LE SENS DE LA VIE
Extrait d’un livre de Jacques Lecomte, Donner
un sens à sa vie, Odile Jacob, 2007 :
« Comme le disait Albert
Camus : Le sens de la vie est la
plus pressante des questions. Ainsi, chacun-e de nous serait appelé-e à
construire pas à pas le sens de sa vie. Ce sens est unique, et nul ne peut
l’imposer à quiconque.
Deux disciplines se sont
particulièrement penchées sur ce thème : la philosophie et la psychologie,
cette dernière apportant des pistes de réponse à des interrogations formulées
depuis des millénaires par des philosophes. En particulier, diverses enquêtes
aboutissent à la conclusion qu’il y a essentiellement trois grandes façons de
donner du sens à sa vie : les relations affectives ; les pensées,
croyances et valeurs ; l’action.
—
Trouver du sens par nos relations affectives
Un couple de chercheurs en psychologie,
Karen L. de Vogler et Peter Ebersole, de l’université d’état de Californie, ont
mené avec leurs collaborateurs une série de recherches sur les facettes de
l’existence qui donnent du sens à celle-ci. Quel que soit l’âge, ce sont
systématiquement les relations interpersonnelles qui arrivent largement en
tête. Les personnes qui jouissent de relations sociales positives trouvent leur
vie plus satisfaisante, sont moins sujettes à la dépression et à d’autres
troubles psychologiques, présentent un taux de suicide moins élevé que celles
qui n’en ont pas et supportent mieux les coups du sort tels que le deuil, le
chômage et la maladie.
—
Trouver du sens dans nos convictions et valeurs
Les philosophes de l’Antiquité étaient
des maîtres de sagesse pratique bien plus que des théoriciens conceptuels, et
leur enseignement visait à aider leurs congénères à s’élever à un niveau de
vertu supérieur. Cette tradition s’est ensuite perdue et la philosophie s’est
progressivement réduite à un ensemble de réflexions théoriques. Aux 19e
et 20e siècles, les courants personnaliste et existentialiste ont
réagi face à cette limitation. Pour leurs partisans, l’enjeu de la philosophie
consiste plus à répondre à la question Comment
vivre ? qu’à élaborer des réflexions théoriques. Pour de nombreuses
personnes, c’est la dimension spirituelle qui répond à leur quête de sens.
Ainsi Léon Tolstoï nous a livré un témoignage impressionnant d’une conversion
individuelle comme réponse à une quête de sens à l’existence. À l’âge de
cinquante ans, parvenu au faite de la gloire, il traverse une douloureuse
période de désespoir qui le mène au bord du suicide. Après une quête
infructueuse dans les sciences et la philosophie, il se tourne vers ces immenses masses d’hommes simples,
ni savants ni riches dont la foi simple le bouleverse profondément et
l’amène à cette certitude : Je
compris que la foi n’était pas seulement le dévoilement des choses invisibles,
ni une révélation (…), ni la relation de l’homme à Dieu (…), mais que la foi
était une connaissance du sens de la vie humaine, grâce à laquelle l’homme
vivait plutôt que de se tuer. La foi était la force de la vie. Tant que l’homme
vit, il doit croire à quelque chose. S’il ne croyait pas qu’il faut vivre pour
quelque chose, il ne vivrait pas.
L’art est également une façon
particulièrement enrichissante de donner du sens à son existence. Ainsi, pour
le sculpteur Auguste Rodin, les œuvres d’art nous arrachent à l’esclavage de la vie pratique et nous ouvrent le
monde enchanté de la contemplation et du rêve. (…)L’art indique aux hommes leur
raison d’être. Il leur révèle le sens de la vie, il les éclaire sur leur
destinée et par conséquent les oriente dans l’existence.
—
Trouver du sens par nos actes
L’engagement dans l’action est la
troisième manière de donner du sens à sa vie. Ainsi, l’activité professionnelle
constitue une source importante de sens pour de nombreux individus. La
sociologue Estelle Morin a demandé à des gestionnaires québécois de lui décrire
un travail qui a du sens. Pour la majorité d’entre eux, il s’agit d’une
activité productive qui mène à quelque chose, une activité intéressante qui
leur fait plaisir, qui les fait se sentir utiles et qui profite aux autres tout
en leur permettant de développer leur potentiel. Inversement, un travail qui n’a
pas de sens est fait de manière inefficiente, ne mène nulle part, ne correspond
pas à leurs besoins ni à leurs intérêts, ou se réalise dans un milieu qui prône
des valeurs qu’ils ne partagent pas. Même les activités apparemment peu
satisfaisantes peuvent être source de sens. Jesper Isaksen a mené une enquête
auprès de trente ouvriers faisant un travail répétitif dans une entreprise de
restauration : préparer les plats froids, emballer les couverts, laver les
plats. Deux chiffres sont éloquents : 82 % de ces employés continueraient à
travailler même s’ils recevaient le même salaire pour rester à la maison et 75
% trouvent du sens à leur travail, par divers moyens ».
Jacques Lecomte nous offre une analyse
intéressante sur sa vision du sens de la
vie, elle est assez proche de celle de Frédéric Lenoir, complémentaire,
dont voici un extrait :
« La question du sens de la vie refait surface en
Occident. Après l’effondrement des grands systèmes religieux et des idéologies
politiques, chacun d’entre nous est renvoyé à lui-même et s’interroge sur ce
qui fait vraiment sens pour lui. C’est sans doute l’une des raisons du
renouveau de la philosophie, du succès du développement personnel et de la
spiritualité. N’oublions pas, cependant, que le simple fait de se poser cette
question est l’apanage des riches, ou du moins de ceux qui n’ont plus à lutter
pour leur survie. Les pauvres ne s’interrogent pas sur le sens de leur
existence. Ils tentent simplement de survivre au jour le jour. Mais ce qui les
aide à vivre, autant que la nourriture qu’ils cherchent quotidiennement, ce
sont les liens familiaux, amicaux, tribaux, communautaires.
L’homme ne peut pas vivre sans
"liens affectifs" au sens large du terme. On le sait pertinemment en
ce qui concerne le bébé. Si personne ne le regarde de manière personnelle, ne
le touche, ne s’intéresse à lui, il dépérit. Si quelque chose, donc, donne
vraiment sens à nos vies, riches ou pauvres, hier ou aujourd’hui, ici ou
ailleurs, c’est l’amour. Toutes les recherches philosophiques ou religieuses
nous laisseront dans une sensation de vide existentiel si notre vie est sans
amour. La vie est viable parce que quelqu’un, ne serait-ce qu’une seule fois,
nous a regardé avec amour ».
Le
sens de la vie…
titre d’un film des Monty Python,
considéré « Meilleure comédie de tous les temps » en 2007… par celles
et ceux qui ont aimé, bien entendu…
Le
sens de la vie,
est-ce se poser des questions ou est-ce ne pas se poser de question ?
Le
sens de la vie,
est-ce chercher soi-même des réponses ou attendre des réponses d’un maître,
d’un politique, d’un père, d’un dieu, et s’en satisfaire ?
Croire, ou ne pas croire ? En des dieux, en une vie éternelle, en une réincarnation, en un
paradis, un enfer… des châtiments et des récompenses… et parier sur tout cela
lorsque l’on est à l’article de la mort comme Blaise Pascal de Mons, ou tout
rejeter comme le fait le moribond du
marquis de Sade ?
Et sur l’origine du monde ? Où se
situe l’univers ? Oui, où sommes-nous et dans quoi ? Avant la vie,
après la vie ? Que veut dire mourir ? Que veut dire vivre ?
Dans le
sens de la vie, il y a la vie !
Le monde où nous pensons vivre nous offre plutôt un espace de
survie ou de sousvie…
Le
sens de la mort
fut donné par la philosophie… d’après Socrate, repris par Michel de
Montaigne : Que philosopher c’est
apprendre à mourir.
La vie est peut-être dans la rencontre
humaine et la découverte du sens de l’amour ?
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