dimanche 2 juillet 2023

Sujet du Merc. 5 Juil. 2023 : Le Care est-il genré ? Est-ce une question ?

                                    Le Care est-il genré ? Est-ce une question ?

TO CARE : se soucier de, faire ou porter attention à, aimer, chérir, s'occuper de, veiller sur. THE CARE : traitement, attention, soins infirmiers, souci, prudence, respect, sollicitude.

 

Le Care (capacité à prendre soin d’autrui) émerge dans les années 80 avec Carol Gilligan philosophe, psychologue et féministe américaine, fondatrice de l’éthique de la sollicitude (ou éthique du care). Parution de son ouvrage « Une voix différente »en 1982, en lien avec la pensée de Lawrence Kohlberg et la notion de « Soin mutuel ».

Dans ces années-là aux États-Unis d'Amérique comme en Grande-Bretagne et suite aux crises économiques successives, l'état social se défait sous l'influence d'un régime néolibéral, que ce soit sous Ronald Reagan ou Margaret Thatcher. Le dénigrement de la politique sociale des conservateurs amorce une lente progression de la pauvreté. À partir de 1983 aux USA, le fameux rebond économique invite même à penser le citoyen comme responsable de sa pauvreté.

 "En portant l'attention sur ce « prendre soin », ce souci des autres, l'éthique du care pose la question du lien social différemment : Carol Gilligan met au cœur de nos relations la vulnérabilité, la dépendance et l'interdépendance. Elle rend ainsi audible la voix des fragiles et met en garde contre les dérives conjointement marchandes et bureaucratiques de nos sociétés néolibérales ". Fabienne Brugère, philosophe. (L'éthique du care. PUF).

 

"Le care implique la reconnaissance de la nécessité, constater un besoin et évaluer la possibilité d'y apporter remède. C'est se sentir concerné par le besoin de l'autre". Pascale Molinier, professeure de psychologie sociale à l’université Sorbonne. (Le travail du care. La Dispute).

C'est un comportement éthique, c'est une réflexion sur une conduite des individus en société, c'est aussi introduire la question du care dans la discussion sur les politiques sociales et sur l'État- providence. Cette question du care a donné lieu à de nombreux débats recherches et publications tant en psychologie éthique, sociologie, sciences du travail, sciences politiques de l'économie etc. Cette réflexion aussi large que la richesse sémantique du terme care est totalement liée au concept de vulnérabilité (à ne pas confondre avec la faiblesse), en revanche elle concerne également la notion de fragilité, capacité, « capabilité »(capability).

(Le mot de vulnérabilité a fait son apparition dans un ouvrage de Balzac en 1832).

 Ces questions firent leur entrée dans les années 2000 en France dans le milieu universitaire, puis en 2010 en politique lors du discours de Martine Aubry.(Projet de société du soin mutuel, discours du 2 avril 2010 assez mal compris apparemment).

La vulnérabilité est donc une évaluation et non un jugement, on désigne ainsi les personnes comme étant vulnérables (phénoménologie sociale).

Agata Zielinski, docteure en philosophie (Lecture de Merleau-Ponty et Levinas. Le corps, le monde, l’autre. PUF). Pierre Goldstein, docteur en philosophie (Vulnérabilité et autonomie dans la pensée de Martha C. Nussbaum. PUF). Sous la direction de David Jousset, Jean-Michel Boles, Jean Jouquan (Penser l'humain vulnérable : de la philosophie au soin. PUR).

 

Après Rambo, Rocky, Reagan, la dissolution de l'URSS, la vulnérabilité est remontée en puissance aux États-Unis d'Amérique suite à l'attentat du 11 septembre 2001. La vulnérabilité peut atteindre tout individu ou collectivité qui subit une attaque venue de l'extérieur, qu'il soit blessé ou fragilisé par l’œuvre du temps et la dégradation inéluctable de son état psycho corporel.

Jean Louis Chrétien, philosophe, poète et théologien catholique. (Fragilité. Les Éditions de Minuit).

Sandra Laugier , professeure du langage et de philosophie morale. (Care et perception. L’éthique comme attention au particulier . Editions EHESS).

Les crises successives financières (2008) ou sanitaires (covid 2019), guerre d’Ukraine, endettement, inflation, armement des états, renforcent la notion de fragilité collective.


Si nous prenons en compte la définition de la santé par l'OMS, Organisation Mondiale de la Santé qui œuvre depuis le 7 avril 1948 sous la tutelle de l'ONU, « la santé est un état complet de bien-être physique mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité », au regard de la situation actuelle, le chantier est colossal !!
                          Qui fait quoi, comment, avec quels moyens ?

Pourquoi la question du genre en lien avec le concept de care ?

Si le terme genre est tout aussi polysémique que le terme care, il fait sans aucun doute référence  aux différences sociales et culturelles entre hommes et femmes.

GENRE : « se réfère à l'identité personnelle et sociale d'un individu en tant qu'homme femme ou personne non binaire » (Définition canadienne du 1er octobre 2021).

La piste serait-elle étroitement féministe ? Serait-il utile pour la question du care de remettre en question les stéréotypes liés au féminin et au masculin ?

Est-il question de promouvoir l'égalité salariale dans les métiers du care actuellement tenus par les femmes qui démissionnent dans les pays occidentaux pour de bonnes ou de mauvaises raisons?

Est-il question d'éduquer au partage des tâches liées au care dans le privé comme dans le public ? Les théories de la morale naturaliste sont-elles rassurantes ? Question de justice, d’éthique, d’urgence face aux besoins grandissants de notre société ? … Tous vulnérables !?

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