lundi 19 janvier 2015

Sujet du Merc. 21/01 : « Régner est un crime… » Saint Just



« Régner est un crime… » Saint Just

« On ne peut régner innocemment, régner est toujours un crime d'usurpation, de domination et de tyrannie »
Citation de Sophie WAHNICH, Historienne française, qui a repris les grands propos sur la liberté que la Révolution Française de 1789 a fait jaillir… quelques rares instants !

« Régner est un crime »… quelques mots retrouvés dans les discours fleuves d’un jeune aristocrate : Louis Antoine de SAINT-JUST, guillotiné à 26 ans principalement pour avoir voulu, avec Gracchus BABEUF, donner au peuple de quoi manger en ouvrant les finances de l’État, en offrant les ors de la République naissante à celles et ceux qui ont faim…
Ces héros d’un jour étaient des êtres épris de libertés, désirant l’égalité, aspirant à la fraternité !
Mais de SAINT-JUST, les historiens d’État préfèrent se limité à le cantonner dans son élogieux surnom : « L’Archange de la Terreur ».

De SAINT-JUST il faut citer : « On ne peut régner innocemment ».
Et bien entendu : « Un peuple n'a qu'un ennemi dangereux, c'est son gouvernement ».
De BABEUF, rappelons que « Si le peuple est souverain, il doit exercer lui-même tout le plus qu'il peut de souveraineté » sans oublier : « Plus de propriété individuelle des terres, la terre n'est à personne. Nous réclamons, nous voulons la jouissance communale des fruits de la terre : les fruits sont à tout le monde ».

SAINT-JUST et la Terreur ?
« La Terreur », Une très courte époque où certains ont tenté de se libérer de l’autorité… et de rendre le Peuple souverain… pour faire court… ou plus court : il fallait couper les têtes qui veulent s’imposer, affirmer une quelconque autorité en se prétendant légitime, par la force, le vote ou un dieu…
N’est-ce pas plutôt alors l’époque de la « Concorde » ?
Mais la Concorde n’est pas l’unité, le nivellement ou l’assimilation dans le médiocre ou le banal.
La Concorde, c’est l’harmonie !
Se dire « tous citoyens » ne devrait pas « imposer » l’élimination des intellectuels, des artistes ou même des footballeurs… pour se référer aux différentes actions de celles et ceux qui voulaient « plus d’égalités, au Cambodge, en Pologne ou ailleurs…

Rappelons aussi cette phrase d’un bon bourgeois qui aimait les chaises musicales, le juge DUMAS qui s’est plut à dire en 1793 que « La république n’a pas besoin de savants » et de voir plus tard, les hautes instances de la République installer en grandes pompes, Marie et Pierre CURIE au panthéon… entouré de généraux, de maréchaux et autres sanguinaires tyrans…
Le retour à « l’Autorité »… au règne des puissants, d’un Bonaparte général puis Consul qui se fera Napoléon, aux rois, autre empereur et aux présidents anciens et actuels, a entrainé le Peuple dans toujours davantage de guerres et de massacres…

Et la célèbre « Liberté guidant le Peuple » d’Eugène DELACROIX, l’emmène, armes à la main, en chantant « La Marseillaise », vers un abattoir de plus !
Les autorités régnantes, tous en cœur, d’un extrême à l’autre, savent réaliser l’Unité Nationale pour que la guerre soit rassembleur… et que le Peuple se sacrifie…
Tout homme qui prend le pouvoir sur un Peuple, en tant que bon berger civil comme religieux, a nécessairement du sang sur les mains… et tous en chœur, reprenons : « Qu’un sang impur, abreuve nos sillons » !
Mais quelle horreur !

Ce chant « patriotique » nous invite à tuer, à mourir… mais bien entendu, pour une juste cause !

Régner est un crime dès qu’un être a la moindre ascendance sur un autre : c’est le commencement de la soumission imposé par la peur, ou par la ruse…
Mais si régner est un crime, se laisser dominer est une faiblesse que les humains aiment s’octroyer !
La naissance de l’autorité se fait peut-être par accord mutuel ?
Étienne de La BOÉTIE (1530-1563) osa écrire à l’âge de 18 ans son « Discours de la servitude volontaire », mais qui l’a lu?
Usons de quelques citations de cet homme épris de liberté et d’amour, qui va mourir probablement assassiné à 33 ans pour avoir trop aimé Michel de MONTAIGNE (mais les historiens d’État préfèrent dire qu’il est mort d’une maladie soudaine et étrange, peut-être une dysenterie)…
De La BOÉTIE, découvrons : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. (...) s'ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d'esclaves qui leur appartient par nature. » C’est un extrait du « Discours de la servitude volontaire ».
« Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. » osait proclamer cet enfant qui avait eu la chance d’étudier…
HEGEL, dans sa dialectique, savait aussi que celui qui s’accorde à être esclave, se sent parfois maître de son propre bourreau… et SADE s’est penché sur la jouissance que peut procurer l’asservissement, quel qu’il soit.
L’étude, la recherche du savoir nous donne une chance d’évoluer, si nous le souhaitons…
Oui, c’est peut-être par l’étude et la recherche de la connaissance que l’humain peut se libérer de ses chaînes, s’il le souhaite.
Car le Peuple qui défile dans la rue ne demande pas la liberté, il réclame plus de sécurité, plus de pain ou plus de jeu : quelques maillons de plus à ses chaînes qui finalement le rassure.
Pourquoi la connaissance ?
Elle peut se trouver en allant au-delà des institutions étatiques, en s’autorisant à penser par soi-même, en cherchant des magisters à nos côtés, qui nous enseignent et non des dominus qui nous imposent des vérités établies par les politiques ou les religieux.
Nous pouvons étudier alors en suivant la réflexion de PINDARE : « devient ce que tu es quand tu l’aura appris ».
N’avoir « Ni dieu, ni maître »… ne doit pas nous inviter à devenir le dieu ou le maître d’un autre, qu’il soit humain, ou animal…
L’important est d’être en bonne harmonie avec soi-même et la nature, et aimer la rencontre.
Alors, enfin, pour clore ce philopiste, osons l’Évolution avec cette phrase que l’on attribut tantôt à Pierre Victurnien VERGNIAUD, tantôt à La BOÉTIE, tantôt à d’autres êtres éveillés : « si les tyrans nous semblent grands, c’est peut-être que nous sommes trop souvent à genoux devant eux » !


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