L’écologie est elle une science
L’écologie est à la croisée des
chemins entre les sciences de la vie, les sciences de la Terre et les sciences
de la société. L’écologie devrait être donc une science de synthèse qui, de ce
fait, est plus complexe que ce que beaucoup imaginent.
Une idée fausse est, en
particulier, celle qui s’appuie sur les notions d’ordre et d’équilibre naturels
des écosystèmes qui elles-mêmes sont des réminiscences de créationnisme, de
dessein intelligent voire de malthusianisme et, en tout cas, de
conservatisme.
Les écosystèmes sont en évolution
permanente et suivent des trajectoires, non des modifications réversibles ou
des cycles. Ceci implique que la recherche d’un Éden perdu et d’une nature
pure, inviolée, est totalement illusoire mais aussi que les modifications des
écosystèmes, quelles que soient les directions suivies, ne sont pas imputables
aux activités humaines autant que certains le prétendent.
Il est de ce fait irréaliste
d’imaginer que des écologues ont le pouvoir de restaurer à l’identique un
écosystème dégradé. Tout ce qu’on peut obtenir, c’est de recréer de la nature
dans un lieu donné mais non la nature dans son état antérieur. Un état
antérieur stable est lui-même une notion fausse car tous les états sont par
essence transitoires et se modifient sans but perceptible. Beaucoup de citoyens
ne réalisent pas que la plupart des écosystèmes, en Europe en tout cas, peuplée
depuis longtemps par des agriculteurs, ont été modifiés de manière notable via
une co-construction et une co-évolution de l’homme et de la nature.
Les écosystèmes que l’on observe ont été et sont encore le plus souvent construits pour répondre à des demandes de la société et non l’inverse.
Les écosystèmes que l’on observe ont été et sont encore le plus souvent construits pour répondre à des demandes de la société et non l’inverse.
L’étude des écosystèmes est donc
particulièrement malaisée. Les chercheurs sont contraints d’agir avec empirisme
et de se livrer à des pratiques que l’on peut qualifier de bricolage. Cette
stratégie est plus ou moins gratifiante pour les opérateurs qui se réfugient
souvent dans des investigations qui ont peu de chance de bien répondre aux
questions posées.
L’étude des écosystèmes se
cantonne trop souvent à des inventaires comparatifs de la flore et de la faune
en négligeant exagérément les microorganismes dont les impacts sont pourtant
décisifs. Les chercheurs dans le domaine sont tentés de privilégier
excessivement la construction de modèles mathématiques sur des données
primaires trop rares ou de qualité insuffisante.
La collecte de données sur le
terrain est par trop délaissée, le confort des bureaux étant meilleur que celui
du terrain. Plus sérieusement, peut-être, bon nombre d’écologues sont, comme
bien d’autres, soumis au terrorisme du facteur d’impact de leurs publications.
Là comme ailleurs, les chercheurs
tendent à être plus productifs que créatifs.
L’écologie, qui ne peut se
comprendre et agir que sur le temps long, ne peut se satisfaire de telles
pratiques. Les luttes de pouvoir et les querelles de clochers nuisent à la
productivité des laboratoires qui, par ailleurs, pâtissent plus que d’autres
secteurs de la recherche publique d’un sous-équipement en gros matériels.
À cela, il faut ajouter que
l’écologie, à son corps défendant, est au cœur de préoccupations de la société.
Ceci expose ce domaine de la recherche aux effets de mode et au pouvoir des
médias. Les écologues ne parviennent pas toujours à éviter les pièges
idéologiques tendus par diverses ONG. Celles-ci auraient tendance à nous
présenter une nature bienveillante pour l’homme alors que la préhistoire
témoigne d’une volonté inverse depuis 300 000 ans précisément de s’extraire de
son état de nature.
L’agriculture qui apparaît il y a
12 000 ans donc très récemment, n’est pas naturelle mais bien une opportunité
de maîtriser et d’exploiter la nature, où rapidement des évolutions de
sélections et de boutures seront particulièrement interventionnistes dans sa
réalisation.
Il n’y a pas plus réactionnaire
que la tendance politique que l’on nous présente à longueur de reportages tous
les soirs qui consiste à être nostalgique d’une époque qui n’a jamais existé.
Mais ma conclusion est la
suivante :
je souhaite que l’écologie
devienne une vrai science sans parti-pris idéologique alors que tous les jours
elle s’en éloigne pour devenir uniquement un argument à spectre large pour
critiquer et condamner le capitalisme.
Mais également un instrument de
culpabilité utilisé par le pouvoir pour exister et reconstruire une légitimité
très fragile.
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