Qu’est-ce que l’éthique aujourd’hui ?
Doit-on
donc considérer que l’éthique vise pour sa part, le savoir de ce qui est bon,
ou faut-il aller plus loin et considérer qu’elle détermine le bon dans la
recherche de ce qui doit être?
Dans la philosophie grecque,
l’éthique est une partie de la philosophie: à côté de la physique (qui traite
de la nature), et de la logique (qui traite des règles de la pensée). Elle
concerne la conduite de la vie humaine orientée par la recherche du bien.
D’après
Diogène Laêrce (poète et biographe grec, IIIème
Siècle), Socrate serait l’un des premiers à s’être détourné de la physique pour
se concentrer sur l’éthique. Pour Platon l’éthique ne serait que la loi des
anciens relevant de coutumes non écrites.
”La
philosophie morale est notre” souligne Leonardo Bruni (Homme politique et
philosophe florentin du XIVème siècle), à
la différence de la nature, c’est la communauté des hommes qui établit les
règle de leur conduite, laquelle ne concerne pas tant la maîtrise de soi que la
participation aux affaires publiques.
A la renaissance L’éthique se
caractérise par une réflexion sur la nature morale de l’homme qui souligne sa
position centrale dans l’univers, et sur sa condition mondaine: ni bête, ni
ange, il peut aussi bien s’élever que s’abaisser. C’est cette indétermination
qui constitue sa dignité, son caractère exceptionnel. La possibilité de faire
tant le bien que le mal est le signe de la liberté humaine et de son
indépendance à l’égard du destin ou de la nécessité naturelle.
C’est
ainsi que la condition mortelle est l’occasion de donner un sens individuel à
sa propre existence et d’acquérir la gloire ou la renommée qui sont les formes
mondaines du salut. Et cette reconnaissance devient le critère du jugement
moral qui caratérise l’éthique comme essentiellement politique.
Kelsen
(juriste et philosophe autrichien,1881-1973) dit : ”on ne saurait nier qu’il
existe une science ayant pour objet la morale en tant que système de normes,
que cette science a pour nom ”éthique”, et que cette science, comme toute autre
science, s’adresse à notre savoir, tandis que son objet, la morale, s’adresse à
notre vouloir”
Cette
conception fait de l’éthique une science à la fois descriptive et normative.
L’éthique est alors la fondation intellectuelle d’un acte de la volonté dans le
calcul des conditions objectives de sa validité morale.
La
différence entre ”éthique de responsabilité” et ”éthique de conviction” est
décrite par Weber (économiste et sociologue allemand 1864-1920) ”l’éthique du pouvoir” convient à l’homme
politique dans la mesure où il doit prendre en compte les conséquences prévisibles
de ses actes. Elle s’oppose à l’éthique de conviction, contenue dans l’éthique
chrétienne ou dans celle du syndicaliste
militant convaincu de la justesse de ses fins et indifférent aux effets pervers
des moyens mis en œuvre pour les réaliser.
L’opposition
établie par Weber entre ”éthique de responsabilité et ”éthique de conviction”
s’inscrit dans le cadre d’une réflexion sur la tension qui existe entre, d’une
part la logique immanente à la sphère d’action politique, et, d’autre part, les
exigences ”acosmiques ”de l’éthique de fraternité des religions du salut.
Elle
a été banalisée dans le sens d’une reprise, en termes modernes, du thème
machiavélien de l’amoralisme politique, c’est à dire d’une attitude politique
opportuniste, parce qu’exclusivement guidée par la quête du pouvoir.
Par
ailleurs, Weber a vu dans la transformation de ”l’éthique protestante” l’esprit
du capitalisme. En effet, cette valeur calviniste
est centrée sur le travail, l'épargne, et la discipline. Les protestants, en
commençant par Martin
Luther, ont repensé le travail comme un devoir, menant à un
bénéfice commun pour l'individu et pour la société.
Aujourd’hui,
la science crée le réel plutôt qu’elle ne l’observe. Dans cette accélération,
reste-t-il une place pour une éthique sans cesse en retard sur l’évènement?
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