EST CE QUE ÇA CHANGE ?
Mots et concepts connexes : finalité-finalisme,
relativité-relativisme, monisme-dualisme-pluralisme, etc.
Attention, il s'agit là sans doute de
la question philosophique qui nous détermine au fond, même si c'est souvent à
notre insu. Par l'indéfini du "ça" de l’intitulé on signifie Monde,
Univers, Tout : le Tout de toutes les choses qui existent. (L’utilisation de
majuscules souligne le caractère idéaliste de ces mots, notions et concepts.)
Cela dit nous pouvons démarrer.
L'intitulé du texte est déroutant. Il
suggère le contraire de l'évidence pour des Européens comme nous construits et
formatés par trois millénaires de monothéisme et de philosophie idéaliste,
spiritualiste et anti matérialiste. Cette situation a des conséquences pratiques
radicales. Par exemple, bien que nous constations que tout change sans cesse
autour de nous, souvent nous souhaitons et affirmons le contraire. Cela
contredit le fait logique relevé par Parménide et les Eléates qu’ "une
chose ne peut pas être et ne pas être" ou, en même temps, être et être son
contraire.
Ce constructivisme ancien est à
l'opposé de la déconstruction actuelle qui, néanmoins, lui reste intimement liée
comme l'est l'indispensable contraire de toute chose. Cette évolution a conduit
au relativisme qui débouche sur une forme de nihilisme par lequel le plus fort
peut prendre le pouvoir et en abuser sans limite. Entre constructivisme et
déconstruction, l'un et l'autre constituant une même illusion trompeuse, il y a
un réalisme matérialiste pluraliste tenant compte de l'évolution des choses.
Voyons cela.
Les Grecs anciens se posaient sans
cesse la question lancinante du changement et cela jusqu'à de nombreux
philosophes actuels. Ce questionnement a historiquement séparé les philosophes
en deux groupes. Nous en sommes les héritiers au quotidien quand nous pouvons
affirmer tout et son contraire, croire que tout est permanent et à la fois
changeant ! Par exemple, se dire athée tout en croyant à un Principe explicatif
directeur.
Une petite balade philosophique avec
Markus Gabriel dans "Warung es die Welt nicht gibt ?" (2013), mais en
version française, aidera à le comprendre *.
Là est le fondement des monothéismes,
idéologies et fanatismes, tyrannies et autres affabulations, manipulations
mentales et propagandes. En voici quelques exemples concrets actuels : la
psychanalyse qui sabote les cœurs et les esprits, la propagande de pandémies et
de guerres dont la vérité est la première victime, la science de l'écologie
retournée en fanatisme religieux. Ou encore le dogme du consumérisme
pulsionnel, celui du capitalisme de l'individu-roi incité sans cesse à se
berner lui-même comme Narcisse, celui de la réification humaine quotidienne.
Bref, ce sont là les effets de l'imposition constante et conjointe du
constructivisme et de son inaliénable associée, la déconstruction philosophique
des esprits comme participant tous deux d’une même illusion idéaliste.
La simplicité d'un réalisme
matérialiste, pluraliste et évolutif admettant la réalité des changements
serait sans doute plus proche des choses réelles.
* "Pourquoi le monde n'existe pas
?" (Biblio essais, Le Livre de Poche). Il faut entendre " comment s'y
prendre pour comprendre que le concept monde est creux". Dire que le monde
existe est une vue de l'esprit et associer cette croyance à l'affirmation que
tout change est absurde. Même si la majorité d'entre nous n'arrête pas sans
cesse d'affirmer chaque jour et dans un même souffle que ces deux propositions,
bien que parfaitement contradictoires et incompatibles, soient conjointement
acceptables.
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