Un autre système de société est-il possible ?
De nos jours la moindre velléité de progrès social, est suspecte. L'on voit se pointer les qualificatifs d'utopiste" ou d'"irréaliste", au mieux, archaïque au plus. Les Penseurs du véritable progrès social sont présentés comme des tenants de "vieux schémas". Les acquis sociaux, issus de longues luttes séculaires, et dont toute la Société bénéficie, sont "ringardisés" et présentés comme des privilèges, et non plus des droits. L'emploi est devenu une faveur, alors qu'il s'agit d'un droit imprescriptible.
Un discours dominant culpabilise le chômeur,
coupable soit d'être un fainéant, soit un petit malin cherchant à extorquer des
indemnités de départ.
Aujourd'hui, l'Humanisme social a le dos au
mur. Tout mouvement d’idées, vers une amélioration de la condition sociale est
condamné à l'isolement et à la caricature. Le réalisme du
"gagner-moins" et de réduction de l'espace des droits s'impose.
D'éminents économistes et politiques nous expliquent que le "SMIC"
est un frein à l'emploi. Que penser d'une élite pour qui 1180 euros nets sont
un "frein"?.
Peut-on considérer que les avancées sociales
et la bonne santé d'une entreprise sont réellement antagonistes? Comment,
au-delà d'un discours très bien rodé, le patronat de 2017 renoue plus avec une
tradition de "Maitres de Forges", qu'avec un patronat paternaliste et
social ?, Relire Henri Ford et ses écrits déjà vieux d'un siècle, et les
confronter aux interventions de Gattaz en 2017 a de quoi nous inquiéter sur ce
formidable recul
. Là où Ford était préoccupé par le bien-être
de ses ouvriers en 1910, Gattaz est lui, en 2017 obsédé par les possibilités de
démantèlement du Code du Travail, permettant les licenciements.
De nos jours, un syndicalisme responsable est
celui qui est apte à négocier des "reculs sociaux", d'où la nouvelle
vocation de "partenaire". Une volonté étatique de réduire le
véritable syndicalisme au rôle d'ONG, se précise. L'incapacité du Syndicalisme
à lutter pour de nouveaux droits, ou pour une amélioration des conditions de
vie se confirme dans la défiance de plus en plus grandissante des salariés et
dans un déclin historique. Tout cela a abouti à un affaiblissement de ce
contre-pouvoir. Je crois que c'était Montesquieu qui disait "le Pouvoir
doit arrêter le pouvoir".....De nos jours, qui ou quoi arrêtera le Pouvoir
?. «Arrêter le Pouvoir "ne doit pas être un impératif nihiliste, mais un
Droit, utilisable à tout moment.
Sous la sourde colère, et l'apparent
consensus, un Dogme: celui de d'un système présenté comme incontournable et
finissant l'Histoire: le Libéralisme.
En
fait, cette loi du Marché, sauvage et broyeuse d'existences, comme celles que
nous côtoyons de l'autre côté de cette salle, et égrenant les bocks de bières
successifs dans une solitude profonde, semble être aujourd'hui le paradigme.
L'emploi n'est plus la conséquence de l'exercice d'un droit, mais le fruit
d'une allégeance vassalique. Le monde libéral se résume peu à peu, à travers la
dérèglementation, à une devise "Renoncez à vos droits et nous vous
accorderons des occupations qui vous permettrons de vous nourrir et vous
vêtir!"
9 millions de pauvres! un écart grandissant
entre les nantis et les autres, un Service Public jeté à la vindicte avec la
diabolisation constante de ses agents, un chômage instillant la mise en
concurrence des salariés, une valorisation de la propriété privée au détriment
de l'habitat collectif, tout concourt à l'urgence de repenser une
nouvelle Société, qui ne soit plus celle de l'écrasement de l'Autre, mais de
l'émulation collective......Ne soyons pas vulgaires, ne parlons pas de
Révolution !
"Une autre Société est-elle possible? Il
est permis de penser que NON, et il est légitime de penser que celle-ci, avec
ses imperfections est le stade ultime du Progrès, notre intervention se
limitant à « l’humaniser ».
Dans le
cas contraire ,la tâche est rude, qui passe par une réappropriation des mots,
et le démantèlement de cette "Novlangue" derrière laquelle les
Maitres du Monde avec leurs masques dorment tranquilles, un monde ou l'être
humain est devenu une "ressource humaine", c'est à dire à l'égal du
charbon, un bien qui s'exploite et
s'épuise, un monde où le Patron est un manager, et l'Entreprise dématérialisée
une "communauté", dans laquelle le client devient soudainement un
pote à jamais invisible derrière son écran. Dans certains secteurs, la concurrence
déshumanisée entre salariés, a terrassé
l'émulation collective, l'écrasement de l'autre a eu raison des
garanties statutaires.
Nous parlons là, de la culture d'entreprise initiée par
Michel Rocard dans les services publics Poste/France Télecom. Rocard s'inspira, sans jamais le dire de la culture des sectes.
Cela est un exemple entre autres.
"Une autre Société est-elle
possible?", cette question interroge la Philosophie, si l'on pense que sa
vocation première est, non pas le constat ou l'explication du Monde, mais sa
transformation, en opérant des destructions quand cela le demande.
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