtes Turcs de seconde ou troisième génération nés à Berlin. L'Allemagne a toujours plus regardé à l'Est qu'à l'Ouest. Ses intérêts commerciaux sont en Pologne, où elle fait fabriquer ses voitures, et en Ukraine, grenier à blé potentiel des futurs retraités allemands. Et comme mon propre pays vit désormais à l'heure allemande, personne n'a rien dit lorsque le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, tête de jeune énarque de l'Est, a froidement balancé, il y a deux mois, que l'URSS "avait envahi" l'Allemagne nazie : quand on commence dans le révisionnisme et la désinformation, il n'y a pas de raison de s'arrêter.
Sans les Soviétiques, Gdansk s'appellerait toujours Dantzig -- mais ce n'est qu'une question de temps, sans doute. Et je sens que les manuels d'histoire des temps à venir seront aussi révisionnistes que les manuels et les officiels japonais, qui font du viol de Nankin (au moins 500 000 morts) une opération de propagande chinoise -- tout comme d'autres font des attentats du 11 Septembre et du massacre de Charlie des conspirations du Mossad, comme je le rappelais ici même il y a un mois, un mois déjà. "L'histoire, disait Valéry, est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré."
in http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-liberation-d-auschwitz-l-autre-revisionnisme-10-02-2015-1903817_1886.php#xtor=CS3-190
Qui a délivré Auschwitz ?
Le raisonnement du gouvernement polonais (qui a donc eu la bonne idée d'inviter la Pologne en Europe ? Vous ne trouviez pas que la politique agricole commune était déjà bien malade ?) est que ce sont des "troupes ukrainiennes" qui ont délivré Auschwitz. Pas des Russes. On salue bien bas l'énormité du mensonge. Donc le président ukrainien issu d'un coup d'État sera là, le président russe régulièrement élu sera absent. Bon, les Polonais n'ont jamais particulièrement aimé les Russes, c'est une très vieille histoire sur laquelle Gogol a écrit des choses admirables. Mais où la vérité historique est-elle passée dans tout ça ?La vérité, opportunément rappelée par Le Figaro, c'est qu'Auschwitz fut libéré par la 332e division d'infanterie de l'Armée rouge, appartenant au 1er front d'Ukraine. Comme le souligne Jacques Sapir dans un article éclairant, "un front désigne un groupe d'armées chargé d'opérer sur une direction stratégique. Le 1er front d'Ukraine était le nom du groupe d'armées qui avait combattu en Ukraine et qui, de là, remontait vers la Pologne. Ce n'était nullement une désignation ethnique".
Et les 7 000 survivants du camp, trop exténués pour être évacués par les Allemands, furent soignés et sauvés, tant que faire se pouvait, par des médecins soviétiques.
À vrai dire, s'il y avait des troupes ukrainiennes organisées en tant que telles, à l'époque, c'était dans les rangs nazis. Rien de très étonnant, et encore aujourd'hui les principaux activistes partis à l'assaut de la place Maïdan et récompensés par des portefeuilles ministériels sont d'obédience néonazie. Mais il ne faut pas le dire, cela déplairait à la chancelière.
Parenthèse : quelqu'un a-t-il remarqué que François Hollande ne se donne même plus la peine de rajouter "allemande" lorsqu'il désigne la chancelière Angela Merkel ? Qu'on se le dise : l'Europe a une chancelière, et derrière elle des chefs d'État soumis et obéissants. Comment dit-on "caniche" en allemand ?
La petite monnaie de Yalta
Retour à Auschwitz. Les troupes du 1er front d'Ukraine (en l'occurrence la 2e armée de tanks du général Bogdanov) avaient libéré le camp de Maïdanek le 25 juillet 1944. Pour la première fois, par les yeux de Vassili Grossman et de Konstantin Simonov, correspondants de guerre et futurs auteurs de livres essentiels sur la question, le monde découvrait ce qu'avait été la machine totalitaire nazie. Le monde, mais pas les dirigeants occidentaux, fort au fait de ce qui se passait, mais dont l'unique souci, à partir de 1944, fut de presser le débarquement, pas de bombarder le réseau ferré qui alimentait les camps de la mort. Leur problème était d'ouvrir un front à l'Ouest pour ne pas laisser les Soviétiques libérer seuls toute l'Europe. Les juifs exterminés entre 1944 et 1945 ont été la petite monnaie de Yalta.Pour mémoire, les Américains ont atteint Bergen-Belsen en avril 1945.
Mensonge polonais, intérêts allemands
Retour à Jacques Sapir : "Si François Hollande se rend à Auschwitz, dans ces conditions, qu'il sache qu'il salit alors son nom et celui de la France." Ben oui. Mais Kiev vaut bien une messe. Après tout, ce mensonge n'a d'autre but que de persuader l'Europe que l'Ukraine est plus européenne que russe, et que cela vaut bien une petite guerre sur les marches de l'Europe : Angela Merkel ne vient-elle pas d'affirmer qu'il était sans doute trop tôt pour intégrer l'Ukraine dans l'Otan, mais que l'opposition de l'Allemagne n'était pas de principe ni éternelle ?Tout l'ouest de l'Ukraine est peuplé d'Allemands venus s'installer là au XVIIIe siècle - et qui, droit du sang oblige, sont davantage allemands, quand bien même ils ne connaîtraient pas un mot de la langue, que d'honnêtes Turcs de seconde ou troisième génération nés à Berlin. L'Allemagne a toujours plus regardé à l'Est qu'à l'Ouest. Ses intérêts commerciaux sont en Pologne, où elle fait fabriquer ses voitures, et en Ukraine, grenier à blé potentiel des futurs retraités allemands. Et comme mon propre pays vit désormais à l'heure allemande, personne n'a rien dit lorsque le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, tête de jeune énarque de l'Est, a froidement balancé, il y a deux mois, que l'URSS "avait envahi" l'Allemagne nazie : quand on commence dans le révisionnisme et la désinformation, il n'y a pas de raison de s'arrêter.
Propagande
Alors, oui, comme le rapporte Le Point, devant "le portail de la mort" d'Auschwitz II-Birkenau, François Hollande, ainsi que les représentants et dirigeants de 49 pays, a été accueilli par le président polonais Bronislaw Komorowski "en l'absence notable du président russe Vladimir Poutine". Komorowski a bien pu exprimer "respect" et "reconnaissance" aux soldats soviétiques, libérateurs du camp, mais en y glissant une condamnation des "deux totalitarismes" nazi et soviétique". Amalgame, quand tu nous tiens...Sans les Soviétiques, Gdansk s'appellerait toujours Dantzig -- mais ce n'est qu'une question de temps, sans doute. Et je sens que les manuels d'histoire des temps à venir seront aussi révisionnistes que les manuels et les officiels japonais, qui font du viol de Nankin (au moins 500 000 morts) une opération de propagande chinoise -- tout comme d'autres font des attentats du 11 Septembre et du massacre de Charlie des conspirations du Mossad, comme je le rappelais ici même il y a un mois, un mois déjà. "L'histoire, disait Valéry, est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré."
in http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-liberation-d-auschwitz-l-autre-revisionnisme-10-02-2015-1903817_1886.php#xtor=CS3-190
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