dimanche 2 février 2020

Sujet du Merc. 5 Février 2020 : Se dirige-t-on vers la marchandisation de l’Education ?


        Se dirige-t-on vers la marchandisation de l’éducation ?

Dans un environnement changeant et imprévisible, l’apprentissage constitue la condition de la survie d’une espèce. D’une façon moins utilitaire, l’apprentissage est, entre bien d’autres choses l’une des clés de la compréhension du monde, de soi et de notre place dans le monde. C’est aussi l’apprentissage d’un savoir-faire pratique. L’étymologie du mot apprendre provient du latin appréhende qui signifie saisir ou prendre. Cependant, l'étymologie ne paraît nous livrer qu'un aspect tronqué de ce que signifie apprendre. En effet, apprendre c'est certes acquérir une connaissance ou un savoir-faire, mais c'est aussi enseigner, c'est-à-dire faire acquérir une connaissance ou un savoir-faire . Cette relation réciproque s’observe dans l’éducation scolaire entre celui qui enseigne, le professeur et celui qui apprend, l’élève. Mais alors qu’en disent les philosophes ?


L’Education pensée par quelques philosophes

Pour Platon, L’éducation doit rendre l’homme meilleur et l’amener à penser par lui-même. Platon part du principe que pour apprendre, il faut d’abord « désapprendre », s’affranchir de nos opinions et inclinations pour s’éveiller à ce qu’il appelle la Réalité et le Vrai. Il faut apprendre à aller au-delà des apparences.

Aristote considère que l’homme heureux est un homme éduqué et que seul l’homme vertueux peut être heureux et seule l’éducation permet d’acquérir la vertu. Ce n’est que par l’éducation que le bonheur devient accessible. Ainsi, le bonheur s’enseigne.

Rousseau, dans l’Émile et de l’éducation s’attache à la liberté de l’enfant, il considère alors que le rôle de l’éducateur ou des parents n’est pas d’instruire l’enfant, mais de le guider. L’enfant s’instruit par lui-même en regardant la nature. Il est important qu’il apprenne à se débrouiller seul, ainsi deviendra-t-il un homme libre et autonome.

C’est également par le chemin de liberté que Kant justifie le dessein de l’éducation. Pour lui, L’éducation a précisément pour but de conduire l’homme vers sa propre humanité. Elle lui permet de faire l’apprentissage de la liberté

Une relation intime entre l’Éducation et le marché

Il pourrait bien y avoir autant d’écoles que de thèses philosophiques sur l’Éducation qui, même si elles se rejoignent ou se complètent, peuvent aussi diverger. Mais quand l’on quitte le monde des pensées et que l’on met l’Éducation scolaire en perspective dans nos sociétés contemporaines, on peut dresser un constat majeur : aujourd’hui, Les institutions scolaires et les services liés à l’enseignement émanant du privé, détenus par des entreprises, se multiplient à travers le monde.

L’Éducation est alors progressivement considérée « comme une marchandise, un bien privé, un produit se faisant le reflet du statut social ; autrement dit, tout le contraire d’un bien public et sociétal » .        
Le service public de l’éducation est en danger, et avec lui, la démocratie et la cohésion sociale. L’éducation serait-elle donc en train de perdre son essence même ? Peut-être, mais ce n’est pas une satire de notre société sur laquelle j’aimerais faire porter langues et regards, mais bien sur un renversement de valeurs, celui du caractère devenu prioritairement marchand et fonctionnel de l’école et non plus celui uniquement d’éclairer l’Homme et de le guider vers les chemins de la connaissance, du savoir-faire et bien évidemment de la philosophie. Alors essayons d’étudier le rapport intime qu’entretiennent aujourd’hui l’école et marché.   

Les preuves attestant de l’inefficacité de l’application d’une logique de marché au sein des services éducatif ne manquent pas. L’OCDE démontre que de cette logique mercantile découle une diminution de la moyenne des résultats scolaires, un affaiblissement de la capacité d’apprentissage et une augmentation des inégalités. Malgré ces évidences, le démantèlement de ce service public fondamental va de bon train, et ce avec la complicité de la plupart des gouvernements.

La marchandisation de l’éducation est un phénomène en extension et prend de multiples formes

« La marchandisation se définit comme la transformation de l’éducation en un produit marchand source de profit. Elle est un processus insidieux aux formes multiples qui touche à la fois les secteurs de l’éducation formelle et non formelle. Il se traduit par le développement d’entreprises commerciales pour le soutien scolaire, des coachings d’orientation scolaire, la production de soi-disant « kits » prêts à penser contre la dyslexie, la dysorthographie ou encore le développement de logiciels numériques dits « éducatifs »… ».
Cette tendance s’étend au monde entier, et la crise dans laquelle l’économie des États européens et nord-américains, entre autres, est plongée depuis 2008 ne fait qu’encourager ce grignotage par le privé d’un secteur public dépecé par des années d’austérité.
« Il existe un vaste éventail de pressions (du privé) sur l’éducation, qu’elles viennent d’entreprises privées, notamment dans le secteur de la recherche universitaire, des fondations, qui ne subventionnent que ce qui leur rapporte ou répond à leurs attentes ».
D’importantes conséquences
-          L’augmentation des inégalités à travers le manque d’accès à une scolarité de base, les frais d’inscription devenant le principal obstacle à la scolarisation des enfants ;
-          La « standardisation des pratiques et des méthodes pédagogiques » [6]. à travers le développement des écoles « low cost » dont le principal objectif est de faire des économies d’échelle en rationalisant l’offre au maximum ;
-          La place de plus en plus grande accordée aux partenariats avec le privé pour le financement de l’éducation, les entreprises du numérique acquérant une emprise croissante sur ce secteur, y compris en ce qui concerne les contenus pédagogiques et les méthodes d’enseignement.

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