COMMENT PENSER ?
Le
titre du sujet de ce soir ne doit pas prêter à confusion. La question n’est pas
comment penser la météo, ou comment penser la mécanique, mais bien comment
penser ? C’est donc la question de la méthode qui doit guider notre pensée
qui est posée.
La
question « comment penser ? » a comme but de permettre à
l’homme, à chacun d’entre nous de tendre par le raisonnement à la liberté.
Comme le faisait remarque Spinoza :
"Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent
être libres et cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de
leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés."
(Baruch Spinoza / 1632-1677 / L'Ethique, Livre II)
Le
« comment penser ? » est donc une recherche méthodologique pour
être en mesure de réfléchir aux causes de ce qui nous entoure, que ce soit la
nature, la société, et Spinoza est très clair : ce qui détermine nos
actions. Mais si nous pouvons remonter aux causes qui déterminent nos
actes, sommes-nous des êtres de liberté ? Car, absolument déterminés, ne sommes-nous
pas les jouets du destin et dès lors à quoi bon lutter contre lui ? Soyons fatalistes.
Mais
c’est justement en étant capables de remonter la chaîne des causalités, en
vérifiant leur origine matérielle, réelle, que nous pourrons être en mesure
d’agir. L’homme est d’abord ce qu’il fait, il est à la fois le produit des
circonstances, de l’histoire mais à son tour c’est lui qui peut façonner
celles-ci …. A condition de …savoir penser.
Penser
le contraire c’est se réfugier dans ce Spinoza appelle « l’asile de l’ignorance » : dieu (tous les dieux).
Parmi
les legs transmis par les philosophes il en est un qui permet, peut être de
suivre une première piste. Descartes écrit ceci : « … considérant que toutes les mêmes pensées,
que nous avons étant éveillés, nous peuvent aussi venir quand nous dormons,
sans qu'il y en ait aucune, pour lors, qui soit vraie, je me résolus de feindre
que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit, n'étaient non
plus vraies que les illusions de mes songes. Mais, aussitôt après, je pris
garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait
nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que
cette vérité : je pense, donc je suis était si ferme et si assurée que toutes
les plus extravagantes suppositions des sceptiques * n'étaient pas capables de
l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le
premier principe de la philosophie que je cherchais. » (discours de la
méthode.)
et
d’ajouter :
« Par méthode j’entends des règles certaines
et faciles dont la rigoureuse observation empêchera qu’on ne suppose jamais
pour vrai ce qui est faux, et fera que, sans se consumer en effort inutiles,
mais au contraire en augmentant graduellement sa science, l’esprit parvienne à
la véritable connaissance de toutes les choses qu’il peut atteindre. "
(Règles pour la direction de l’esprit).
Il
s’agit donc désormais de penser, ensemble, une méthode qui nous permette de
parvenir « à une connaissance véritable » de ce qui nous entoure
aujourd’hui.
2300
ans après Platon la plupart de nos contemporains préfèrent encore regarder le
spectacle des ombres de la caverne télévisuelle et de ses « faiseurs de
prodiges ». Nous semblons disposer de tous les éléments de connaissance
pour accéder au réel et à la vérité des faits et en même temps nous constatons
un rejet grandissant de la lecture, un appauvrissement du langage, une
inflation du pathos.
Le
retour du religieux sous la forme
moderne de l’écologie catastrophiste, du droit-de-l’hommisme, des « lois
du marché », de la « vérité est ailleurs » (parfois même elle
est relative ou n’existe pas ! etc…) ne rendent elles pas plus que jamais nécessaires la
construction ou encore plus simplement l’exhumation des connaissances et méthodes enfouies par la
tyrannie de la pensée unique, du « ne pas faire de vague », du
conformisme, de la bêtise érigée en revendication, de l’ignorance comme
consolation ?
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