UN
BERGER PREND-IL SOIN
DE SES MOUTONS ?
Un berger, un « bon » pasteur prend sûrement soin de ses
abondants troupeaux pour les mener à « bon » port. C’est ce caractère
de « bonté » de sa part, d’adéquation aux besoins qui fait question.
Mais quels en sont les critères ? Qu’est-ce qu’être
« bon » ? Qu’est-ce qu’un bon berger et qu’est-ce qu’un bon
port, une bonne fin, un bon objectif visé ? Sachant quand même que, par
les bons soins de l’élevage de ses bêtes, le souci du bon pasteur est de tondre
celles-ci, de prélever leur lait et d’effectuer un bon équarrissage ultime pour
les pendre à un croc de boucher après avoir assuré au préalable leur
reproduction comme source renouvelée de ces aménités et profits multiples.
Dès lors, pourquoi cette analogie du berger et du bon pasteur reprise par des théocrates de religions plus bienveillantes les unes que les autres ou par des philosophes tout aussi philanthropes tel Heidegger encarté au parti nazi jusqu’en 1944, une fois bien établis vers 1933 les fondements de sa philosophie ; ou tel encore Sloterdijk, son succédané récent dès 2000. Concernant Heidegger, si tard encore associé à un parti ayant assuré le travail inhumain des camps et l’hécatombe d’un « troupeau » de six millions d’êtres et bien plus, que signifie sa philosophie du berger scient conduisant son troupeau dans la clairière de l’ « ouvert », qui seul autorise « la présence à soi de son être authentique » ?
Ne faut-il pas aussi penser à Sloterdijk, philosophe contemporain qui, reconnaissant à partir du nexus berger-troupeau-clairière, qu’à l’époque technique et anthropotechnique qui est la nôtre les hommes se retrouvent de plus en plus du côté de la sélection active ou subjective, comme à l’insu de leur pleine conscience et donc sans avoir voulu s’imposer dans le rôle du sélectionneur.
N’en conclut-il pas qu’il faut se saisir du processus de façon elle aussi active et formuler un codex des anthropotechniques, telles que celles des techniques nano-bio-info-cognitives ou NBIC ?
Dès lors, que penser de « la pureté de l’être dans la clairière », de cette altérité douteuse où se fonderait une nouvelle mais nécessaire relation humanisante aux autres, voire de l’apologie des meilleurs (aristo-cratos) ou même de celle d’une race supérieure (les Genrichs ou autres) ou de l’institution d’une sélection -- pastorale, cheftaine ou raciale, que sais-je -- qui paraîtrait métaphysiquement ?
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