« Ce qui est rationnel est réel, ce
qui est réel est rationnel » Hegel
« La philosophie, précisément parce qu'elle
est la découverte du rationnel, est aussi du même coup la compréhension du
présent et du réel, et non la construction d'un au-delà qui serait Dieu sait où
- ou plutôt dont on peut dire où il se trouve, c'est-à-dire dans l'erreur d'une
façon de raisonner partielle et vide [...]. Ce qui est rationnel est réel, Ce
qui est réel est rationnel. C'est là la conviction de toute conscience non
prévenue, comme la philosophie, et c'est à partir de là que celle-ci aborde
l'étude du monde de l'esprit comme celui de la nature. Si la réflexion, ou le
sentiment ou quelque autre forme que ce soit de la subjectivité consciente
considèrent le présent comme vain, se situent au-delà de lui et croient en
savoir plus long que lui, ils ne porteront que sur ce qui est vain et, parce
que la conscience n'a de réalité que dans le présent, elle ne sera alors
elle-même que vanité. »
Cette affirmation doit être
comprise à la lueur de l'idée hégélienne de l'Absolu, qui, en dernière analyse,
doit être conçue comme pure pensée, ou Esprit, ou intelligence, dans le
processus d'auto-développement.
La logique qui régit ce processus
de déploiement est la dialectique. La méthode dialectique implique l'idée que
le mouvement, ou processus, ou progrès est le résultat d'une lutte des
contraires. Cette dimension de la pensée hégélienne a traditionnellement été
analysée par les catégories de thèse, antithèse, synthèse. Bien que Hegel ait
lui-même évité ces termes, ils sont utiles pour comprendre le concept de
dialectique. Ainsi, la thèse pourrait-elle être une idée ou un mouvement
historique. Idée ou mouvement qui renferment un certain inachèvement, lequel
donne naissance à son opposé, ou antithèse, idée ou mouvement contradictoires.
De ce conflit naît un troisième point de vue, ou synthèse, qui surmonte le
conflit en réconciliant à un niveau supérieur la vérité contenue à la fois dans
la thèse et l'antithèse. Cette synthèse devient à son tour une thèse qui génère
une nouvelle antithèse, donnant lieu à une autre synthèse, et c'est sur ce mode
que se déploie continuellement le processus du développement intellectuel ou
historique. Hegel pensait que l'Esprit absolu lui-même (en d'autres termes, la
totalité du réel) se développe selon cette logique dialectique vers un but
ultime ou une destination.
C'est pourquoi
Hegel comprenait la réalité comme le processus dialectique d'auto-développement
de l'Absolu. Au cours de ce développement, l'Absolu se manifeste d'abord dans
la nature, puis dans l'histoire humaine
Par ses
analyses de la nature de l'Esprit absolu, Hegel a fait d'importantes
contributions dans différents domaines de la philosophie, notamment dans celui
de la philosophie de l'histoire et de l'ordre éthique. En ce qui concerne
l'histoire, ses deux concepts clés sont raison et liberté. «La seule idée», affirmait
Hegel «que la philosophie apporte…à l'étude de l'histoire est la simple idée de
raison — l'idée que la raison gouverne le monde et que par conséquent
l'histoire universelle s'est elle aussi déroulée rationnellement». En tant que
processus rationnel, l'Histoire est la description du développement de la
liberté humaine, car l'Histoire humaine est le progrès vers toujours plus de
liberté. Dans les réflexions de Hegel sur la moralité (Moralität) et sur
l'ordre éthique (Sittlichkeit) que sont exprimées le plus clairement ses vues
sociales et politiques. Au niveau de la moralité, le bon et le mauvais relèvent
de la conscience individuelle. Mais de là, il faut, selon Hegel, passer au
niveau de l'ordre éthique, car le devoir ne ressortit pas avant tout au jugement
individuel. Les individus n'atteignent la plénitude qu'au cœur des relations
sociales. Aussi, le seul contexte dans lequel le devoir puisse réellement
exister est-il un contexte social. Hegel considérait l'adhésion à l'État comme
un des plus hauts devoirs de l'individu. Idéalement, l'État est la
manifestation de la volonté générale, qui est la plus haute expression de
l'esprit éthique. L'obédience à cette volonté générale est l'acte d'un individu
libre et rationnel. Si Hegel apparaît conservateur, il sanctionnait toutefois
le totalitarisme et affirmait que toute réduction de la liberté opérée par un
État est moralement inacceptable
À sa mort,
Hegel était reconnu comme le philosophe majeur de l'époque en Allemagne. Ses
conceptions dominaient l'enseignement et ses élèves jouissaient d'une grande
considération. En politique, nombre d'entre eux devinrent des révolutionnaires.
Ce groupe de l'aile gauche hégélienne, historiquement très important,
comprenait Ludwig Feuerbach, Bruno Bauer, Friedrich Engels et Karl Marx. Engels
et Marx furent particulièrement influencés par l'idée hégélienne du mouvement
dialectique de l'histoire, mais ils remplacèrent l'idéalisme philosophique de
Hegel par le matérialisme.
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