LE SUPER HÉROS, UNE IDÉE RÉACTIONNAIRE
Tout le monde sait à peu près, que
les supers héros avec leurs pouvoirs surnaturels
viennent en réalité de la bande dessinée des années 30 aux Etats Unis.
C'est donc un sous genre d'une bande dessinée
assez commerciale que l'on peut classer dans la science fiction. Mais déjà là,
ce genre qui nous intéresse d'étudier,
déroge à la règle des histoires d'anticipations. Puisque le principe de la SF
est de nous projeter dans un futur en imaginant ce que demain sera, en tenant
compte du présent, et donc un exercice particulièrement difficile quand à la
crédibilité. Je veux dire par là, que normalement l'auteur ne doit pas déformer
notre époque avec des problèmes contemporains qui n’existent pas pour justifier
l' histoire qu'il nous raconte. Par exemple dans « la planète des
singes » ce film est réalisé en pleine guerre froide, ou la menace d'une
guerre nucléaire était bien réelle. Et
le scénario, même si il a plusieurs intrigues intéressantes, a un
dénouement qui repose sur l'hypothèse d'une guerre nucléaire dévastatrice. On
est bien dans la parfaite exécution d'une histoire d'anticipation qui envisage
un futur en tenant compte des problèmes contemporains. L'exercice de style sur
ce film est magistral.
La
majorité des films de SF repose sur des hypothèses puisées dans le ressenti du
réel et la qualité de ce parti pris doit bien évidement être sincère et non
triché.
Cela
peut donner un prétexte à tout un tas de films qui vont reprendre la même
hypothèse avec plus ou moins de talents, et pas forcément tous, d'une grande
qualité malheureusement. Cela devient rapidement une facilité d'écriture des
scénarios qui commence par une population réduite dans un décor de fin du
monde. Les spécialistes de la SF appellent cela « les films de
survivance » tel Mad Max. Le spectateur
bien souvent n'a plus qu’à adhérer à la psychologie des personnages qui
vont évoluer entre l'altruisme et la violence avec une morale un peu toute
faite, entre complaisance, voyeurisme ou bons sentiments ; pas toujours
réussie.
Mais
dans le cas des super héros la démarche est bien différente, de mon point de
vue. Le principe que l'on nous propose est que l'auteur admet que la société
petit à petit s'améliore avec un niveau de vie qui progresse doucement et
surtout des services publics régaliens, armée, justice, police, qui font leur
travail. Donc en gros, les crimes et les délits qui pourraient dégrader le
système sont apparemment résolus dans l'intérêt général et l'ordre public. Mais
il suffit qu'un individu malveillant, donc foncièrement méchant et pervers
-mais pas trop (il ne faut pas effrayer les enfants)- avec l'aide d'un peu de
technologie peut dégrader la société. Elle est bien là l'hypothèse de départ
insidieuse puisqu'une personne toute seule peut mettre en péril tout la société
voir la civilisation. Et seul le super héros avec ses supers pouvoirs peut
rétablir l'ordre et la sagesse parmi ces pauvres mortels impuissants.
Décidément
l’Amérique n'en aura jamais fini avec le bien et le mal.
Le
principe réactionnaire que je déteste derrière cette image est que nous avons
bien des problèmes dans nos sociétés que nous n'arrivons pas à résoudre. Les
guerres, les dictatures, les génocides, le terrorisme ont bien traversés le XX°
siècle et cela continu. Ils sont même difficiles à comprendre et font l’objet
de débats incessants.
Où
cela se complique c'est que comme Superman n’existe pas, on arrive à une
justification de l'action policière et juridique de répression sans aucune
limite. Pour preuve, la séquence que vient de nous jouer François Hollande avec
la déchéance de la nationalité en est, une parfaite illustration. Le plus grave
dans tout ça, c'est qu'il comptait sur cette loi pour remonter dans les
sondages de popularité, sans même chercher une quelconque efficacité dans la
lutte anti terroriste.
Pour
prolonger ma crainte, trop souvent les gouvernements de toutes obédiences vont
systématiquement utiliser les défauts de nos sociétés pour justifier toutes
leurs actions les plus interventionnistes. Aucun sujet n'échappent, à ma
connaissance, au phénomène, la récupération est totale : le féminisme, la
discrimination, l'écologie...
De
ce fait, ils n'ont pas d'obligations de résultats, mais ils spéculent et
communiquent sur leurs actions nécessaires et forcements positives. Un
problème, et ils déclenchent une commission, puis une étude consultative, et un
député va proposer une loi. Ou carrément dissimuler leur impuissance sur leur
capacité à résoudre les vrais problèmes : chômage, réduction de la
pauvreté, logement.
Pour
revenir au cinéma d'anticipation, ce n'est pas si grave que ça, ce n'est que du
divertissement. Et puis c'est une figure imposé qui peut aussi réserver des
surprises. Le deuxième Batman réalisé par Tim Burton était quand même assez
savoureux, avec trois méchants pour le coup, interprété par de vrai stars, Dani
de Vito, Michel Pfifeur en Cat Wooman
sexy, et Christopher Wolken en psychopathe sophistiqué, plus un visuel
vintage flamboyant très spectaculaire. Le héros Batman sans aucun pouvoir,
carrément tristounet, évoluait en second plan dans le film. Dans l'histoire de
la création artistique, beaucoup d'artistes vont se plaindre des contraintes
qu'on leur impose comme une entrave à leur créativité.
Ma
conclusion est que la fiction à besoin de logique pour être crédible et
intéressante et c'est donc la logique des scénarios de supers héros qui n'est
pas belle quand elle simplifie bêtement une réalité complexe.
Mais
encore plus grave bien souvent la fiction va donner en spectacle une violence
gratuite qu’elle cherche à dénoncer dans un message moralisateur trop facile.
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