Se dirige-t-on vers la marchandisation de l’éducation ?
Dans un environnement
changeant et imprévisible, l’apprentissage constitue la condition de la survie
d’une espèce. D’une façon moins utilitaire, l’apprentissage est, entre bien
d’autres choses l’une des clés de la compréhension du monde, de soi et de notre
place dans le monde. C’est aussi l’apprentissage d’un savoir-faire pratique. L’étymologie du mot apprendre provient du latin appréhende qui signifie
saisir ou prendre. Cependant, l'étymologie ne paraît nous livrer qu'un aspect
tronqué de ce que signifie apprendre. En effet, apprendre c'est certes acquérir
une connaissance ou un savoir-faire, mais c'est aussi enseigner,
c'est-à-dire faire acquérir une connaissance ou un
savoir-faire . Cette relation réciproque s’observe dans l’éducation
scolaire entre celui qui enseigne, le professeur et celui qui apprend, l’élève.
Mais alors qu’en disent les philosophes ?
L’Education pensée par quelques
philosophes
Pour Platon, L’éducation doit rendre l’homme meilleur
et l’amener à penser par lui-même. Platon part du principe que pour apprendre,
il faut d’abord « désapprendre », s’affranchir de nos opinions et inclinations
pour s’éveiller à ce qu’il appelle la Réalité et le Vrai. Il faut apprendre à
aller au-delà des apparences.
Aristote considère que
l’homme heureux est un homme éduqué et que seul l’homme vertueux peut être
heureux et seule l’éducation permet d’acquérir la vertu. Ce n’est que par
l’éducation que le bonheur devient accessible. Ainsi, le bonheur s’enseigne.
Rousseau, dans l’Émile et
de l’éducation s’attache à la liberté de l’enfant, il considère alors que le rôle de l’éducateur ou des parents
n’est pas d’instruire l’enfant, mais de le guider. L’enfant s’instruit par
lui-même en regardant la nature. Il est important qu’il apprenne à se
débrouiller seul, ainsi deviendra-t-il un homme libre et autonome.
C’est également par le chemin de liberté que Kant
justifie le dessein de l’éducation. Pour lui, L’éducation a précisément pour
but de conduire l’homme vers sa propre humanité. Elle lui permet de faire
l’apprentissage de la liberté
Une relation intime entre l’Éducation et le marché
Il pourrait bien y avoir autant
d’écoles que de thèses philosophiques sur l’Éducation qui, même si elles se
rejoignent ou se complètent, peuvent aussi diverger. Mais quand l’on quitte le
monde des pensées et que l’on met l’Éducation scolaire en perspective dans nos
sociétés contemporaines, on peut dresser un constat
majeur : aujourd’hui, Les institutions scolaires et les services liés
à l’enseignement émanant du privé, détenus par des entreprises, se multiplient
à travers le monde.
L’Éducation est alors
progressivement considérée « comme une marchandise, un bien privé, un
produit se faisant le reflet du statut social ; autrement dit, tout le
contraire d’un bien public et sociétal » .
Le service public de l’éducation est en danger, et avec lui, la démocratie et la cohésion sociale. L’éducation serait-elle donc en train de perdre son essence même ? Peut-être, mais ce n’est pas une satire de notre société sur laquelle j’aimerais faire porter langues et regards, mais bien sur un renversement de valeurs, celui du caractère devenu prioritairement marchand et fonctionnel de l’école et non plus celui uniquement d’éclairer l’Homme et de le guider vers les chemins de la connaissance, du savoir-faire et bien évidemment de la philosophie. Alors essayons d’étudier le rapport intime qu’entretiennent aujourd’hui l’école et marché.
Le service public de l’éducation est en danger, et avec lui, la démocratie et la cohésion sociale. L’éducation serait-elle donc en train de perdre son essence même ? Peut-être, mais ce n’est pas une satire de notre société sur laquelle j’aimerais faire porter langues et regards, mais bien sur un renversement de valeurs, celui du caractère devenu prioritairement marchand et fonctionnel de l’école et non plus celui uniquement d’éclairer l’Homme et de le guider vers les chemins de la connaissance, du savoir-faire et bien évidemment de la philosophie. Alors essayons d’étudier le rapport intime qu’entretiennent aujourd’hui l’école et marché.
Les preuves attestant de l’inefficacité de
l’application d’une logique de marché au sein des services éducatif ne manquent
pas. L’OCDE démontre que de cette logique mercantile découle une diminution de
la moyenne des résultats scolaires, un affaiblissement de la capacité
d’apprentissage et une augmentation des inégalités. Malgré ces évidences, le
démantèlement de ce service public fondamental va de bon train, et ce avec la
complicité de la plupart des gouvernements.
La marchandisation de l’éducation est un phénomène en
extension et prend de multiples formes
« La marchandisation se définit comme
la transformation de l’éducation en un produit marchand source de profit. Elle
est un processus insidieux aux formes multiples qui touche à la fois les
secteurs de l’éducation formelle et non formelle. Il se traduit par le
développement d’entreprises commerciales pour le soutien scolaire, des coachings d’orientation scolaire, la
production de soi-disant « kits » prêts à penser contre la dyslexie, la
dysorthographie ou encore le développement de logiciels numériques dits « éducatifs »… ».
Cette
tendance s’étend au monde entier, et la crise dans laquelle l’économie des
États européens et nord-américains, entre autres, est plongée depuis 2008 ne
fait qu’encourager ce grignotage par le privé d’un secteur public dépecé par
des années d’austérité.
« Il existe un vaste éventail de
pressions (du privé) sur l’éducation, qu’elles viennent d’entreprises privées,
notamment dans le secteur de la recherche universitaire, des fondations, qui ne
subventionnent que ce qui leur rapporte ou répond à leurs attentes ».
D’importantes
conséquences
-
L’augmentation des inégalités à travers le
manque d’accès à une scolarité de base, les frais d’inscription devenant le
principal obstacle à la scolarisation des enfants ;
-
La « standardisation des pratiques et des
méthodes pédagogiques » [6]. à travers le développement des écoles
« low cost »
dont le principal objectif est de faire des économies d’échelle en
rationalisant l’offre au maximum ;
-
La place de plus en plus grande
accordée aux partenariats avec le privé pour le financement de l’éducation, les
entreprises du numérique acquérant une emprise croissante sur ce secteur, y
compris en ce qui concerne les contenus pédagogiques et les méthodes
d’enseignement.
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