Le Care est-il genré ? Est-ce une question ?
TO CARE : se soucier de, faire
ou porter attention à, aimer, chérir, s'occuper de, veiller sur. THE CARE :
traitement, attention, soins infirmiers, souci, prudence, respect, sollicitude.
Le Care
(capacité à prendre soin d’autrui) émerge dans les années 80 avec Carol
Gilligan philosophe, psychologue et féministe américaine, fondatrice de
l’éthique de la sollicitude (ou éthique du care).
Parution de son ouvrage « Une voix différente »en 1982, en lien avec la pensée
de Lawrence Kohlberg et la notion de « Soin mutuel ».
Dans ces
années-là aux États-Unis d'Amérique comme en Grande-Bretagne et suite aux
crises économiques successives, l'état social se défait sous l'influence d'un
régime néolibéral, que ce soit sous Ronald Reagan ou Margaret Thatcher. Le
dénigrement de la politique sociale des conservateurs amorce une lente
progression de la pauvreté. À partir de 1983 aux USA, le fameux rebond
économique invite même à penser le citoyen comme responsable de sa pauvreté.
"Le care implique la
reconnaissance de la nécessité, constater un besoin et évaluer la possibilité
d'y apporter remède. C'est se sentir concerné par le besoin de l'autre". Pascale
Molinier, professeure de psychologie sociale à l’université Sorbonne. (Le
travail du care. La Dispute).
C'est un
comportement éthique, c'est une réflexion sur une conduite des individus en
société, c'est aussi introduire la question du care dans la discussion sur les
politiques sociales et sur l'État- providence. Cette question du care a donné
lieu à de nombreux débats recherches et publications tant en psychologie
éthique, sociologie, sciences du travail, sciences politiques de l'économie
etc. Cette réflexion aussi large que la richesse sémantique du terme care est
totalement liée au concept de vulnérabilité (à ne pas confondre avec la
faiblesse), en revanche elle concerne également la notion de fragilité,
capacité, « capabilité »(capability).
(Le mot de
vulnérabilité a fait son apparition dans un ouvrage de Balzac en 1832).
La
vulnérabilité est donc une évaluation et non un jugement, on désigne ainsi les
personnes comme étant vulnérables (phénoménologie sociale).
Agata
Zielinski, docteure en philosophie (Lecture de Merleau-Ponty et Levinas. Le
corps, le monde, l’autre. PUF). Pierre Goldstein, docteur en philosophie
(Vulnérabilité et autonomie dans la pensée de Martha C. Nussbaum. PUF). Sous
la direction de David Jousset, Jean-Michel Boles, Jean Jouquan (Penser
l'humain vulnérable : de la philosophie au soin. PUR).
Après Rambo,
Rocky, Reagan, la dissolution de l'URSS, la vulnérabilité est remontée en
puissance aux États-Unis d'Amérique suite à l'attentat du 11 septembre 2001. La
vulnérabilité peut atteindre tout individu ou collectivité qui subit une
attaque venue de l'extérieur, qu'il soit blessé ou fragilisé par l’œuvre du
temps et la dégradation inéluctable de son état psycho corporel.
Jean Louis Chrétien, philosophe,
poète et théologien catholique. (Fragilité. Les Éditions de Minuit).
Sandra Laugier
, professeure du langage et de philosophie morale. (Care et perception.
L’éthique comme attention au particulier . Editions EHESS).
Les crises
successives financières (2008) ou sanitaires (covid 2019), guerre d’Ukraine,
endettement, inflation, armement des états, renforcent la notion de fragilité
collective.
Si nous prenons en compte la
définition de la santé par l'OMS, Organisation Mondiale de la Santé qui œuvre
depuis le 7 avril 1948 sous la tutelle de l'ONU, « la santé est un état complet
de bien-être physique mental et social, et ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d'infirmité », au regard de la situation actuelle, le
chantier est colossal !!
Qui fait quoi, comment, avec quels moyens ?
Pourquoi la question du genre en lien avec le concept de
care ?
Si le terme genre est
tout aussi polysémique que le terme care,
il fait sans aucun doute référence aux
différences sociales et culturelles entre hommes et femmes.
GENRE : « se réfère à l'identité personnelle et
sociale d'un individu en tant qu'homme femme ou personne non binaire » (Définition
canadienne du 1er octobre 2021).
La piste serait-elle
étroitement féministe ? Serait-il utile pour la question du care de remettre en
question les stéréotypes liés au féminin et au masculin ?
Est-il question de promouvoir
l'égalité salariale dans les métiers du care actuellement tenus par les femmes
qui démissionnent dans les pays occidentaux pour de bonnes ou de mauvaises
raisons?
Est-il question d'éduquer au
partage des tâches liées au care dans le privé comme dans le public ? Les
théories de la morale naturaliste sont-elles rassurantes ? Question de justice,
d’éthique, d’urgence face aux besoins grandissants de notre société ? … Tous
vulnérables !?
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