dimanche 26 janvier 2025

Sujet du 29 Jan. 2025 : METS TA PHYSIQUE, METAPHYSIQUE ?

 

METS TA PHYSIQUE, METAPHYSIQUE ?

 

La métaphysique est l’étude de « l’être en tant qu’être », de la « substance ». C’est, par exemple, l’étude des questions fondamentales telles que l’immortalité de l’âme, l’existence de Dieu, les raisons de l’existence du Mal (conduisant à la notion de libre-arbitre) ou le sens de la vie.

 

Toute considération philosophique, ou presque, dépend de ce thème. Il est donc crucial. Se réfère-t-on à des faits pour fonder nos raisonnements et développer une philosophie matérialiste ou, alors, l’esprit se donne-t-il le « libre-arbitre » de s’échapper en roues libres ? Peut-on, par goût ou facilité, choisir de suivre quelque idée que ce soit pour se lancer dans une philosophie idéaliste, métaphysique ?

– Envole-toi avec moi et les anges dans l’éther diaphane de la symphonie des sphères adamantines qu’anime le Primus Motor transcendant siégeant dans l’au-delà du monde.

– Non, j’observe le firmament, analyse et mesure les phénomènes. J’en induis les lois qui le gouvernent, dont je déduis ensuite des prévisions chiffrées.

– Quelle idée !

– Décidément, vous les métaphysiciens ne connaissez que vos fantasques lubies.         

Pour comprendre cette béance métaphysique millénaire et toujours actuelle, une perspective historique et factuelle de très long terme est nécessaire. Deux mille ans avant notre ère, les Babyloniens mesuraient en chiffres le retour d’évènements célestes singuliers. Les Grecs, eux, observaient les trajectoires géométriques des astres. Modèle de pensée numérique contre modèle géométrique, l’un et l’autre permettaient, en alliant faits et raison, de prévoir sans avoir recours aux mythes et aux dieux.

 

Ce furent les premiers pas de la philosophie, d’abord de la nature, principalement avec Anaximandre par lequel naît une pensée « scientifique ». L’idéalisme de Parménide de l’immobilité, de la permanence absolue et de la sphéricité parfaite a conduit Platon et Aristote au dogme d’un cosmos infini dans lequel est plongé un univers fini constitué de sphères solides et concentriques. « Bien naturellement » la plus centrale et immobile (est-ce que je bouge, moi ! Oui, à 1600 km/h à l’équateur) est la Terre des hommes. Dans la plus externe sont fichées les étoiles fixes du firmament. Vue de la Terre, elle tourne d’est en ouest. Ce qui explique son mouvement diurne. Par ce « libre-arbitre » métaphysique, l’homme se met erronément au centre et fait tout tourner autour de sa personne.

 

Jusqu’à Copernic, le carcan intellectuel de ce mode de penser métaphysique perdurera pendant vingt siècles dans les « sciences » et la philosophie confondues. Le carcan d’Aristote concerne la physique du monde supralunaire gouverné par une rationalité absolue que les mathématiques ont pour mission d’exprimer. En bas de la hiérarchie des sphères, il y a le monde où nous vivons, changeant et corruptible, gouverné par une physique du même ordre. L’Église reprendra la vision d’Aristote en plaçant le paradis au ciel et Le Dieu unique et transcendant au-delà de la dernière sphère des fixes, qu’Il fait tourner pour animer le monde qu’Il a d’abord créé de toute pièce.

 

Tels sont les dogmes des monothéismes imposant un argument d’autorité absolu. Mais les métaphysiques nouvelles de Copernic et Galilée ouvraient une brèche en revendiquant le droit à la critique à partir d’autres représentations du monde, elles aussi métaphysiques, prétendant tirer des vérités « plus scientifiques » à partir de faits avérés, nécessaires, oui, mais encore insuffisants. Outre l’élégance du modèle, les arguments physiques soutenant l’hypothèse héliotropique de Copernic furent les découvertes par Galilée des phases de Vénus et des satellites de Jupiter.

 

Puis Descartes y oppose le doute méthodique de l’esprit critique reposant sur le principe d’une raison universelle antithétique à tout dogme, nécessairement particulier. « Le Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences » est un texte révolutionnaire qui énonce la démarche dite aujourd’hui scientifique et sa primauté sur la démarche obscurantiste fondée sur les Textes sacrés et l’autorité des anciens (Aristote et les pères de l’Église). Descartes singularise ainsi la prééminence d’une saine philosophie matérialiste (sous-tendue par des faits avérés) sur la philosophie idéaliste ou métaphysique fondée sur des vues de l’esprit conçues au gré de leurs créateurs. Si bien qu’on pourrait se demander quel serait le sexe des anges et comment ils traversent les sphères de cristal du firmament telles de pures Idées à la Platon. Ou, encore, si un dieu infiniment bon a pu créer le mal et le faire prospérer à seule fin d’éprouver le « libre-arbitre » de ses dévoués adorateurs.

 

Mais voilà néanmoins que Newton puis Einstein et Bohr, tous métaphysiciens, convertissent de pures expériences de pensée en théories mathématiques qui « étrangement » se vérifient dans le réel. Mais, précisent-ils avec grande justesse, uniquement dans leurs domaines de validité respectifs. Bohr étudie les conséquences de son modèle atomique et, avant 1922, prédit l’existence dans le tableau périodique d’éléments encore inconnus qui seront découverts par la suite.

C’est à partir de là que des DELEUZE, DERRIDA, GUATARI, IRIGARAY, BERGSON, LACAN, LESTOUR, LYOTARD, SERRES, BEAUDRILLARD, KRISTEVA, LATOUR, VIRILIO..., s’autorisant des transgressions décérébrées de ces bornes, participent d’une déconstruction de la raison systématique et inique. La tromperie est patente par l’application de ses concepts à l’homme. Et donc explicitement hors du domaine de validité défini par Bohr. Cette arnaque intellectuelle, assortie d’une interprétation fallacieuse du postulat de « non localité » de la particule quantique, a fait abusivement accréditer la croyance à l’accès de l’esprit à la télépathie et à la prophétie. L’esprit serait donc capable de guérison à distance, notamment par des prières absconses ou des correspondances platoniciennes. « Le roi est nu ». Et pourtant cela peut rapporter gros, très gros tant la déconstruction de la raison est répandue et profonde.

 

En 1997 Bricmont et Sockal dans « Impostures intellectuelles » ont alors pu faire accepter par une revue scientifique de renom un canular des plus fantaisistes mais écrit avec le plus grand sérieux scientifique, la forme et la nouveauté cachant la parfaite vacuité du fond. L’acceptation aveugle de l’imposture souligne le degré de décérébration avancé de la société. Celui-ci a depuis abouti à la déraison du rejet de la binarité biologique des enfants, du transgenrisme, de la police du langage interdisant une appréhension réaliste du monde au profit d’un nouvel obscurantisme métaphysique. En 2025 des mutuelles de santé ne remboursent-elles pas des séances de sophrologie, hypnose, aromathérapie et, pourquoi pas bientôt, de psychanalyse spiritualo-quantique... ?

 

A l’instar de Marie de France (lais du XIIe s.), Erasme, Montaigne et des philosophes des Lumières en leur temps, aujourd’hui essayons « En toute chose, savoir raison garder ». Cela permettra d’éviter d’être plus que bo(h)rder-line en nous prenant pour des « électrons libres » de tout bo(h)rd et autres inepties psychédéliques dont on veut nous farcir le système à raz-bo(h)rd.

 

Enfin, et ce point est crucial concernant la science et la philosophie matérialiste qui la sous-tend, il faut souligner que le caractère de vérité d’une découverte scientifique n’est en rien irrévocable. Il est primordial de le savoir. Même si c’est souvent peu compris ou partiellement assimilé. Quoi qu’on puisse en penser c’est, par exemple, le cas du mouvement de la Terre. Souvent erronément nous l’acceptons aujourd’hui sans examen comme une vérité révélée, indiscutable et donc non scientifique... Et nous nous faisons, pourtant hors raison, des gorges chaudes des opinions divergentes. Il faut pourtant bien comprendre cela pour, in fine, pouvoir en toute raison séparer philosophie et métaphysique.

Ainsi, si la Terre ne tournait pas autour du Soleil, il faudrait montrer, par exemple, que

  la parallaxe serait due à un déplacement de toutes les étoiles de période un an, déplacement d’autant plus important qu’elles sont proches de la Terre,

  et que l’effet Doppler-Fizeau serait créé par un mouvement périodique annuel des étoiles, surtout celles situées dans l’écliptique.

 

Ces explications sont plausibles. Comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Mais il resterait alors encore à expliquer ces mystérieux mouvements annuels de toutes les étoiles. En effet, que plusieurs phénomènes distincts puissent être ramenés à une cause unique constitue un argument fort, mais non une preuve indubitable, pour prendre cette cause au sérieux et explorer si d’autres phénomènes encore inconnus n’en seraient pas également une conséquence.

 

A cet égard, en 1905 Poincaré faisait remarquer que dire « La terre tourne » n’a aucun sens. Et que les deux propositions contradictoires, « la Terre tourne » et « la Terre ne tourne pas » ne sont pas plus vraies l’une que l’autre... Eh, oui, car soutenir le contraire, ce serait affirmer l’existence de l’espace absolu. Or cette affirmation n’a pas un caractère physique mais métaphysique. Car le mouvement n’a de sens que par rapport à un repère.

 

Mais, néanmoins, si l’une des deux propositions nous révèle des rapports vrais que l’autre nous dissimule, on pourra la regarder comme physiquement plus vraie que l’autre puisqu’elle a un contenu plus riche.

 

C’est ainsi qu’en disant que la Terre tourne, on affirme que de multiples phénomènes ont un rapport intime. Et cela est vrai, et reste vrai bien qu’il n’y ait pas et qu’il ne puisse y avoir d’espace absolu. Les deux propositions, la Terre tourne et il est plus commode de supposer que la Terre tourne, ont un seul et même sens. Protagoras le sophiste aurait un peu raison : « L’homme est la mesure de toute chose ». Mais peut-être pas pour la bonne raison. Ce qui serait encore pire que d’avoir tort. Là se situe la subtilité du concept de « vérité scientifique ».

 

« Mets ta physique », voilà ce que sans cesse nous apprendrons à faire. Plutôt que de vouloir porter « sa » métaphysique, tel un pisseux manteau de bure scolastique (cf « Le nom de la rose », Umberto Ecco, 1980).

 

Or ce n’est généralement pas ce que nous faisons quand nous voulons erronément nous persuader d’avoir adopté la démarche scientifique, en accord avec une philosophie matérialiste. Mais sans effectivement le faire. Et, dès lors, nous perdurons dans la métaphysique d’une conviction de vérité irrévocable. La leçon est dure. Mais cruciale.

 

Car, en effet, souvent ne préférons-nous pas la quête facile et réconfortante, mais illusoire, de « Mon Amérique à moi ! » ?

  Ohé, l’Amérique, c’est encore loin ?

  Tais-toi, nage au lieu de faire la planche. Un poisson-scie fonce sur toi.

dimanche 19 janvier 2025

Sujt du Merc. 22 Janvier 2025 : « On ne peut apprendre la philosophie, on ne peut qu’apprendre à philosopher » E Kant.

 « On ne peut apprendre la philosophie, on ne peut qu’apprendre à philosopher »  E Kant.

 

  La philosophie n’est véritablement qu’une occupation pour l’adulte, il n’est pas étonnant que des difficultés se présentent lorsqu’on veut la conformer à   l’aptitude moins exercée de la jeunesse.

L’étudiant qui sort de l’enseignement   scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu’il va apprendre la   Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il doit désormais apprendre à philosopher. Je vais m’expliquer plus clairement : toutes les sciences qu’on peut   apprendre au sens propre peuvent être ramenées à deux genres : les sciences   historiques et mathématiques.   
    

Aux premières appartiennent, en dehors de   l’histoire proprement dite, la description de la nature, la philologie, le droit   positif, etc. Or dans tout ce qui est historique l’expérience personnelle ou le   témoignage étranger, – et dans ce qui est mathématique, l’évidence des   concepts et la nécessité de la démonstration, constituent quelque chose de   donné en fait et qui par conséquent est une possession et n’a pour ainsi dire   qu’à être assimilé: il est donc possible dans l’un et l’autre cas d’apprendre,   c’est-à-dire d’imprimer soit dans la mémoire, soit dans l’entendement, ce qui   peut nous être exposé comme une discipline déjà achevée.

Ainsi pour pouvoir   apprendre aussi la Philosophie, il faudrait d’abord qu’il en existât réellement une.

On devrait pouvoir présenter un livre, et dire : « Voyez, voici de la science   et des connaissances assurées ; apprenez à le comprendre et à le retenir, bâtissez   ensuite là-dessus, et vous serez philosophes » : jusqu’à ce qu’on me montre un   tel livre de Philosophie, sur lequel je puisse m’appuyer à peu près comme sur   Polybe(1) pour exposer un événement de l’histoire, ou sur Euclide pour expliquer une proposition de Géométrie, qu’il me soit permis de dire qu’on abuse   de la confiance du public lorsque, au lieu d’étendre l’aptitude intellectuelle de   la jeunesse qui nous est confiée, et de la former en vue d’une connaissance personnelle future, dans sa maturité, on la dupe avec une Philosophie prétendument déjà achevée, qui a été imaginée pour elle par d’autres, et dont découle   une illusion de science, qui ne vaut comme bon argent qu’en un certain lieu et   parmi certaines gens, mais est partout ailleurs démonétisée.

La méthode spécifique de l’enseignement en Philosophie est zététique, comme la nommaient   quelques Anciens (de dzétein, rechercher), c’est-à-dire qu’elle est une méthode de recherche, et ce ne peut être que dans une raison déjà exercée qu’elle devient      en certains domaines dogmatique, c’est-à-dire dérisoire
”.


1. Historien grec (202-120 av. J.-C.).

     Kant, Annonce du programme des leçons de M. E. Kant durant le semestre d’hiver (1765-1766), traduction de M. Fichant, Éd. Vrin, 1973, pp. 68-69.

samedi 11 janvier 2025

Sujet du Merc. 15 Jan. 2025 : Jean Cardonnel et le café philo de Montpellier.

 

Jean Cardonnel et le café philo de Montpellier.

Texte lu le 18 Mai 2005 lors de la 500 ième édition du café philo.


Le Père jean Cardonnel fut un des animateurs du café philo de Montpellier. Prêtre dominicain, il a publié de nombreux ouvrages. Dans les années soixante il participe aux thèses de la « théologie de la libération » soutenues par Dom Helder Camara l’archevêque de Recife (Brésil). En 2002 il est exclu de son couvent de Montpellier par les supérieurs de son Ordre.
Il sera animateur du café philo de Montpellier en 2005 et 2006. Il décède en 2009

Ce soir vous m'avez fait vivre une espèce de régal, c'est à dire une ouverture d'appétit. Je voudrai simplement contribuer à l'ouverture de l'appétit. Vous savez que ça ne sert à rien de proposer une nourriture, à tous les niveaux, à des types qui s'obstinent à n'avoir aucun, aucun, aucun appétit.
De sorte, que si je me permettais d'être légèrement vulgaire, je dirai que mon mot c'est plutôt une espèce d'amuse gueule mais pas du tout au sens ou nous devrions faire la gueule, plutôt un amuse visage, un amuse figure, c'est-à-dire cette passion, là dans un monde, où on voudrait nous faire croire qu'il n'y a que des gueules à montrer alors qu'à la place, sur les ruines des gueules, s'épanouissent des visages, des visages qui se parlent les uns aux autres.

Et alors qu'est ça signifie ça ? : une chose tellement simple nous n'en finirons jamais d'essayer d'épuiser le sens d'une parole de quelqu'un que j'ai toujours aimé profondément sans jamais le rencontrer et dont le suicide m'a laissé inconsolable, Romain Garry, Émile Ajar. Il dit dans un de ces livres, propos qui pour moi résume tout : " le pire qu'il puisse arriver à la question c'est la réponse".        

Alors la philosophie, et nous sommes là au carrefour, au nœud, la philosophie, ça consiste à être impitoyable pour la constitution séculaire des réponses, des idées toutes faites, des idées reçues ; la philosophie, la recherche philosophique c’est la grande offensive de l'humanité contre les acquis.

 Je voudrai vous dire ce qu'est la joyeuseté de l'aventure philosophique. Parce qu'il faut substituer à cette caste minable des intellectuels, les aventuriers de la pensée. Et les aventuriers de la pensée c'est exactement ça, c'est substituer aux réponses établies la communauté de nos questions, il n'y a pas d'autre réponse que la convergence la mise en débat, la mise en comment de nos questions.

 Vous savez, grâce à vous, ce soir au café philosophique, je vais perdre le peu de retenue qui me restait. Ça c'est une chose tellement simple ; mais la plus difficile à vivre, c'est là où se rejoignent l'ascèse et la mystique.

 Vous vous rappelez le Dr Knock, joué par louis Jouvet quand le Dr Parpalet , le vieux médecin de campagne dit au Dr Knock : " il me semble Dr que dans votre système l'intérêt du malade est subordonné à l'intérêt du médecin ", j'entends toujours Louis Jouvet dire : "vous oubliez, docteur, qu'il en est un qui les dépasse tous les deux, c'est celui de la…médecine "   et vous pouvez continuer comme ça : "Monsieur le ministre il me semble que l’intérêt de l’enseigné est subordonné à celui de l'enseignant ». « Vous oubliez jeune ou vieux soixantehuitard qu’il en est un qui les dépasse tous les deux, celui de l'enseignement " ,  "Messieurs les dirigeants il me semble que dans votre système l'intérêt du gouverné est subordonné à celui du gouvernant , vous oubliez qu'il en est un qui les dépasse tous c'est celui du ….  Gouvernement ".

 La philosophie, et je vois à vos visages que vous le sentez, c'est la mise en question d'absolument tout. Dans le catholicisme il y avait un jour un vieux monsieur qui était affolé par mes mises en question , il me dit: "mais enfin mon père il y a des choses que ne souffrent pas la discussion, il y a Dieu, il y a Jésus Christ, il y a la vierge Marie, il y a l'église, il y a le pape, il y a Rome " , je lui ai dit :  Monsieur, vous allez me comprendre tout de suite, pour moi il y a une chose que je ne remets jamais, jamais, jamais en question, c'est l'exigence de l'universelle mise en question d'absolument tout.           

Voilà le dilemme, l'alternative de notre vie ou bien nous nous mettons en question avec notre monde, ou bien nous mettons le monde à la question et ça s'appelle, (mon ordre en sait quelque chose - NDLR : J. Cardonnel était Dominicain, Ordre monastique créateur de l’Inquisition) ça s'appelle la Sainte Inquisition. Il faut choisir entre la mise en question et la sainte inquisition.

 Il n'y a pas d'un coté la réalité et de l'autre l’utopie toute histoire est l'incarnation d'une utopie.

 Et nous il y a plus de vingt siècles, parce que le christianisme n'a pas arrangé les choses, il y a plus de 20 siècles que ce que nous appelons la réalité c'est l'utopie de l'horreur dont il nous arrive parfois même à nous, au café philosophique, de dire - après avoir beaucoup cogité - :  "qu'est ce que vous voulez…c'est comme ça !».

 Alors vous savez ce que c'est un café philosophique ?  - ou plutôt toute la vie maintenant, parce qu'il n'y a pas le moment du café philosophique puis autre chose :  c'est la mise en question courageuse d’absolument tout - y compris de celui qu'on appelle blasphématoirement Dieu - et qui souvent n'est que l'idole monothéiste -, c'est la mise en question de tout, c'est-à-dire que c'est la victoire - c'est ça la recherche philosophique ! -       

C'est la victoire de la question cruciale, sur la solution finale.

 Et maintenant en avant !

  Jean Cardonnel 10 Mai 2005   -    500ième édition du café philosophique de Montpellier.

vendredi 3 janvier 2025

Sujet du Merc. 08 Jan. 2025 : LE VIVRE AVEC pour pouvoir VIVRE ENSEMBLE est-il une des solutions ? : face au chaos qui nous arrive !

 

LE VIVRE AVEC   pour pouvoir VIVRE ENSEMBLE
est-il une des solutions ? :  face au chaos qui nous arrive !               

 

Au cours des siècles nous n’avons jamais voulu Vivre Ensemble !

Nous avons toujours défendu individuellement nos nations et nous avons plutôt essayer d’imposer nos idées, nos pratiques, notre religion en particulier durant la colonisation !

Nous avons souvent pensé que les envahisseurs étaient des barbares, des sauvages primitifs incultes et non civilisés selon nos mœurs.

Nous avons parfois « joué » à être empereur ou comme Saint (!)Louis (par exemple) à vouloir s’imposer (au nom du catholicisme) dans un pays ou une autre religion était pourtant majoritaire.

 

Pourtant les philosophes ont TOUJOURS « travaillé » sur le VIVRE ENSEMBLE.

 

Pour ARISTOTE seule « l’amitié vertueuse » est véritable et essentielle au bonheur car elle permet un développement positif et une réalisation personnelle, authentique.Elle constitue un fondement solide pour la société.

 

Pour MONTAIGNE, dans ses Essais, il offre une réflexion profonde sur le concept du VIVRE ENSEMBLE. Il promeut une société valorisant les liens sociaux sans les réduire à une fusion communautaire. Il défend les valeurs fondamentales telles que la tolérance et le respect.

 

Pour John LOCKE, philosophe du XVII -ème siècle,  le Vivre Ensemble repose sur l’idée que l’Etat doit protéger les droits naturels des individus, notamment la liberté et la propriété. Il voit l’état de la nature comme un état de paix où les individus par la RAISON, respectent les lois naturelles. Il propose un contrat social où les citoyens consentent à former un gouvernement pour garantir leurs droits, en prônant la séparation des pouvoirs pour éviter le despotisme.

Même si ROUSSEAU va dans le même sens, par contre il décrit l’état de nature comme un état d’harmonie et de bonté innée où les hommes sont naturellement pacifiques ,bons et heureux !

 

Pour HOBBES l’état de nature est un état de guerre « chacun contre chacun ».aussi Vivre Ensemble implique une soumission absolue pour éviter le chaos inhérent à la nature humaine (Le Léviathan 1651).

 

Karl MARX aborde le concept du Vivre Ensemble à travers l’idée d’une société coopérative où l’émancipation des travailleurs est centrale. Il souligne que le communisme ne doit pas être perçu comme un idéal statique mais comme un mouvement dynamique visant à abolir les conditions d’exploitation.

Marx envisage une société où le libre développement de chaque individu est conditionné par le développement collectif affirmant que « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » doit être un principe fondamental.                                                                                                                                                                 
Ainsi le Vivre Ensemble devient un processus de transformation sociale, où la production matérielle est réalisée en coopération permettant une vie collective épanouissante.

L’aliénation dans une société de Vivre Ensemble se manifeste entre l’individu et le produit de son travail. Dans le système capitaliste, le travailleur devient un simple rouage, perdant sa créativité naturelle et son autonomie.

 
Jean-Paul Sartre a profondément influencé la notion du Vivre Ensemble par ses idées sur la liberté, l’engagement et la responsabilité individuelle.                                                                                                                                 

Il souligne l’importance des relations humaines et de la solidarité face à l’absurdité de l’existence et de la mort.

Par contre Albert CAMUS affirme que la vie, bien qu’absurde peut et doit être enrichie par des relations authentiques et un engagement envers autrui. LE Vivre Ensemble vise à créer des liens sociaux, à rendre la Culture accessible à tous, pour renforcer le tissu social et l’inclusion.

 Enfin la philosophe contemporaine Fabienne BRUGENE qui a écrit « L’Ethique du Care » (2021) suite à « Une voie différente » (1982) de Carol Gilligan nous dit clairement afin d’atteindre le Vivre Ensemble, il est nécessaire d’éduquer les générations futures à l’empathie. En fait, nos démocraties actuelles méprisent le rôle des émotions. Elles sont perçues plus comme un danger que comme une chance ! Ces démocraties devraient se donner pour objectif : apprendre et cultiver l’EMPATHIE, par le biais d’un programme continu de l’éducation nationale. En France on considère encore que l’empathie (c’est-à-dire : le VIVRE AVEC) est une naïveté.                                                                                   


La pratique de l’empathie installe la possibilité d’un lien de confiance, d’un commun d’une société ouverte. Elle permet d’aimer ceux qui nous approchent comme l’écrit J.J. ROUSSEAU dans « L’Emile ».

Exister c’est aussi, sentir et penser avec les Autres… ses défauts et ses désirs différents en respectant et en appliquant les lois votées démocratiquement.  

Je me permettrais d’ajouter que pour appliquer fondamentalement le VIVRE AVEC il est nécessaire et important d’appliquer politiquement la LAÏCITE.                                                                                                                                  
C’est-à-dire, essayer d’accepter l’Autre tel qu’il est, avec ses compétences, ses limites, ses défauts, ses qualités, ses croyances, ses désirs.                                                                                                                                                              
Les difficultés sont énormes car leurs causes sont liées aux croyances contraires (voire opposées), aux cultures distantes, aux langues diverses, aux gouvernances distinctes.                                                            
Il faut aussi considérer le pouvoir et la responsabilité des médias, des réseaux sociaux.                            
Comme pour l’empathie, la laïcité devrait être aux programmes de l’éducation nationale dès le primaire et le secondaire avec des enseignants formés pour ces matières.  

SPINOZA nous propose une vision du VIVRE ENSEMBLE fondée sur le désir, la joie, l’amour, en favorisant des interactions basées sur la compréhension mutuelle, il encourage un VIVRE ENSEMBLE en réorganisant nos affects à l’aide de la RAISON.

Le Vivre avec est étroitement lié à la Révolution moléculaire, c’est-à-dire à la multiplicité des Alternatives. Au-delà du Vivre Avec , on peut parler au moins d’une tentative de coexistence .

Donc le souci de mieux faire, de mieux agir. La base n’étant ni la concurrence, ni la domination, ni le libéralisme mais le Partage et la Fraternité.

L’intelligence humaine remise au service social, culturel, économique et politique du Vivre Ensemble (qui s’oppose au nombrilisme humain).   Être informés et éduqués   que le Vivre Avec ne concerne pas que les humains.                                                                                                                                         
Nous ne sommes qu’UN des éléments de la Nature (parmi des milliers et des milliers).           

 Donc en priorité, apprendre à Vivre Avec tous les autres éléments ; à les connaître, à les respecter.  Or, les premiers de ces éléments sont ceux qui nous ont permis de naître et de vivre : l’Eau, l’Oxygène, l’Hydrogène, le Carbone etc.         
                                                                                                                       

 Le Vivre Avec doit aussi et d’abord s’appliquer à tous les niveaux à la Biodiversité de la Nature : (par exemple les vers de terre qui ont disparu à plus de 50%et des insectes à plus de 75% dans certaines régions, dû aux pesticides et à la pollution de l’air et de l’eau, dont nous sommes directement les responsables !)   .

Enfin, je vous annonce que malgré tous nos progrès techniques   et scientifiques, si nous n’arrivons pas, malgré notre intelligence, à réaliser cette Révolution moléculaire nous disparaitrons dans peu de temps.

Resterons alors des arbres, des fleurs, des vers de terre, des abeilles, des insectes pour reconstruire et continuer une Terre de VIE jusqu’à la naissance d’une nouvelle humanité plus adaptée…

 

Sujet du Merc. 16 Avril 2025 : Comment définir nos désirs ? (Texte d'Epicure)

  Comment définir nos désirs ? Epicure( -342, -270) Lettre à Ménécée, « Même jeune, on ne doit pas hésiter à philosopher. Ni, même au se...