Les médias sont-ils aux ordres des capitalistes ?
Dès
la fin du XIX siècle, la presse est critiquée pour sa soumission aux
« puissances d’argent » et sa vénalité, notamment en raison des
affaires de corruption et du contrôle de capitaux de nombreuses entreprises de
presse par les industriels et financiers.
Comme
tous les marchés, la presse se concentre entre les mains de quelques-uns, dans
un mouvement qui s’est accéléré depuis 2010.
Ainsi
en France, 10 milliardaires possèdent quasiment toute la presse :
Bouygues, Xavier Niel, Dassault, Bernard Arnault, Bolloré, Pierre Bergé,
Patrick Drahi, François Pinault, Matthieu Pigasse et Lagardère.
De même, la
majorité des titres de presse régionale et magazine appartiennent à deux
fabricants d’armes :Lagardère (via Hachette) et Dassault (via Socpresse ).
Il
n’y a donc plus en France « d’indépendants » , à l’exception du
group NRJ ou encore des titres comme Mediapart et le Canard enchaîné.
Ces
grands groupes achètent des journaux pour se faire une bonne image, la question
est : est ce qu’ils ont l’intention d’intervenir dans la ligne éditoriale
et pour quelle influence ?
Et
ce sont principalement les grands groupes qui bénéficient des aides publiques à
la presse. En effet dans le cas des aides directes, les milliardaires profitent
des aides les plus colossales (chiffre 2014)
« Le
Figaro » ( groupe Serge Dassault) a bénéficié de 15,2 millions d’euros,
Tandis qu’ « aujourd’hui en France »( Bernard Arnault) obtenait 14
millions et « Le Monde » (Niel, Pigasse et Bergé) 13,1 millions .
Et
pourtant dans les valeurs de la démocratie la liberté d’opinion implique une liberté
d’expression qui est revendiquée par des journalistes qui, pour beaucoup, était
considérée comme un combat politique.
D’un
point de vue rationnel le journaliste va recueillir ou rechercher des faits
pour transmettre une information qu’il devra présenter avec objectivité et
cohérence. Normalement ce rôle d’information doit faire preuve de la plus
grande neutralité. L’éditorial est la seule rubrique où le journaliste, mais également
toute la rédaction va interpréter l’actualité avec un parti pris et un
engagement qui donnera la personnalité et une opinion autorisée au journal.
« Les
médias sont le quatrième pouvoir » est une expression qui désigne la
possibilité à un journaliste en dénonçant un scandale de modifier un
gouvernement ou de renverser le pouvoir. (Watergate, Affaire François Fillon )
Il
existe une autre manière de voir les choses, il y a un soft power beaucoup plus
fréquent et intense que ces exemples extrêmes. Car ce sont les médias qui nous
donnent notre vision du monde à partir de laquelle la réalité est analysée,
notre perception de l’environnement économique, social, culturel, politique et
notre approche des problèmes contemporains. Certain peuvent prétendre que c’est
le pouvoir ultime car ils sont capables de nous dire ce qui est juste ou
injuste, voire même ce qu’il faut penser ou ne pas penser ou de nous détourner
d’une réalité sensible.
Oui
je vais très loin, donc récapitulons, qu’est-ce que le pouvoir ?
Nos
belles démocraties sont bien dirigées par un exécutif et tout un appareil complexe
de représentants élus censés représenter les courants d’opinions de la société.
Mais force est de constater malgré la sophistication de nos républiques il n’y
a jamais de satisfaction parfaite des citoyens.
Il
y a surtout quasiment une majorité d’individus dans une grande déception sur
l’efficacité politique et les attentes qu’ils ont de la société. Cette
insatisfaction va être à la fois alimentée et subie à travers la représentation
que nous donnent les journalistes.
Dans
tous les journaux que j’ai cités plus haut, on aura pourtant tout le spectre
idéologique de la presse d’opinion que l’on peut attendre. Mais malgré ça, il y
aura toujours pour beaucoup une grande part d’insatisfaction et de frustration
sur des évènements quant à leurs explications.
Sans
même chercher à dénoncer des esprits conspirationnistes (on nous cache des
trucs) l’ensemble des questions plus ou moins légitimes qui vont rester sans
réponses sont importantes. (Pauvreté, manque de logements, chômage,
disfonctionnement des services publics…..).
Mais
doit-on chercher une logique où la presse étant la propriété de capitalistes
serait obligée de défendre les intérêts de leurs propriétaires ou du système,
là est la question ?
Y
a-t-il un méga conflit d’intérêt de cette presse qui financièrement est
dépendante de leurs propriétaires qui les empêcheraient de critiquer le
système ?
Posons
la question autrement, doit on s’étonner que la majorité des médias défendent
globalement le système et ne sont pas en contestation frontale avec l’économie
de marché tout en acceptant le jeu démocratique ?
Il
y a un élément qui permet de vérifier s’il y a une différence de traitement
d’information, ce sera grâce aux médias qui dépendent entièrement du secteur
public qui sont : France inter, France Culture, RFI et pour la télévision
France 2, France 3, France 5 et Arte. Or on n’a jamais vu la moindre différence
significative autre que les différences de ligne éditoriale affichée et
revendiquée. Car des journaux comme Le Monde, Libération créé par Jean Paul
Sartre, Télérama n’ont jamais caché leur idéologie progressiste.
Concrètement
quand Total publie son bénéfice ou que l’ONG Oxfam publie son rapport sur
l’accroissement des inégalités, avec des chiffres assez contestables chaque
journal traita ses informations de manière extrêmement prévisible avec un
esprit critique très convenu.
Mais
tout ça c’était avant le choc apporté par Bolloré.
En
2017 Bolloré décide quasiment de faire avec CNEWS la première chaine d’opinion
clairement de droite en France. Le phénomène viendrait confirmer la neutralité
et la soumission à un politiquement correct confortable des autres supports qui
représentait une norme précédemment respectée.
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