Le peuple vote donc le peuple est
responsable ?
« La démocratie n’est pas dans l’origine
populaire du pouvoir, elle est dans son contrôle. La démocratie, c’est
l’exercice du contrôle des gouvernés sur les gouvernants. Non pas une fois tous
les cinq ans, ni tous les ans, mais tous les jours. » (Alain)
"Il
suffit que le peuple déçoive les élites pour que son incapacité soit suggérée
sinon accusée. On a vu poindre le verdict avec le référendum sur l’Europe de
2005. Il faut bien croire que l’enjeu était à la portée de tout le monde
puisqu’il était soumis à référendum. La classe politique et médiatique
l’approuva d’ailleurs à 90 % environ. Quand les électeurs s’avisèrent de donner
une majorité au « non », il fallut que cette majorité n’eût pas compris pour
rejeter le texte.
Trop long, découvrit-on d’ailleurs, mal rédigé, etc… Personne
n’avait pu le lire, sous-entendu ceux qui avaient voté « non ». Et les
commentaires de retrouver tous les clichés de la psychologie des foules pour
disqualifier un peuple inculte, émotif et trompé . Il s’était d’ailleurs si
bien trompé qu’on ne le fit pas voter à nouveau comme dans quelques pays
voisins mais qu’une nouvelle mouture du texte désignée comme traité de Lisbonne
fut ratifiée par le parlement. Le référendum a peut-être reçu un coup mortel
dans ce tour de passe-passe où les élites ont démontré qu’elles y voyaient une
procédure de ratification de leurs décisions.
Pourtant, les mêmes dirigeants
stigmatisent ensuite l’incivisme des abstentionnistes : forcément une
manifestation de légèreté politique. Il n’est pas si facile d’avoir un peuple à
sa convenance, assez actif pour voter mais voter bien, s’intéresser à la
politique mais modérément. La crainte des foules révolutionnaires d’antan a
disparu mais le peuple est demeuré infantile puisqu’il déçoit toujours les
élites. Trop passif ou trop actif, jamais tout à fait à la hauteur.
Bien sûr, ils ne le disent
pas dans la presse car ils sentent le risque d’avouer leur préjugé d’un peuple
mineur. Ce serait en contradiction avec leurs besoins de sondés conscients et
informés que la représentativité des échantillons assimilent à toute la
population. Ils en ont trop besoin pour paraître les mépriser.
Ils avouent donc
mezza voce leur piètre idée de la compétence des citoyens. En privé par contre,
ils ne se gênent plus pour dire qu’ils ne comprendraient pas. Éternelle schizoïdie
des marchands qui flattent leurs clients et les méprisent à la fois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
1 - Tout commentaire anonyme (sans mail valide) sera refusé.
2 - Avant éventuelle publication votre message devra être validé par un modérateur.