lundi 5 septembre 2022

Sujet du Merc. 07 Septembre 2022 : QUE FAIRE À PART ÊTRE ?

 QUE FAIRE À PART ÊTRE ?


Avant tout traitement de ce sujet il faudra au préalable déblayer rapidement le terrain. Il sera en effet nécessaire de faire un sort à un pan de la philosophie idéaliste (Idéaliste : qui donne une prééminence de l'esprit sur la matière), dont le représentant le plus éminent est Berkeley et son fameux "raisonnement" qui aboutit au non moins fameux solipsisme (enlevons les propriétés des choses observées - goût, couleur, forme, etc…. et nous pouvons alors en conclure qu'elles n'existent pas ! * --- Mais Mr Berkeley existe-t-il ?).

 

Nous poserons donc que nous sommes. Que les divers objets ou être qui nous entourent, sont. De même que les productions que sont nos pensées sont. Mais qu'il est nécessaire, en préalable, d'être.

Être, somme toute, est assez facile. Nous accédons au monde et par des processus naturels et culturels, nous parvenons à l'existence qui, pour les hommes s'adjoint un attribut : la conscience de soi. Jusque là rien de bien compliqué. Mais que faire de cette existence. Que faire à part être ? Les animaux ou les végétaux ne se posent pas cette question. Les hommes eux se la posent. Diverses solutions ont été et nous sont proposées. Nous sommes,
 alors :

Méditons sur la mort ; quel sens à la vie (a la vie) ?; occupons nous de la cité, soyons égoïstes, aidons notre prochain …. La liste pourrait être longue d'injonctions, de conseils, de recettes …. pour "être". Mais toutes ces définitions ont en commun de considérer l'homme en tant qu'individu, en tant que monade isolée.

 

Il faudra attendre Hegel pour qu'avec force soit déclaré :   
" L'association en tant que telle est elle-même le vrai contenu et le vrai but et la destination des individus est de mener une vie collective ; et leurs autres satisfactions, leur activité et les modalités de leur conduite ont cet acte substantiel et universel comme point de départ et comme résultat " Hegel, Principes de la philosophie du droit.

L'essence de l'homme ne pourrait donc se réaliser pleinement que par une "vie collective" et cet "acte substantiel" serait à considérer comme un "point de départ et un résultat"

 

Ainsi Hegel définit un point supplémentaire, heurtant de front la philosophie classique pour laquelle la conscience de soi était le pivot de tout autre manifestation de l'être, celui de son inclusion dans une collectivité. Certes Aristote nous avait dit que l'homme était un "animal politique", mais il n'avait pas vu ce que Hegel révèle de manière pertinente, la question du "point de départ et un résultat".

Qu'apporte donc Hegel à la philosophie qui modifie de manière irréversible la conception - que nous pouvons désormais aborder sous un autre angle - de l'essence humaine ? Certainement la perception dialectique des phénomènes.

On pourrait résumer cette méthode d'analyse de la manière suivante :

-        La vie collective est le point de départ de l'essence humaine

-        Est simultanément elle en est le résultat

 

Pas d'homme sans collectivité et réciproquement pas de collectivité sans homme. L'interaction est permanente c'est ce qu'on appellera un processus. Hegel rompt ici complètement avec les catégories figées et dogmatiques de la philosophie classique qui auraient séparé : l'homme - la collectivité - le point de départ - le résultat.

Un autre philosophe, Moses Hess, reprendra cette conception en l'appliquant au domaine de la liberté.

"Si réellement l'individu correspond à son concept, en d'autres termes, si l'homme est réellement ce qu'il doit être selon son essence, alors la liberté individuelle ne se distingue pas de la liberté générale ; car l'homme véritable vit seulement la vie de l'espèce et ne sépare pas son existence individuelle, particulière, de l'existence générale" Gazette rhénane, 17 mai 1842.

 

Voilà qui nous écarte radicalement des théories hédonistes ou nombrilistes, et qui remet en cause l'aspect infernal que Sartre croyait voir dans les "autres". Mais n'est ce qu'une question de point de vue ? Sommes-nous sans les autres ? Et que pouvons nous faire (agir) à part être (faire)… avec les autres ?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

1 - Tout commentaire anonyme (sans mail valide) sera refusé.
2 - Avant éventuelle publication votre message devra être validé par un modérateur.

Sujet du Merc.27/03/2024 : PEUT - ON SE PASSER DE SPINOZA ?

         PEUT - ON SE PASSER DE SPINOZA ? Ce texte est contre-intuitif et peut passer pour une vanne. Mais non, blague à part, il est une ...